Canada, quand le français était une langue de résistance : épisode 4/4 du podcast La langue française, une histoire politique

Carte postale souvenir du 1er Congrès de la langue française en Amérique, 1912, Université Laval, siège du Congrès. Éditeur :  Cie J.A. Langlais et fils. Archives nationales du Québec.
Carte postale souvenir du 1er Congrès de la langue française en Amérique, 1912, Université Laval, siège du Congrès. Éditeur :  Cie J.A. Langlais et fils. Archives nationales du Québec.
Carte postale souvenir du 1er Congrès de la langue française en Amérique, 1912, Université Laval, siège du Congrès. Éditeur : Cie J.A. Langlais et fils. Archives nationales du Québec.
Carte postale souvenir du 1er Congrès de la langue française en Amérique, 1912, Université Laval, siège du Congrès. Éditeur : Cie J.A. Langlais et fils. Archives nationales du Québec.
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L'attachement des Canadiens francophones à leur langue ne peut se comprendre sans évoquer le long face-à-face historique qui oppose Anglais et Français. Pratiquer la langue française est pour les Québécois un acte de résistance, un enjeu identitaire.

Avec
  • Joseph Yvon Thériault professeur de sociologie à l’UQAM, Montréal, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en mondialisation citoyenneté et démocratie
  • Édouard Baraton Historien, attaché temporaire d’enseignement à l'université de Rouen Normandie

Canada, quand le français était une langue de résistance, d’ailleurs nous pouvons dire qu’elle l’est encore. Voici une histoire qui commence au XVIe siècle, à Saint-Malo : le 20 avril 1534, avec deux navires et environ 60 hommes, le navigateur Jacques Cartier se dirige vers l’Ouest. Au nom du roi François Ier, il pose un pied français au Canada et une langue aussi, une langue dont l’histoire est celle de la rivalité franco-anglaise, une langue de résistance face à l’hégémonie anglophone. Depuis, bien souvent au Québec, au moment de combattre pour leur langue, les francophones ne font pas de quartier !

Le traité de Paris de 1763 met définitivement fin à la Nouvelle-France et cède les provinces du Canada, de l’Acadie et de la Louisiane à la couronne britannique. Si le traité met un terme à plus de deux cents ans de présence française dans cette partie du continent, les Français d’Amérique ne quittent pas pour autant la région. Certains y sont nés, d’autres y ont émigré, d’autres encore sont des autochtones ou des esclaves auxquels il a été permis de devenir des sujets du royaume de France. La langue française n’a plus valeur de projet civilisationnel, mais elle continue de caractériser culturellement une partie importante de la population.

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La France de la Première République condamne l’abandon par la monarchie de ces provinces et s’efforce de porter secours à ces “Français perdus” de l’autre bout du monde. Si l’attachement de ces derniers à la culture et à la langue françaises ne tarit pas, la question de la nationalité et du statut de ceux que l’on nomme alors “Canadiens” est épineuse. Peu à peu, le pouvoir britannique encourage l’assimilation de ces populations, et la culture anglophone gagne du terrain. La langue française change de statut et devient, au fil du temps, un outil politique et un moyen de résistance pour les populations francophones qui estiment être traitées comme des citoyens de seconde zone. Comment la langue française, d’abord porteuse d’un projet de civilisation, est-elle devenue un symbole de résistance ? Comment expliquer que ces Français d’Amérique et leurs héritiers n’aient jamais renoncé à la langue et à la culture françaises ?

Avec Joseph Yvon Thériault, sociologue, professeur retraité de l'Université du Québec à Montréal (UQAM), il est spécialiste des  communautés minoritaires francophones du Canada. Il est notamment l’auteur de   Faire société : société civile et espaces francophones (Sudbury, 2007), et, avec Jean-François Laniel, de Retour sur les états généraux du Canada français. Continuités et ruptures du projet national (Presses de l’Université du Québec, 2016).

Et Édouard Baraton, docteur en histoire, spécialiste des espaces impériaux et post-impériaux et des relations franco-canadiennes. Il est notamment l’auteur de Les Français perdus. Essai historique sur la nationalité française en Amérique du Nord du XVIIIe siècle à aujourd’hui (Éditions Baudelaire, 2019).

Tout l'enjeu est de savoir que sont ces gens établis de l'autre côté du royaume par rapport au royaume de France. Dès 1627, l'autorité royale avait défini que tous les autochtones qui devenaient catholiques étaient sujet du roi, mais aussi "naturels français ", c'est-à-dire qu'ils pouvaient bénéficier de la loi française, de la coutume de Paris à titre personnel et ce sera aussi le cas des colons français qui allaient s'y installer ainsi que leurs descendants, à titre perpétuel. La question qui s'est posé en 1763, c'est que devient ce cadre juridique et le statut de ses habitants du point de vue français puisque la France ne règne plus sur l'Amérique du Nord qu'elle a perdu cette année-là. (...) Le Statut de ces Canadiens va être discuté jusqu'à la révolution française. Édouard Baraton

Sons diffusés :

  • Archive - 29/05/1974 - Les grandes batailles du passé - avec Jean-Charles Bonenfant.
  • Archives - 18/07/1967 - France Inter - Image des canadiens français - Le joual, un langage des canadiens français.
  • Lecture par Marion Malenfant d’un écrit de Tocqueville du 25/08/1931 au Bas-Canada.
  • Extrait de la série Au service de la France (saison 2, 2018) réalisé par Alexis Charrier.
  • Poème Speak White (1968) de et par Michèle Lalonde.

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