Deux cents ans après sa disparition, Napoléon divise toujours. Il fascine aussi. Pour preuve, les prix des documents écrits, dictés ou annotés par l'Empereur s'envolent en salle des ventes. Une passion archivistique que Napoléon, graphomane, n'aurait pas reniée !
- Pierre Branda Historien, directeur scientifique de la Fondation Napoléon
- Charles-Eloi Vial Archiviste-paléographe, conservateur au département des Manuscrits de la BNF
Où se trouvent les archives Napoléon ? Tout conservateur patenté vous conduira vers le fonds 400 AP des Archives nationales, AP pour Archives Privées. Du XVe au XXe siècle, ce fonds contient les archives de la famille Bonaparte, avec Napoléon, ses frères et sœurs, Joseph, Lucien, Élisa, Louis, Pauline, Jérôme… Elles sont consultables en ligne, sur le site des archives nationales : sublime travail de numérisation, où il est bon de se perdre, car c’est toujours un plaisir de se laisser happer par les archives. Xavier Mauduit
Entre 1799 et 1815, Napoléon a écrit plus de quarante mille lettres, décrets et autres textes. En seulement quinze ans, il nous a légué une masse considérable de documents, mais quel rapport entretenait-il avec les archives ? Pour l’empereur, posséder les archives revenait à contrôler la mémoire historique. C’est pourquoi, entre 1809 et 1810, il projette de réunir dans les Archives de l’Empire les fonds documentaires les plus importants des départements annexés et des pays satellites. En 1812, il envisage de créer un Palais des Archives, sur les bords de Seine, au Champ-de-Mars. Un tel bâtiment était destiné à doter les archives d’une certaine autorité et à les signifier au grand public.
D'ailleurs, quel devenir pour ces archives ? Au début de l’année 2021, bicentenaire de la mort de Napoléon, un manuscrit dicté et annoté par l’empereur a été mis en vente à un prix fixe d’un million d’euros. Ces documents se vendent donc à prix d’or. Comment expliquer cet engouement autour des archives napoléoniennes ?
Avec Charles-Éloi Vial, archiviste paléographe, docteur en histoire, il est conservateur au département des manuscrits à la Bibliothèque Nationale de France. Il est notamment l'auteur de Napoléon à Sainte-Hélène. L'encre de l'exil (Perrin, 2018), de 15 août 1811. L'apogée de l'Empire ? (Perrin, 2019), d' Histoire des cent-jours. mars-novembre 1815 (Perrin, 2021). Il dirige la "Bibliothèque des Illustres" (Perrin/BnF) pour laquelle il a écrit la biographie d’ouverture : Napoléon. La certitude et l’ambition (Perrin/BNF, 2020).
Et Pierre Branda, directeur du patrimoine de la Fondation Napoléon, il est l’auteur de nombreux travaux sur Napoléon, parmi lesquels La Guerre secrète de Napoléon. Île d’Elbe 1814-1815 (Perrin, 2014), La saga des Bonaparte (Perrin, 2018) et Napoléon à Sainte-Hélène (Perrin, 2021).
Napoléon a voulu intimement connaître le passé à travers les archives. Napoléon était quelqu'un qui était toujours en quête d'information donc évidemment les archives étaient pour lui une source précieuse d'inspiration et d'organisation puisqu'il recherche toujours à opérer des synthèses entre le passé et le présent. Les archives, témoins du passé, appuient sa réflexion et ses décisions. Pierre Branda
Pendant la campagne de Russie Napoléon, va perdre une partie de ses archives. Même en campagne, il gouvernait en restant en lien avec Paris grâce à un système d'estafette qui faisait des allers-retours entre la France et la Russie. Napoléon part donc avec une partie de ses archives. En 1912, il quitte Moscou, il a peur d'être pris par les cosaques, comme il faut alléger l'armée, il ordonne le 20 novembre de mettre le feu à ses archives. Il ne veut pas qu'elles tombent entre les mains de l'ennemi, il y a des choses compromettantes sur sa situation financière, sur l'état de ses armées, la correspondance diplomatique la plus récente avec tous les pays alliés. Pour les historiens actuels, cette période est donc très lacunaire du point de vue des archives. Charles-Éloi Vial
Sons diffusés :
- Archive - 1958 - RTF - Léon Zitrone présente les Archives nationales à l'Hôtel de Soubise.
- Archive - 06/11/1957 - La tribune de l'histoire - Le procès de Galilée.
- Archive - 1954 - Lecture par André Falcon d'un extrait du poème L'Expiation de Victor Hugo.
- Archive - 2019 - Cours du Collège de France - Cours de Bénédicte Savoy, historienne de l'art.
- Archive - 1969 - Les matinées de France culture - Jean Tulard parle de la mort de Napoléon.
- Archive - Olivier Martinaud le manuscrit de la bataille d'Austerlitz, mis en vente par la Galerie Raux.
- Musique - Michel Touret - En passant par Sainte-Hélène.
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