

Plus que prophétique, l'art de la divination, de l'Antiquité romaine à la Renaissance, apporte réconfort et apaisement face à l'inconnu. Il offre légitimation et approbation divines aux actes des hommes et aux pouvoirs en place. Un art politique qui parle plus de présent que d'avenir.
- Jean-Patrice Boudet
- Nicole Belayche Directrice d’études à l’Ehess.
Quelles différences et quels points communs pouvons-nous présager entre la préparation culinaire et la divination antique ? Dans les deux cas, il nous faut de bons ingrédients et surtout suivre la recette.Ainsi, nous voici devant un magnifique foie de mouton (l’agneau ou le veau feront l’affaire), une belle pièce, bien fraîche. L’haruspice est le spécialiste de l’art divinatoire dans l’Antiquité, celui qui lit dans les entrailles des animaux : la forme, le plus petit détail, la malformation, pour révéler l’avenir ou, le plus souvent, pour valider une décision déjà prise. Sinon, le poêler dans du beurre, l’arroser de vinaigre, du sel, du poivre, et le tour est joué. Croire ou non à la divination c’est une question de foi. Xavier Mauduit
Le vol des oiseaux, le sautillement des poulets ou les entrailles d’animaux peuvent-ils nous dire de quoi sera fait le futur ? Les Romains avaient recours à ces procédés avant de prendre de grandes décisions politiques ou de partir à la guerre. En effet, la divination faisait partie intégrante de la religion romaine et était inscrite à ce titre dans les lois de l’Empire.
Sous l’Antiquité tardive, la diffusion de la chrétienté change le regard porté sur ces procédés divinatoires. Progressivement, l’astrologie, l’hématomancie et les augures sont associés à la magie. Pourtant, à partir du XIIe siècle et jusqu’à la Renaissance, l’astrologie, strictement condamnée par l’Église, revient à la mode dans les cours européennes, notamment grâce à la traduction de traités antiques importés de l’Empire romain d’Orient.
Le Cours de l’histoire voyage dans le temps, de la fondation de Rome par Romulus en 753 avant Jésus-Christ à la découverte de l’héliocentrisme par Copernic au XVIe siècle, et se demande comment les sociétés passées se représentaient leur futur et par quels moyens elles tentaient d’apprivoiser l’inconnu.
Avec Nicole Belayche, directrice d'études à la section des sciences religieuses de l'École Pratique des Hautes Études à Paris. Spécialiste des religions de Rome et du monde romain, elle est l’autrice avec Sylvia Estienne de Religion et pouvoir dans le monde romain, L’autel et la toge. De la deuxième guerre punique à la fin des Sévères (Presses universitaires de Rennes, 2020).
Avec nous aussi, Jean-Patrice Boudet, professeur d'histoire médiévale à l'université d'Orléans. Il est notamment l’auteur de Astrologie et politique entre Moyen Âge et Renaissance (Edizioni Del Galluzzo, 2020).
Pour les Romains et en particulier dans le système religieux public romain, dans la religion d'État, la divination est surtout un moyen de s'assurer de la qualité du présent. C'est-à-dire qu'avant toute action publique, que ce soit une rencontre politique, une campagne militaire, la construction d'un temple, on va demander aux dieux s'ils donnent leur assentiment à l'action qui va être faite. Nicole Belayche
À l'époque médiévale, dans le cadre du christianisme, la divination est normalement interdite : c'est une usurpation de l'honneur divin et de la majesté divine. Il y a bien des méthodes divinatoires comme l'astrologie mais elles ne doivent pas s'avouer comme étant divinatoires, elles doivent s'avouer comme de la prédiction naturelle pour être acceptables. Saint Augustin notamment a rejeté la divination comme une superstition typique des croyances et des religions de l'Antiquité que le christianisme rejette. Les astrologues, les devins existent bien mais ils ne doivent pas trop s'avouer comme tels. Jean-Patrice Boudet
Sons diffusés :
- Lecture par Olivier Martinaud d'un extrait du _De legibus_de ciceron.
- Lecture par Olivier Martinaud d'un extrait du Tetrabiblos de Ptolémée.
- Extrait du film Romulus et Remus réalisé par Matteo Rovere, OCS, 2018.
- Archive - 17/09/1984 -France Culture - Extrait de l'émission_Les lundis de l'histoire_- Dialogue entre Pierre de Castille et son astrologue juif.
- Archive - 07/11/1997 - TF1 - Maurice Druon parle de l'astrologie, de la divination et de la providence
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