Femmes préhistoriques, le silex fort ! : épisode • 3/4 du podcast Des nouvelles de la préhistoire

Illustration : Ultramarine foto
Illustration : Ultramarine foto ©Getty
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Longtemps, les femmes préhistoriques étaient représentées telles les femmes au foyer de notre époque contemporaine, vaquant à leurs occupations domestiques tandis que l’homme chassait. Les rôles étaient-ils aussi genrés ? Quelle place avaient les femmes dans les sociétés préhistoriques ?

Avec
  • Claudine Cohen Philosophe et historienne des sciences, directeur d'études à l'EHESS
  • Anne Augereau Protohistorienne, archéologue à l’INRAP. Elle enseigne dans les universités de Paris 1, Paris Nanterre, de Bourgogne, à l’École du Louvre et à l’EHESS.

Les femmes seraient-elles le silex fort de la préhistoire ? En 1885, le docteur Henri Thulié, fait paraître un essai de sociologie physiologique : "La femme : ce qu'elle a été, ce qu'elle est, les théories, ce qu'elle doit être". Il consacre une partie de son ouvrage à la Préhistoire : "C'est donc à l'aide des analogies entre les armes, les outils, la manière de s'alimenter, les sépultures, les ossements, etc., des hommes primitifs et ceux des sauvages actuels que l'on peut reconstituer les mœurs de l'homme préhistorique et déterminer le rang qu'occupait la femme dans les sociétés des premiers âges". Ainsi, pour l’auteur, c’est à travers l’homme que l’on connaît la femme. Qu’en conclure ? "L'homme fossile donc n'avait pas de femme, mais des esclaves femelles, qui, en même temps qu'elles faisaient au hasard des hommes pour la tribu, servaient le mâle dans ses plus durs travaux, et étaient chargées du labeur le plus pénible". Henri Thulié est l’un des rares, au XIXe siècle, à réfléchir à la place des femmes dans les sociétés préhistoriques ? Il a un jugement très sévère : "Ce sont les analogies les plus serrées qui conduisent à conclure que la femme préhistorique n'était qu'une bête de somme". Depuis, les recherches sur l’histoire du genre ont considérablement avancé : dès lors, comment considérer les considérations du docteur Thulié ? Xavier Mauduit

Quelques éclats de pierre, un petit nombre de fossiles, des tombes plus ou moins remplies d’objets… Les traces des hommes et des femmes préhistoriques sont peu nombreuses - surtout concernant la période paléolithique, la plus ancienne, celle qui précède le développement de l’agriculture et la sédentarisation. La discipline préhistorique demande ainsi une grande capacité de reconstitution et d’imagination ; pour le meilleur et pour le pire...

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Car comment, par ces minces indices, déduit-on les activités menées par les hommes, et celles menées par les femmes ? Étaient-ils d’ailleurs si différents en ces temps reculés de l’humanité ? Les représentations contemporaines de nos lointaines ancêtres sont-elles justes, qu’elles figurent des femmes sédentaires attachées au foyer ou de puissantes guerrières égales aux hommes ? Petit tour d’horizon de l’état actuel des recherches sur ces grandes inconnues, nos grands-mères.

Des éléments permettent d'émettre l'hypothèse que la femme était subordonnée aux hommes au néolithique. Par exemple pour la fin du rubané, on a trouvé des charniers avec des personnes mortes de mort violente parmi lesquelles nous ne trouvons pratiquement pas de femmes en âge de procréer. On peut donc penser que ces charniers sont des résultats de rapt visant à se procurer des femmes en âge de procréer. Anne Augereau

Avec Anne Augereau, protohistorienne, archéologue à l’INRAP. Elle enseigne dans les universités de Paris 1, Paris Nanterre, de Bourgogne, à l’École du Louvre et à l’EHESS. Elle est autrice de nombreuses publications dont, L’industrie du silex du Ve au IVe millénaire dans le sud-est du Bassin parisien. Rubané, Villeneuve-Saint-Germain, Cerny et groupe de Noyen (Documents d’archéologie française 97, 2004), Femmes néolithiques. Le genre dans les premières sociétés agricoles (CNRS éditions, 2021).  

Avec aussi Claudine Cohen, philosophe, historienne des sciences, directrice d'études à l'EHESS et à l'Ecole Pratique des Hautes Etudes, section des Sciences de la Vie et de la Terre, Laboratoire Biogéosciences. Elle est membre du Centre de recherches sur les arts et le langage (CRAL). Elle est notamment l'autrice de La femme des origines, images de la femme dans la préhistoire occidentale (Belin/ Herscher, 2003, dernière réed., 2020), Femmes de la préhistoire, Belin 2016, réedition Tallandier, 2019), Nos ancêtres dans les arbres. Penser l'évolution humaine, Paris, Seuil 2021. 

Sons diffusés :

  • Extrait du film RRRrrrr !!! (2004) réalisé par Alain Chabat. 
  • Lecture par Marion Malenfant d’un extrait de Lucy, La Femme verticale, Andrée Chedid, Flammarion, 2008. 
  • Archive - 1972 - Aujourd’hui Madame - Henri Hugot, professeur au Muséum d'Histoire naturelle parle de La Vénus de Willendorf.

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