Impressionnisme et Art nouveau, fleurs sur la ville ! : épisode 4/4 du podcast Histoire du monde végétal

Chrysanthemums, tableau d'Auguste Renoir, 1881-1882
Chrysanthemums, tableau d'Auguste Renoir, 1881-1882 ©Getty - Sepia Times / Universal Images Group
Chrysanthemums, tableau d'Auguste Renoir, 1881-1882 ©Getty - Sepia Times / Universal Images Group
Chrysanthemums, tableau d'Auguste Renoir, 1881-1882 ©Getty - Sepia Times / Universal Images Group
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Des tableaux floraux impressionnistes aux courbes architecturales de l’Art nouveau, le monde végétal inspire l’art de la Belle Époque. Comment une fascination renouvelée pour la "nature" modèle-t-elle les villes et les intérieurs au tournant du XIXe et XXe siècle ?

Avec
  • Marine Kisiel Conservatrice au musée d'Orsay
  • Valérie Hannin Directrice de la rédaction du magazine L'Histoire

Attention, fleurs sur la ville ! Le 25 avril 1874, Louis Leroy, chroniqueur au Charivari, livre son compte-rendu de l’exposition qu'il vient de visiter, celle de la toute jeune Société anonyme coopérative d’artistes. Elle est installée dans l’ancien atelier du photographe Nadar, au 35, boulevard des Capucines à Paris. Face à un tableau de Monet qui représente le port du Havre, il réagit : "Le papier peint à l’état embryonnaire est encore plus fait que cette marine-là". Ce tableau est aujourd’hui connu sous le nom Impression, soleil levant.

À l'ombre des décors en fleur

Au tournant du XIXe-XXe siècle, le promeneur parisien pouvait, dans une même balade, passer devant les réalisations aux courbes organiques de l’architecte Hector Guimard, traverser un "jardin d’agrément" alors en vogue dans la capitale, puis se délasser dans un intérieur au papier peint floral face à un tableau impressionniste représentant le littoral normand balayé par les vents. Des œuvres impressionnistes aux productions de l’Art nouveau, l’art de la Belle Époque semble en effet obnubilé par le monde végétal, qui colonise les façades, les murs, les affiches, les tissus ou les objets du quotidien.

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"La décoration, pour les impressionnistes, c’est l'ambition de peindre des tableaux pour des intérieurs, à la dimension de ces intérieurs, en s'embarrassant d'un commanditaire et d'un espace très particulier à orner. Avec l'idée que cette peinture va vraiment s'intégrer comme une fenêtre sur un monde rêvé, qui se lie beaucoup de la nature", observe l'historienne de l'art Marine Kisiel.

Sans oser le demander
58 min

"En ce qui concerne l'architecture et les arts décoratifs, il y a un moment où l'on considère qu’ils sont en panne d'inspiration. L'un des moyens de mettre en place un style moderne et de renouveler la production décorative est de porter un nouveau regard sur la nature en, notamment, la stylisant", explique l'historien de l'art Jérémie Cerman.

Cette inspiration puisée au cœur de la nature interroge d’autant plus que la métropole de la fin du XIXe siècle est une ville industrielle en perpétuelle croissance, réputée bruyante et noire de suie.

Comment l’évolution de la perception de la ville a-t-elle influé sur les productions des artistes ? Pourquoi vont-ils trouver dans les formes naturelles une source d’inspiration pour forger un nouvel art de la modernité ? Et comment cette recherche esthétique est-elle précisément permise… par le développement du train ou de l’économie du charbon, du fer et du béton ?

À écouter aussi : L'Art nouveau et au-delà

Nos invité·e·s

Marine Kisiel est docteure en histoire de l’art et conservatrice du patrimoine, elle est conseillère scientifique à l'Institut national d'histoire de l'art (INHA), rattachée au laboratoire InVisu. Elle est notamment l'autrice de :

Jérémie Cerman est maître de conférences en histoire de l'art contemporain à Sorbonne Université et chercheur rattaché au centre André Chastel (CNRS). Il a notamment publié :

En fin d'émission

En fin d’émission, Valérie Hannin, directrice du magazine L’Histoire, présente le dossier d'avril intitulé "Rome. Naissance d'une cité géante".

Sons diffusés dans l'émission

  • Archive de Sacha Guitry interrogé sur les peintres impressionnistes le 27 mai 1944
  • Archive sur la maison Fournaise présentée dans l'émission Chef d'oeuvre en péril sur Antenne 2 le 21 mai 1985
  • Lecture par Olivier Martinaud de l'Avant-propos des statuts de l'École de Nancy publié en 1901
  • Archive de l'historien Roger-Henri Guerrand à propos de l'architecte Hector Guimard et la disparition de stations de métro dans Les Après-midi de France Culture le 26 janvier 1977

L'équipe