Indira Gandhi, la démocratie en marche ? : épisode • 3/4 du podcast Des Indes à l’Inde : les avatars du nationalisme

 Indira Gandhi, en 1963
 Indira Gandhi, en 1963 ©Getty - Leonard Mccombe / The LIFE Picture Collection
Indira Gandhi, en 1963 ©Getty - Leonard Mccombe / The LIFE Picture Collection
Indira Gandhi, en 1963 ©Getty - Leonard Mccombe / The LIFE Picture Collection
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Qui était Indira Gandhi ? L’Inde est-elle allée vers plus de démocratie sous son gouvernement ? Le Cours de l'histoire se penche sur cette femme devenue quatre fois Premier ministre de l’Inde, qui a combattu les sikhs du Temple d’Or, à Amritsar et a tenu tête aux présidents américains...

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Il est des noms de personnes dont la seule évocation mobilise tout un imaginaire, un pays, une civilisation, un combat politique. C'est le cas avec Gandhi. Nous sommes aussitôt projetés en Inde et nous voyons la silhouette d'un homme frêle, vêtu d'un simple pagne, un visage souriant avec ses lunettes rondes et son bâton de pèlerin qui marche vers l'indépendance. 

Le nom de Gandhi évoque aussi une dynastie, celle des Gandhi, avec une autre figure à la fois sublime et intrigante, celle d'une femme, Indira Gandhi. Elle est la fille unique de Nehru, compagnon militant du Mahatma Gandhi. Elle aussi a combattu pour l'indépendance de l'Inde avant d’être à la tête de cet immense pays. Elle est la petite fille, la fille, la mère, la grand-mère, d'autres figures politiques de l'Inde. 

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Pourtant, il faut le rappeler, il n'y a pas de lien de famille entre le Mahatma Gandhi et Indira Gandhi. Cette homonymie est née d'un mariage quand Indira Nehru épouse Monsieur Gandhi, Feroze Gandhi, sans lien avec le héros de l’indépendance. 

Pas de liens de sang entre Indira et le Mahatma. Pas de liens familiaux entre ces deux figures, l'une et l'autre aussi frêles, mais au tempérament aussi fort. Aujourd'hui, nous partons en Inde à la rencontre d'Indira Gandhi, avec pour guide – ô quelle guide – Catherine Clément.  

Xavier Mauduit s'entretient ce matin avec Catherine Clément, philosophe, journaliste et romancière. Aujourd’hui traduite en 28 langues, elle a publié une soixantaine de livres, romans et essais, dont certains, furent des best-sellers internationaux. Elle s’est intéressée aux religions et aux mythes sur lesquels elle a posé un regard d’ethnologue, hérité de l’un de ses maîtres : Claude Lévi-Strauss. Catherine Clément a séjourné quatre années en Inde, de 1987 à 1991. Elle est aujourd'hui par ailleurs membre du Forum franco-indien qui s’efforce de « changer l’image de marque de l’Inde en France ». À l'époque, quand elle part pour l'Inde, elle a déjà publié cinq romans et huit essais. L'Inde lui inspire plusieurs ouvrages : Pour l'amour de l'Inde (Flammarion, 1993), Le Voyage de Théo (Seuil, 1998), Promenade avec les dieux de l'Inde (Panama, 2005), La princesse mendiante (Panama, 2007), La Reine des cipayes (Seuil, 2012), Les ravissements du grand Moghol (Seuil, 2016) et Indu Boy (Seuil, 2018).

Indira Gandhi se définit comme transgenre au début de sa vie et elle est toujours plus ou moins restée transgenre. Transgenre en Inde, c'est beaucoup plus présent que chez nous. Par exemple, lorsqu'on prend son visa pour l'Inde, il y a les catégories "homme", "femme" et une case "transgenre", que nous n'avons pas chez nous. C'est elle qui voulait être un garçon, c'est pour ça qu'elle faisait se faisait appeler Indu Boy, c'est pour ça qu'elle s'est coupée les cheveux, qu'elle avait pris la tête de l'armée des singes. Et donc, elle avait une vocation masculine qu'elle n'a jamais renié. Catherine Clément

Ce sont les Anglais qui ont fait l'éducation des intouchables. Ce n'est pas le gouvernement indien. C'est pour ça qu'elle se sent un peu gênée aux entournures notre Indira, c'est parce que les Anglais ont fait beaucoup de choses pour l'alphabétisation des intouchables. La preuve, c'est que eux, les Anglais, ont formé cet homme admirable qui a été président de l'Inde et qui était intouchable. C'était un de mes chers amis et il me racontait qu'il avait été formé par les Anglais, par nous et qu'il faisait 7 km à pied pieds nus pour aller à l'école, mais que grâce aux Anglais, il est sorti la tête haute et il avait pu devenir président de l'Inde. Catherine Clément

Les Indiens sont pour l'instant 1 milliard 300 millions, dont 150 millions de musulmans qu'il ne faut pas oublier, car ce sont ceux là qui sont martyrisés en ce moment par le gouvernement actuel, que je considère comme un gouvernement fasciste. Il ne faut pas raconter d'histoires.  Ce sont quand même des milices paramilitaires, qui, il y a trois semaines à Delhi, ont coincé la tête d'un musulman sur le bitume et l'ont obligé à chanter l'hymne national jusqu'à la mort. Si vous croyez que c'est ce n'est pas le fascisme, qu'est ce que c'est ? Je range ma colère. Mais je voulais quand même rappeler ça. Catherine Clément

Sons diffusés : 

Archives : 

  • Extrait du Journal Télévisé, diffusé sur Antenne 2, le 31/10/1984
  • Indira Gandhi dans Les femmes aussi, réalisé par Gérard Chouchan et Jean-Claude Bringuier, ORTF, 26/02/1967

Musique : Vo Kuch par Kiran Ahluwalia 

Lecture par Camille André : Extraits d'Indu Boy de Catherine Clément, paru aux éditions du Seuil, en 2018

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