

La Révolution est un torrent qui a tout balayé sur son passage et fait triompher les idées de liberté et d'égalité. Or elle a suscité des résistances : à la Révolution s'est opposée, dès 1789, la Contre-révolution. Qui étaient les contre-révolutionnaires ? Que défendaient-ils ?
Younn Locard (Auteur de bande-dessinée), Jean-Clément Martin (historien, professeur émérite de l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), Florent Grouazel (Auteur de bande-dessinée).
L’incroyable Sacha Guitry, dramaturge, réalisateur, acteur, homme d’esprit, avait une formule amusante pour parler des femmes. Il disait : « Je suis contre les femmes, tout contre ! » Sacha Guitry a parfois été taxé de misogyne. Il en jouait d’ailleurs alors que, dans le même temps, il magnifiait les femmes. La misogynie supposée de Guitry était plus complexe qu’il n’y paraît, lui qui était contre les femmes, tout contre. Être contre quelqu’un ou contre quelque chose nécessite de se construire en prenant en compte ce à quoi l’on s’oppose. Ce n’est donc pas une construction à l’opposée, en parallèle : c’est un mouvement complexe où ce que l’on rejette fait partie de ce que nous sommes. La chose est d’autant intéressante quand l’ennemi est, lui- même, en mouvement. C’est le cas pour les adversaires de la Révolution : puisqu’elle est protéiforme, l’opposition l’est tout autant. La révolution, je suis contre, tout contre !
Dans la première partie de l'émission nous recevrons Jean-Clément Martin, professeur émérite à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et ancien directeur de l’Institut d’Histoire de la Révolution française (IHRF), qui a notamment publié : La terreur : vérités et légendes, Perrin, Paris, 2017 et La Vendée de la mémoire : 1800 – 2018, Perrin, Paris, 2019
Le processus de la Révolution fonctionne à la condamnation de la Contre-Révolution. Ne pas parler de l’opposition Révolution/Contre-Révolution, c’est ne pas comprendre la montée vers la violence. Si l’on oublie la Contre-Révolution, on ne voit dans les révolutionnaires que des fous qui guillotinent. Ce n’est pas vrai. En face d’eux il y a des gens qui sont dangereux, qui sont nombreux. En face d’eux il y a toujours des menaces considérables. [...]. On arrête la Révolution en 1794 [...] mais en 1795-1797, aux élections, les majorités sont favorables aux royalistes. Il faut des coups d’Etat pour que la République s’instaure à nouveau. Jean Clément Martin
La Terreur va être appelée, un mois après la mort de Robespierre, pour qualifier tout ce qui s’est passé. Devant quelque chose qui devient incompréhensible, le mot terreur va permettre précisément de dire: il y a eu des excès révolutionnaires [...] Ca va arranger tout le monde de dire que cette violence était telle, qu’on ne pouvait pas la comprendre et la combattre. [...] Avec cette aura donnée autour de la Terreur, on va alimenter le rejet de la Révolution et ça permet effectivement à la Contre-Révolution de s’affirmer d’avantage et de trouver les éléments qui jusqu’à aujourd’hui lui donne une unité. Jean Clément Martin
Nous poursuivrons cette discussion autour de la "Contre-Révolution" dans la seconde partie de notre émission en compagnie de Younn Locard et Florent Grouazel, auteurs et dessinateurs de la bande-dessinée Révolution ! Tome 1 Liberté, paru aux éditions de L'An 2 / Actes Sud.
La révolution [racontée via l’histoire des grands personnages] a déjà été beaucoup faite. ll est difficile de parler de personnages qui ont vraiment existé et d’en faire des personnages de fiction, de romans, de BD sans les trahir ou sans avoir peur de les trahir. On a aussi la conviction que ce ne sont pas les grands hommes qui font avancer l’histoire ; c’est quelque chose de beaucoup plus compliqué, de global, de général. Younn Locard & Florent Grouazel
Sons diffusés :
Archives :
- Extrait du Journal Télévisé du Soir, France 3 Bretagne Pays de la Loire, 20 janvier 2008
- Extrait de l'émission Les grandes batailles du passé, mercredi 6 novembre 1974
Lecture par Jean Vilar : extrait de Les Chouans d’Honoré de Balzac, 1829
Musiques :
- Liberté par Philippe Katerine
- Liberté par Barbara
Lecture par Hélène Lausseur : extrait du roman Quatrevingt-treize de Victor Hugo, 1874
Générique de l'émission : Origami de Rone
En savoir plus : L'Histoire par la bande
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