Le cinéma au service de la Chine : épisode 1/3 du podcast Chine-Occident, comment l’affaire a mal tourné ?

Chen Yanyan, Lianhua huabao, en 1936 et 1937
Chen Yanyan, Lianhua huabao, en 1936 et 1937 - Le blog « Ombres électriques » d'Anne Kerlan
Chen Yanyan, Lianhua huabao, en 1936 et 1937 - Le blog « Ombres électriques » d'Anne Kerlan
Chen Yanyan, Lianhua huabao, en 1936 et 1937 - Le blog « Ombres électriques » d'Anne Kerlan
Publicité

Dès le début du XXe siècle, le cinéma s’impose comme un outil diplomatique, culturel et politique incontournable en Chine. Jusqu’à aujourd’hui, il est non seulement un outil de politique intérieure mais aussi un élément important de la relation entre la Chine et les puissances occidentales.

Avec
  • Nashidil Rouiaï docteure en géographie, spécialiste de géographie culturelle et de géopolitique
  • Anne Kerlan Historienne de la Chine et du cinéma chinois

C’est à chaque fois la même émotion quand la salle est plongée dans le noir. Un faisceau de lumière, dans lequel dansent quelques grains de poussière, passe au-dessus des têtes des spectateurs. Aussitôt, la magie opère. Nous sommes projetés face à un tigre et un dragon ou nous partons à la recherche du secret des poignards volants. Soudain surgissent épouses et concubines. Elles sont sublimes mais, hélas, il faut se séparer très vite : adieu ma concubine ! 

Les cinéastes chinois nous offrent une formidable lecture du monde. D’ailleurs Bruce Lee, car il y a des arts martiaux et de l’art tout court dans le cinéma chinois. Il y a de la politique aussi, voire de la diplomatie. La séance vient de commencer et elle n’est pas prête de se terminer dans Le Cours de l’histoire : Il était une fois en Chine, le cinéma !

Publicité

Nous recevons aujourd'hui Anne Kerlan, historienne spécialiste de la Chine, directrice de recherche CNRS, elle est notamment l’auteure de Hollywood à Shanghai. L’épopée des studios de la Lianhua,1930-1948, paru aux PUR en 2015.

Il faut insister sur le fait qu’en Chine, la question politique est très liée à la question culturelle. C'est par le culturel que les entrepreneurs qui fondent le studio pensent pouvoir jouer un rôle politique. Et ça n'est pas du tout nouveau en Chine. Il y a vraiment quelque chose d’ancien qui lie le culturel au politique. Les personnes qu'on appelait autrefois les mandarins et qui agissaient auprès de l'empereur, les fonctionnaires de l'Empire, étaient des personnes qui étaient à leur poste par un système d'examen fondé sur la culture. Et donc, il y a toujours eu ce lien extrêmement fort entre le culturel et le politique, et cette idée qu’une entreprise culturelle a également et de façon je dirais, tout à fait légitime, un rôle politique à jouer. Anne Kerlan

Pour afficher ce contenu Youtube, vous devez accepter les cookies Publicité.

Ces cookies permettent à nos partenaires de vous proposer des publicités et des contenus personnalisés en fonction de votre navigation, de votre profil et de vos centres d'intérêt.

Extrait de "La Rose de Pushui", de Xixiang ji 西廂記, 1927, Hou Yao - Compléments de l'ouvrage "Hollywood à Shanghai"

Nous recevons également Nashidil Rouiaï, chercheuse associée à l'espace ENEC (Espace Nature et Culture) et chercheuse au laboratoire GRAPPE, sa thèse s’intitule « Ciné-Géographie hongkongaise. Le Hong Kong cinématographique, outil du soft power chinois ».

Dans le cinéma hongkongais à partir des années 30 et jusque dans les années 60 - 70, on ressent une très forte nostalgie de la mère patrie, une très forte nostalgie de la Chine continentale. Et donc, les thèmes abordés dans les films hongkongais vont être des thèmes qui ont trait non pas à la culture Hongkongaise, mais vont être des thématiques qui ont trait à la culture chinoise, la culture de Chine continentale. Ce sont aussi des films qui sont créés pour la diaspora, pour ces Chinois qui ont fui ou qui sont partis, d’où l'importance de la mise en scène de la Chine. On va voir dans les films hongkongais beaucoup de mises en scène de grandes forêts de bambous, on va parler mandarin également, le cantonais va arriver très tardivement, donc en fait, les marqueurs de Chine continentale vont être extrêmement présents et cette nostalgie de la mère patrie va être extrêmement prégnante dans les films hongkongais. Nashidil Rouiaï

Sons diffusés : 

Musiques : 

  • Zhou Xuan, Des roses partout, 1936 
  • Shuang shuang yan de Deng Bai Ying

Lecture par Elodie Huber : Annonce de la fondation de la compagnie à responsabilité limitée d’édition cinématographique Lianhua, août 1930, Hollywood à Shanghai. L’épopée des studios de la Lianhua,1930-1948 d’Anne Kerlan, pp.28-27

Extraits de films : 

  • Une rivière coule vers l'Est, film chinois de 1947
  • OSS 117, Rio ne répond plus, de Michel Hazanavicius 
  • Bande annonce de La grande muraille, 2017

Archives : 

  • Les apprentis de la planète, Raymond Neuville, le 23/03/1950
  • Réactions de spectateurs à la sortie du cinéma, dans l'émission Connaître le cinéma / Cinéma et société : le cinéma chinois, le 02/05/1964 

L'équipe