Le Roi est mort, et la Reine aussi ! : épisode 7/4 du podcast La Révolution dans son siècle

Portrait de la reine Marie-Antoinette dit « à la rose », Élisabeth-Louise Vigée Lebrun, 1783, Château de Versailles
Portrait de la reine Marie-Antoinette dit « à la rose », Élisabeth-Louise Vigée Lebrun, 1783, Château de Versailles  - © Jean Feuillie / Centre des monuments nationaux
Portrait de la reine Marie-Antoinette dit « à la rose », Élisabeth-Louise Vigée Lebrun, 1783, Château de Versailles - © Jean Feuillie / Centre des monuments nationaux
Portrait de la reine Marie-Antoinette dit « à la rose », Élisabeth-Louise Vigée Lebrun, 1783, Château de Versailles - © Jean Feuillie / Centre des monuments nationaux
Publicité

Si l’image du roi guillotiné cristallise à elle seule les plus grandes heures de la Révolution, cela n’en est pas moins vrai de la mort de la reine. Entre déni et stratégies d’évitement, histoire d’une reine de France face à la mort d’un régime.

Avec

Le 16 octobre 1793, Marie Antoinette Lorraine d’Autriche, veuve de Louis Capet, est conduite sur l’échafaud. Au pied de la guillotine, elle marche sur le pied de Sanson, le bourreau, et elle s’excuse : « Monsieur, je vous demande pardon, je ne l'ai pas fait exprès ». C’est une femme de 38 ans qui est coupée en deux morceaux, après une pénible détention, coupée du monde, coupée des siens. Voilà une lecture possible d’un épisode dramatique de la révolution, centré sur un personnage. Elle contrebalance le mouvement massif du peuple qui se révolte et elle est utilisée par les contre-révolutionnaires qui jouent de l’émotion – légitime – pour dénigrer la révolution française, profonde refondation des institutions et des idées. Si l’image du roi guillotiné cristallise à elle seule les tensions de la révolution, la figure de la reine demeure essentielle. L’image de Marie-Antoinette reine de France, puis prisonnière au Temple, puis martyre ou icone de la culture populaire ne doit pas être écartée : elle aussi explique la révolution, sans idolâtrie ou prise de tête.

Dans la première partie de l'émission nous recevrons Antoine de Baecque, historien, spécialiste de la culture des Lumières et de la Révolution française. Il est le commissaire de l’exposition Marie-Antoinette, métamorphoses d’une image, qui se tiendra à la Conciergerie du 16 octobre 2019 au 26 janvier 2020

Publicité

Le corps des reines est une surface éminemment politique. Entre impératifs et représentations, retour sur une histoire du pouvoir féminin dans la seconde partie de notre émission avec Stanis Perez, professeur agrégé et docteur en histoire de l'EHESS, coordonnateur de recherche à la Maison des sciences de l'homme Paris-Nord, il est notamment l’auteur du Corps de la reine, paru chez Perrin en 2019.

Ce qui est particulièrement paradoxal chez Marie Antoinette, c’est que d’un côté elle a une vie de cour avec tout l’aspect baroque, rutilant, clinquant, artificiel etc. Donc on pourrait dire qu’une reine vit quelque part loin de son corps, loin de sa nature profonde, car elle est obligée d’être en représentation, c’est une actrice. Et en fait, en parallèle, on lui demande de compter exactement ses jours, en lui disant « attention là s’il y a un retard de trois jours il ne faut pas aller à la chasse etc. » Il y a une sorte de retour au réel et à quelque chose d’extrêmement basique. Car pour Marie Antoinette, être reine c’est ça aussi, être encore plus sous pression et sous observation que si c’était une paysanne. On comprend peut-être mieux ses escapades où elle joue à la bergère. Car elle était obligée de se justifier et de raconter des choses qu’aucune autre reine n’a jamais racontées à ma connaissance. Elle était prise entre deux feux. Stanis Perez

Sons diffusés : 

Archives : 

  • Michèle Morgan au château de Versailles, Cinépanorama 1959
  • André Castelot dans l'émission Aujourd'hui madame, ORTF, janvier 1973
  • L’historien Alain Boureau dans l'émission La suite dans les idées France Culture, mai 2000

Extraits de films : 

  • Marie Antoinette, de Sofia Coppola 2006 
  • L’Autrichienne de Pierre Granier-Deferre, 1989, avec Uta Lemper et Patrick Chesnais

Musiques :

  • Cérémony de New Order, Bande Originale du film de Sofia Coppola, 2006 
  • Bande Originale du film Les adieux à la reine, réalisé par Benoît Jacquot, 2012

Générique de l'émission : Origami de Rone

Rediffusion de l'émission du 16/10/2019, et première diffusion du Journal de l'histoire d'Anaïs Kien en fin d'émission, à réécouter ici :

Le Journal de l'histoire
5 min

L'équipe