"Prends ton château, on s’en va". Naissance du système féodo-vassalique : épisode 2/4 du podcast Les élites en temps de crise

Le roi Charlemagne et ses missi dominici
Le roi Charlemagne et ses missi dominici ©Getty - API / Gamma-Rapho
Le roi Charlemagne et ses missi dominici ©Getty - API / Gamma-Rapho
Le roi Charlemagne et ses missi dominici ©Getty - API / Gamma-Rapho
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La période carolingienne est marquée par l'émergence d'élites laïques et religieuses, intermédiaires entre le roi et Dieu. Comment exercent-elles leur domination politique, judiciaire, religieuse, économique ? Comment se démarquent-elles, se reconnaissent-elles ?

Avec

En l’an 800 – date est facile à retenir –, Charlemagne est sacré empereur par le pape, à Rome. En 814, quand l’empereur meurt, son empire se délite, divisé entre ses fils et plus encore entre ses petits-fils. 1149 ans plus tard, c’est un autre empire qui menace d’être divisé, celui du Mexicain qui vient tout juste de mourir. Dans Les Tontons flingueurs, le film de Georges Lautner en 1963, avec des dialogues écrits par Michel Audiard, l’empire du Mexicain va-t-il se déliter ? Les Volfoni font sécession, d’où cette phrase sublime de Maître Folace, le notaire du Mexicain, interprété par Francis Blanche : "On ne peut pas demander plus aux Volfoni qu'aux fils de Charlemagne".

La place des élites au haut Moyen Âge

Au IXe siècle en Occident, une crise politique profonde modifie le rôle dévolu aux élites qui, au haut Moyen Âge, occupent une place centrale dans la société : elles s’imposent comme les principaux médiateurs entre le pouvoir royal ou divin et le peuple. Qu’elles soient laïques ou ecclésiastiques, les élites médiévales déploient des stratégies de plus en plus sophistiquées pour se rapprocher du pouvoir et pour se distinguer du peuple, tout en assurant leur propre prestige.

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"Pour faire partie de l'élite, la reconnaissance d'autrui est fondamentale, souligne l'historienne Régine Le Jan. Reconnaissance par les pairs (...) mais, aussi, reconnaissance par ceux qui n'appartiennent pas à l'élite, que l'on peut appeler les dominés. Enfin, pour le pouvoir, il faut la reconnaissance par une autorité qui légitime la position".

Mise en avant d’ancêtres mythiques, accumulation de richesses, déploiement d’une culture érudite et rapprochements avec la sphère du sacré, les moyens d’entrer en compétition avec les autres membres de l’élite se multiplient et se complexifient au gré des crises.

Notre invitée

Régine Le Jan est professeure émérite d’histoire médiévale à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Elle est notamment l’autrice de :

La période de Charlemagne est considérée comme la période d'apogée des Carolingiens. C'est l'âge de la conquête ; l'empire s'est construit par la guerre. Il faut avoir ce phénomène à l'esprit : la guerre a soutenu l'entreprise carolingienne, tout comme l'Église. (Régine Le Jan)

La tripartition entre clercs, combattants et agriculteurs, ceux qui travaillent, est en fait une répartition entre dominant et dominé, C'est-à-dire entre les élites et les autres. (Régine Le Jan)

Pour faire partie de l'élite, la reconnaissance d'autrui est fondamentale. Reconnaissance par les pairs (...) mais, aussi, reconnaissance par ceux qui n'appartiennent pas à l'élite, que l'on peut appeler les dominés. Enfin, pour le pouvoir, il faut la reconnaissance par une autorité qui légitime la position. (Régine Le Jan)

Sons diffusés dans l'émission

  • Archive : Astérix présente Charlemagne et les Carolingiens, lecture par Henri Labussière
  • Lecture par Élodie Huber : Vie de Brunon, archevêque de Cologne de Ruotger de Cologne, vers 967/968
  • Lecture par Sapho : La Chanson de Roland
  • Extrait : Les Tontons flingueurs, film de Georges Lautner, 1963
  • Archive : l'empire de Charlemagne morcelé par le serment de Strasbourg - ORTF, 18 septembre 1966
  • Musique : "Est Mihi Nonum Horatius" par l'ensemble Cantilena Antiqua, sous la direction de Stefano Albarello, 2011

L'équipe