La pratique de la médecine est en pleine mutation au Moyen Âge. Désormais formés sur les bancs des universités, les praticiens se trouvent au plus près des princes et exercent un certain pouvoir. Émerge une nouvelle figure d'autorité : le médecin conseil... du prince !
- Marilyn Nicoud Professeure d'histoire médiévale à l'université d’Avignon
Les souverains ont leur médecin personnel, souvent plusieurs médecins d’ailleurs. Ils ont bien raison : à quoi sert de régner si le prince est en mauvaise santé ? La santé du souverain est une question politique : malade, il gouverne mal ; mort, ce sont parfois des tracas de successions.
Puisqu’ils ont le pouvoir et les moyens, les souverains ne se privent pas de médecins, en nombre, une vraie cohorte. Ces scientifiques ont l’oreille du prince, ils donnent des conseils pour se gouverner et pour gouverner, surtout en temps d’épidémie. Certains sont restés célèbres, tel Corvisart pour Napoléon Ier ou Claude Gubler, médecin de François Mitterrand. Il y a aussi Pierre Chirac, le médecin du roi Louis XV ; alors que le docteur La Bajon est celui de Jacques Chirac.
Le médecin et le prince forment un couple sensationnel, car pour le peuple et le souverain, quand la santé va, tout va !
"Ce qui apparaît à partir de la Renaissance, c’est la transmission dans le monde occidental latin d’une série de corpus textuels venus de l’Antiquité grecque et du monde arabo-islamique qui ont permis l’essor d’une discipline rationnelle, fondée sur la philosophie naturelle aristotélicienne et qui permet l’émergence d’une nouvelle médecine, une médecine savante", explique l'historienne Marilyn Nicoud. "Ce développement s’accompagne de transformations culturelles profondes avec l’émergence d’écoles et surtout d’universités qui deviennent les lieux d’enseignement de ces savoirs médicaux avec un cursus d’études et des diplômes."
"Le milieu médical milanais montre que des médecins sont régulièrement présents auprès des souverains et auprès des héritiers. On s'en soucie en période de maladie mais également en termes de prévention", précise Marilyn Nicoud. "Pour la médecine antique et médiévale, le maintien et la conservation de la santé sont des préoccupations médicales qui font l’objet d’un discours et de pratiques : on n’attend pas, parce qu’on sait à quel point les thérapies peuvent être dangereuses."
Pour en parler
Marilyn Nicoud est professeure d'histoire médiévale à l'Université d’Avignon et directrice du laboratoire CIHAM.
Elle a notamment publié :
- Écritures médicales. Discours et genre, de la tradition antique à l’époque moderne (co-dirigé avec Laurence Moulinier-Brogi, Éditions de Boccard, 2019)
- Le Prince et les médecins. Pensée et pratiques médicales à Milan (1402-1476) (École Française de Rome, 2014)
- Les Régimes de santé au Moyen Âge. Naissance et diffusion d’une écriture médicale en Italie et en France (XIIIe-XVe siècle) (2e volume, École Française de Rome, 2007)
- Chanson Le Roi boiteux par Georges Brassens
Sons diffusés dans l'émission
- Lecture par Olivier Martinaud d’un écrit de Gaspare Venturelli da Pesaro, médecin du duc de Milan, du 28 octobre 1458
- Extrait d’un épisode de Thierry la fronde, RTF, 1963
- Archive de Gaston Bachelard à propos de Paracelse, médecin suisse, dans l'émission Connaissance de l'homme le 20 juillet 1950
- Chanson Les Tomates par Jack Ary
Cette émission a été diffusée pour la première fois le 7 octobre 2020.
L'équipe
- Production
- Collaboration
- Collaboration
- Réalisation
- Collaboration
- Collaboration
- Collaboration
- Réalisation
- Production déléguée