

L'écrivaine Maylis de Kerangal a grandi au Havre, une ville où le passé a disparu sous les bombes de la Seconde Guerre mondiale. Son goût pour l'histoire se cristallise à la rencontre d'un professeur et se poursuit jusqu'aujourd'hui dans son travail d'écriture.
- Maylis de Kerangal Écrivaine
Fou d’histoire, pour donner la parole à ceux et celles qui ne sont pas historiens, pas historiennes, mais qui sont baignés d’histoire. De Canoës à Naissance d’un pont, d’une Tangente vers l’Est à Un monde à portée de main, l’œuvre de Maylis de Kerangal est riche de références au passé. Elle nous parle de son rapport à l’histoire dans sa vie et dans ses romans, car il faut souvent tourner la tête vers l’arrière pour regarder en avant : l’histoire est là aussi pour réparer les vivants !
À la recherche des traces de l'histoire
Une enfance au Havre, ville rasée par les bombardements de la Seconde Guerre mondiale ; des étés en Dordogne à la découverte des grottes préhistoriques ; une rencontre décisive avec un professeur d’histoire ; une maîtrise d’histoire plongée dans les cosmographies de la Renaissance ; une expérience d’éditrice de guides sur la Bretagne à la découverte des lieux où survivent les traces du passé. L’histoire n’a de cesse de croiser la route de Maylis de Kerangal, comme un leitmotiv, un point d’accroche pour mieux appréhender le monde.
Maylis de Kerangal raconte qu’au Havre "les traces d’histoire sont devenues d'autant plus intenses et désirables qu'elles étaient rares. Ce n’est pas du tout la même chose que de vivre dans une ville où le patrimoine historique est très manifeste, comme à Rouen. Ce sont des cathédrales, des rues à colombages... Il y a toute une partie de la ville médiévale qui est encore debout et qui est très belle. Au Havre, rien".
Écrire un roman : une façon d'agencer le temps
Pourquoi Maylis de Kerangal n’est-elle pas devenue historienne, elle qui s’entoure des écrits de Jean-Pierre Vernant, Arlette Farge ou Georges Duby ? Sûrement parce que le roman lui permet de mettre en relation des bouts de connaissance, tisser des liens entre les disciplines, et transmettre des morceaux d’histoire à sa façon. Capter les traces qui surgissent ou combler ce qui est insaisissable dans les sources.
Pour Maylis de Kerangal, "écrire un roman est une façon d'agencer le temps qu'on met à l'épreuve. C'est une manière de composer les temps entre eux." L'écrivaine ajoute que "ça ressort d'un certain rapport à sa propre temporalité, au présent bien sûr, mais aussi aux différents états du passé qui peuvent se retrouver dans un texte".
L'écrivaine Maylis de Kerangal est l'invitée de Fou d’histoire.
Bibliographie sélective de Maylis de Kerangal
- Canoës (Verticales, 2021)
- Ni fleurs ni couronnes suivi de Sous la cendre (réédition dans la collection Folio de Gallimard, 2021, première parution en 2006)
- Chrome (IMEC, 2020)
- Kiruna (La Contre Allée, 2019)
- Un monde à portée de main (Verticales, 2018)
- À ce stade de la nuit (Verticales, 2015)
- Réparer les vivants (Verticale, 2014) - Prix des étudiants France Culture-Télérama
- Tangente vers l’est (Verticales, 2012) - Prix Landernau
- Pierre feuille ciseaux (photographies de Benoît Grimbert, éditions Bec en l’air, 2012)
- Naissance d’un pont (Verticales, 2010) - Prix Médicis et Prix Franz Hessel
- Corniche Kennedy (Verticales, 2008)
- Je marche sous un ciel de traîne (Verticales, 2000)
Références citées dans l'émission
Sons diffusés :
- Archive de Robert Dubreuil, professeur d'histoire, dans un reportage du journal télévisé sur les manifestations lycéennes au lycée Jeanne d'Arc à Rouen sur France Régions 3 Rouen en 1988
- Archive sur l'entrée du paquebot Le France dans le port du Havre dans l'émission Temps Présents de l'ORTF en 1966
- Chanson Le France par Michel Sardou, 1976
- Archive d'Arlette Farge à propos de son ouvrage Le Goût de l'archive interrogée dans l'émission Mise au point sur France Culture le 18 octobre 1988
- Archive de la préservation de la grotte de Lascaux présentée au Journal télévisé de 20h en août 1971
- Archive de Jacques Marsal et Marcel Ravidat qui racontent la découverte de la grotte de Lascaux en septembre 1940 sur l'ORTF en 1948
- Chanson La Petite Hirondelle interprétée dans le film La Petite Voleuse de Claude Miller, 1988
- Chanson Wellerman par Nathan Evans, 2021
- Musique La nuit de la Saint-Barthélémy composée par Goran Bregovic pour la bande originale du film La Reine Margot de Patrice Chéreau, 1994
Ouvrages cités par Maylis de Kerangal :
- Contes et légendes du monde grec et barbare de Laura Orvieto (Pocket jeunesse, 1998)
- Le Goût de l'archive d'Arlette Farge (Seuil, 1997)
- Les Cloches de la terre d'Alain Corbin (Flammarion, 2013, première parution 1994)
- Lascaux ou La naissance de l’art de Georges Bataille (L'Atelier contemporain, 2021, première parution en 1955)
- Bataille à Lascaux. Comment l’art préhistorique apparut aux enfants de Daniel Fabre (L'Échoppe, 2014)
- Guillaume le Maréchal ou Le meilleur chevalier du monde de Georges Duby (Gallimard, 1986)
- Le Dimanche de Bouvines de Georges Duby (Gallimard, 1973)
- Tous ceux qui tombent. Visages du massacre de la Saint-Barthélemy de Jérémie Foa (La Découverte, 2021)
Générique de l'émission : Origami de Rone
Cette émission a été diffusée pour la première fois le 7 janvier 2022.
L'équipe
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