Pourquoi les paradis perdus nous fascinent-ils tant ? : épisode 1/4 du podcast Le goût des civilisations perdues

Sarcophage étrusque peint, trouvé à Caere.
Sarcophage étrusque peint, trouvé à Caere.  ©Getty - Culture Club
Sarcophage étrusque peint, trouvé à Caere. ©Getty - Culture Club
Sarcophage étrusque peint, trouvé à Caere. ©Getty - Culture Club
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Comment expliquer l’attrait que suscitent chez nous les civilisations perdues ? Nous essaierons de répondre à cette question en nous penchant sur le « mystère étrusque », sur une civilisation aux traits singuliers dont les origines et la langue fascinent depuis l’Antiquité.

Avec
  • Dominique Briquel étruscologue, professeur émérite à Sorbonne université et à l'école Pratique des Hautes Etudes
  • Marc Bouiron directeur scientifique et technique de l'Inrap

Ne serions-nous pas, sans cesse, à la recherche de nos paradis perdus, de nos origines, autrement dit de qui nous sommes ? Nos civilisations, elles aussi, recherchent leurs origines et parfois elles les fantasment, elles les construisent, elles les bidouillent.

Les Grecs, les Romains, eux, ne posent pas de problème : ils sont encore présents dans notre quotidien, dans notre langue, nos institutions, notre façon de voir le monde. Eux, ils n’ont pas disparus, mais il est d’autres civilisations qui ont été perdues et ensuite redécouvertes. C’est le cas des Étrusques, ce peuple de l’Antiquité installé en Italie du Nord, et même en Corse, bien avant les Romains. D’où viennent-ils ? Qui sont-ils ? La question de leurs origines se pose depuis l’Antiquité. Que disent-ils de ce que nous sommes aujourd’hui ? 

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Dans la première partie de l'émission, nous tenterons de percer ce "mystère étrusque" avec Dominique Briquel, étruscologue, professeur émérite à Sorbonne université et à l'école Pratique des Hautes Etudes, auteur de L'origine des Etrusques : un débat antique, aux éditions de l'Ecole française de Rome, 2019.

Les Etrusques sont un peuple sans doute un peu oublié dans l’histoire classique, mais qui a eu une énorme importance à une époque ancienne, disons dans la première moitié du premier millénaire avant notre ère. Par rapport à Rome, qui n’en était encore qu’à ses débuts, les cités étrusques étaient déjà des puissances et avaient une importance y compris sur le plan militaire. Même si on ne peut pas parler de conquêtes par les étrusques de Rome, n’oublions pas que de 616 à 509, Rome aurait eu à sa tête des rois étrusques. Dominique Briquel

Il y avait déjà tout un débat dans l’Antiquité sur l’origine - ou les origines - des Etrusques. Et il n’y avait pas une doctrine établie mais plusieurs thèses concurrentes. Alors cela peut nous surprendre, et il y a un fond de vérité, parce que nous nous posons aujourd’hui encore cette question de comment expliquer l’émergence d’une civilisation aussi importante. Mais la manière de poser le problème des Anciens était de savoir quelle était l’origine, l’origine au singulier, comme si un peuple pouvait se ramener à une seule origine. Il y avait plusieurs mêmes types de propositions. On peut opposer deux types de doctrines : pour les uns c’étaient des autochtones, des indigènes de l’Italie, une civilisation purement locale qui avait prospéré sur place ; pour les autres c’étaient des immigrés. La thèse la plus connue est due au père de l’histoire, Hérodote, et pour lui c’étaient des Lydiens, des colons venus d’Asie mineure à une époque de famine, et qui se sont installés en Etrurie. Mais les Grecs se les représentaient comme un peuple qui avait vécu en Grèce avant l’arrivée des Grecs puis étaient partis en Etrurie. Dominique Briquel

Dans la seconde partie de l'émission, Marc Bouiron, directeur scientifique et technique de l'Inrap, nous parle de la découverte du mois de mars à Aleria, en Corse, d'une nécropole étrusque et romaine vieille de 24 siècles, et remarquablement bien conservée. Cette découverte est la plus importante en Corse depuis près de 40 ans.

On observe des choses quand on fouille, il faut savoir que le processus de l’archéologue c’est de partir du plus récent pour remonter jusqu’au plus ancien. Mais ce n’est pas de l’ordre logique des choses, ce qui veut dire qu’après, en phase d’étude, on doit repartir du plus ancien et refaire toute la chaîne causale, c’est-à-dire jusqu’au plus récent et ça, ça prend du temps. Il faut qu’on analyse le moindre élément et les études qui sont en cours vont montrer la manière dont la nécropole s’est organisée depuis le départ. Il y a certainement d’autres tombes de la même période qui ne sont pas aussi prestigieuses, qui sont plus simples, antérieures à l’époque romaine, que l’étude va permettre de repositionner dans l’espace et dans le temps. Marc Bouiron

Sons diffusés : 

Archive : Actualités de 1961, ORTF

Musique : Paradise is under your nose de Pete Doherthy 

Lecture : Extrait de Rome, Naples et Florence de Stendhal, par Daniel Kenigsberg

Générique de l'émission : Origami de Rone

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