Épisode 3/4 : Quand la ville surgit

Ils chantent la ville, ils chantent leur quartier… Charles Trenet se souvient de Ménilmontant, de sa jeunesse, mais oui madame, c’est là qu’il a laissé son cœur, c’est là qu’il vient retrouver son âme, toute sa flamme, tout mon bonheur. Il en va de même pour Mouloudji ou Patachou avec la rue Saint-Vincent dans La Complainte de la Butte, écho au film French Cancan de Jean Renoir. Vous savez, en haut de la rue Saint-Vincent, un poète et une inconnue, s’aimèrent l’espace d’un instant, mais il ne l’a jamais revue… C’est drôlement triste. Quant à Aristide Bruant, il a lui aussi chanté la rue Saint-Vincent. Il faut dire qu’il a chanté tout Paris, le Paris populaire, de Belleville à Ménilmontant, de la Goutte d’Or à la Villette, et bien entendu la Bastille où on aime bien Nini Peau d'chien, elle est si bonne et si gentille.

Il en est ainsi pour Paris, mais aussi pour toutes les villes de France où les quartiers populaire offrent une identité forte qui traverse les âges : La Croix-Rousse, Fourvière, Le Panier, Castellane, quartier des Chartons… Des quartiers qu’il est agréable d’entendre chanter. 

Qui décide de faire ville ? C'est ce que nous tenterons de savoir en compagnie d'Alexandre Frondizi, post-doctorant à l’université de Neuchâtel dans le cadre d’un projet de recherche sur les républicanismes méridionaux (Europe et Amériques) au tournant des XVIIIe et XIXe siècle. Il a publié une thèse soutenue en novembre 2018 : Paris au-delà de Paris : Urbanisation et révolution dans l’outre-octroi populaire, 1789-1860.

La ville, elle se fait par le bas. Ce ne sont pas seulement les autorités qui décident du dessin de la ville, des rythmes de sa construction. Ce sont avant tout les habitants, et en grande partie ce sont des immigrés , qui décident, au XIXe siècle, de la construction de la ville. Paris est fait en grande partie par des citadins qui ne sont pas nés à Paris. Alexandre Frondizi

Dans Paris, il y a des espaces qui restent non urbanisés au XIXe siècle, il ne faut pas essayer de penser cette urbanisation comme un processus continu (…) j’essaie de déconstruire cette image de constructions précaires qui seraient le noyau d’une ville future. Alexandre Frondizi

Nous nous pencherons également sur la fabrication urbaine avec le cas de la ville de Tours au Moyen-Âge, en compagnie Hélène Noizet, maîtresse de conférences en histoire médiévale à l’université Paris I. Elle a publié un ouvrage tiré de sa thèse : La Fabrique de la ville. Espaces et sociétés à Tours (IXe- XIIIe siècles), Publications de la Sorbonne, 2007. 

Ce qui fait ville, c’est vraiment une interaction entre les pratiques des habitants, des pratiques sociales, des modes de vie, et la morphologie urbaine, donc la matérialité composée de ce système voie-parcelle-bâti. Hélène Noizet

Sons diffusés : 

Musiques : 

• La vie parisienne de Jacques Offenbach par Marcel Cariven 
• Bande originale du film Le fabuleux destin d’Amélie Poulain par Jeroen Van Veen 
• La goutte d’or par Aristide Bruant
• City par Alain Bashung et Brigitte Fontaine

Lecture par Olivier Martinaud : extrait de L'assommoir d'Emile Zola

Archives : 

• Extrait de Journal Télévisé - 11/02/1965 - ORTF Le Mans
• Jacques Levy dans Le gai savoir - 10/12/1995 - France Culture