Tango, valse, quand les danses de salon font scandale : épisode • 3/4 du podcast Une histoire de la danse

Photographie d'une scène de la pièce "Jazz Patterns" au Everyman Theatre de Londres. 28 février 1927. Photo : Sasha / Hulton Archive
Photographie d'une scène de la pièce "Jazz Patterns" au Everyman Theatre de Londres. 28 février 1927. Photo : Sasha / Hulton Archive  ©Getty
Photographie d'une scène de la pièce "Jazz Patterns" au Everyman Theatre de Londres. 28 février 1927. Photo : Sasha / Hulton Archive ©Getty
Photographie d'une scène de la pièce "Jazz Patterns" au Everyman Theatre de Londres. 28 février 1927. Photo : Sasha / Hulton Archive ©Getty
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Invitez votre partenaire et rejoignez la piste ! Valse, tango, rumba, fox-trot, samba ou grizzly-bear, du salon au music-hall il n'y a qu'un pas. Un pas de deux, un pas à deux, transgressive et scandaleuse, c'est l'histoire de ces danses en tandem.

Avec
  • Elizabeth Claire Historienne et chargée de recherche au CNRS. Elle est membre fondateur de l’Atelier d’histoire culturelle de la danse (CRAL).
  • Sophie Jacotot Historienne, chercheuse associée au Centre d'histoire sociale du XXe siècle (CHS)

Venue tout droit d’Autriche, la valse séduit rapidement l’Europe entière au XVIIIe siècle. Cette nouvelle mode inaugure des pratiques sociales inédites : la danse est désormais une affaire de couple. Le face-à-face intime qu’elle induit, le tournoiement, l’impression de vertige, le contact physique rapproché séduit les jeunes gens mais inquiète certains observateurs. Le discours médical est alarmiste dès la fin du XVIIIe siècle : la valse serait dangereuse, en particulier pour les jeunes filles. Les médecins dénoncent un péril physique et moral, et accusent cette danse indécente de tous les maux : suffocations, crachements de sang, diminution des facultés intellectuelles…. La valse inquiète au point d’être parfois interdite, en Suisse et en Souabe par exemple. 

Ces arguments refont surface un siècle plus tard, au moment de l’entre-deux-guerres. Les noctambules parisiens découvrent alors avec joie les “nouvelles danses” venues d’Amérique : fox-trot, cake-walk, jazz, rumba, samba et tango. La diffusion du phonographe, les progrès de l’industrie du disque et du cinéma accélèrent la diffusion de ces nouvelles modes. Mais pour certains, ces danses américaines ne sont pas qu’un loisir : elles marquent le déclin moral de toute une société. L’idée que “Satan mène le bal” devient un lieu commun, et ces danses sont de plus en plus souvent décrites comme sauvages, animales, indécentes, voire dangereuses. Les dancings sont considérés comme des lieux de perdition, où les danseurs mondains mettent en danger la vertu des jeunes filles et des épouses. Comment ces différentes danses ont-elles pu représenter de tels espaces de transgression ? De quelle manière les discours médicaux ont-ils imposé l’idée que ces danses représentaient un péril à la fois physique et moral ? 

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Avec Elizabeth Claire, historienne et chargée de recherche au CNRS. Elle est membre fondateur de l’Atelier d’histoire culturelle de la danse (CRAL) et membre associée au Centre de recherches sur les Arts et le Langage. Ses travaux portent sur le premier essor de la valse en Europe et sur l’histoire du genre. Elle a notamment dirigé le n°46 de la revue Clio, Femmes, genre, histoire : Danser (PUF-Belin, 2017), numéro dans lequel elle a publié deux articles “Pratiques de danse et discours de genre, une histoire connectée” et “Dance Studies, genre et enjeux de l’histoire”. 

Et Sophie Jacotot, historienne et chercheuse associée au Centre d'histoire sociale du XXe siècle (CHS) et au Centre de recherches sur les arts et le langage (CRAL). Spécialiste de l'histoire de la danse, elle est notamment l’autrice d’un ouvrage issu de sa thèse, Danser à Paris dans l'entre-deux-guerres : lieux, pratiques et imaginaires des danses de société des Amériques, 1919-1939 (Nouveau Monde Éditions, 2013).

L'homme et la femme vont se prendre dans les bras dans ce qu'on appelle "une prise fermée" : le couple se referme, et c'est cela qui pose problème et que l'on reproche à la valse. Il y a aussi la question du toucher, de la transpiration et, quand il s'agit des femmes, les médecins Identifier un problème lié à l'échauffement de l'imagination et à la question du vertige parce qu'il y a ce pivot de la danse. Le vertige pour les médecins est une maladie qui peut conduire à des maladies plus graves. Elizabeth Claire

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