Troubadours et trouvères, les chants de l’amour courtois : épisode 2/4 du podcast Histoire du sentiment amoureux

Le seigneur Konrad Von Altstetten se repose avec sa bien-aimée, Fol, 249v, Codex Manesse (vers 1300) par Rudiger et Johannes Manesse , bibliothèque de l'Université d'Heidelberg, Allemagne.
Le seigneur Konrad Von Altstetten se repose avec sa bien-aimée, Fol, 249v, Codex Manesse (vers 1300) par Rudiger et Johannes Manesse , bibliothèque de l'Université d'Heidelberg, Allemagne.  ©Getty
Le seigneur Konrad Von Altstetten se repose avec sa bien-aimée, Fol, 249v, Codex Manesse (vers 1300) par Rudiger et Johannes Manesse , bibliothèque de l'Université d'Heidelberg, Allemagne. ©Getty
Le seigneur Konrad Von Altstetten se repose avec sa bien-aimée, Fol, 249v, Codex Manesse (vers 1300) par Rudiger et Johannes Manesse , bibliothèque de l'Université d'Heidelberg, Allemagne. ©Getty
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Les troubadours nous ont laissé les plus anciens poèmes en langue d'oc. Ils plaçaient l'amour au centre de la littérature, un amour partagé entre exaltation et abattement, joie et souffrance, désir et frustration. Que nous reste-t-il aujourd'hui de cet amour courtois ?

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Quand il est question de la cour d’un château-fort, nous imaginons un espace découvert, entouré de murs. Pourtant, quand il est question de la cour, nous pouvons également nous trouver face à l’entourage du seigneur. La langue française nous offre deux adjectifs pour parler de la cour, comme l’ensemble des courtisans : curial et courtois. Au XIXe siècle, le médiéviste Gaston Paris impose l’expression « amour courtois ». Cela semble plus joli que de dire « amour curiale ». Si Gaston Paris a inventé cette expression, peut-on dire, comme l’historien Charles Seignobos quelques décennies plus tard, que l’amour est une invention du XIIe siècle ? (Xavier Mauduit)

En Occitanie, au tout début du XIIe siècle, Guillaume IX, duc d’Aquitaine, est un grand seigneur. Il est tapageur, multiplie les maîtresses, fait des farces et éructe des chansons grossières. Il est aussi un poète et le premier des troubadours, ces aristocrates chanteurs qui déclament en langue d’oc une poésie amoureuse sensuelle et exigeante.

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Leur conception de l’amour peut sembler alors curieuse : elle réunit le charnel et le spirituel, la jouissance et la douleur, inverse les rapports entre l’homme et la femme, mais aussi entre le vassal et le seigneur. C’est l’amour courtois, mieux appelé “fin’amor”. Quelles en sont ses règles ? Est-il réservé aux courtisans des grands châteaux ? Que doit-il aux profonds bouleversements intentés par l’Église au même moment ? Surtout, que doit notre représentation de l’amour à cet amour courtois ? 

Avec Michel Zink, médiéviste, philologue et professeur de littérature, il est l'auteur notamment de Le Moyen Âge et ses chansons ou Un passé en trompe-l'œil (Éditions de Fallois, 1996), Les Troubadours : Une histoire poétique (Perrin, 2017)  et de romans dont Le Tiers d'amour (Éditions de Fallois, 1998). 

La poésie des troubadours est une poésie très masculine. C'est une poésie de l'idéalisation de la femme, de l'espèce de terreur et de désir adolescent devant la femme. Quelque chose de brûlant et de timide à la fois alors que la voix féminine, que l'on entend avant dans la poésie et, que l'on entendra encore pendant tout le Moyen Âge mais comme un contre point à côté de la grande poésie, c'est une voix à la fois grave et sensuelle avec une espèce de candeur qui avoue le désir comme quelque chose de naturel, d'innocent et de triste parce que ces femmes sont condamnés à une sorte de passivité. Elles sont obligées d'attendre que celui qu'elles aiment viennent les rejoindre. (Michel Zink)

Ce que développe les troubadours c'est que l'amour, c'est le désir et le désir a peur d'être assouvi parce qu'une fois assouvi, il sait bien qu'il n'existera plus comme désir. C'est ce qui fait selon eux que l'amour est en lui-même, et non par accident, un sentiment contradictoire qui est à la fois joyeux et triste (...) Tout amour même malheureux connaît son exaltation et même un amour très heureux n'échappe pas à l'inquiétude. C'est le fondement de leur poésie et de leur hermétisme parce, pour ceux qui composent de façon "close", "fermée", ils ont l'impression qu'il faut rendre dans les mots cette contradiction, cette tension de l'amour de sorte qu'ils aiment la syntaxe compliquée, les raccourcis, les monosyllabes avec des grappes de consonnes autour qui sont rugueux à prononcer, pour rendre cette contradiction de l'amour. Cela a des conséquences sur la façon dont on vit l'amour parce que l'amour n'est pas facile, il n'y a pas d'amour facile. (Michel Zink)

Sons diffusés :

  • Extrait du téléfilm Thierry La Fronde - La chanson d'Isabelle .
  • Archive - 06/12/1970 -RTF/ORTF - Extrait de l'émission Les Cent Livres - Le Roman de Tristan et Iseult- Maurice Clavel parle de la passion et des philtres d'amour. 
  • Archive - 20/11/1958 - RDF/RTF - Extrait de l'émission Heure de culture française - L'œuvre poétique de Bernard de Ventadour.  
  • Archive - 14/07/1968 - Extrait de l'émission Prélude pour la nuit - Geste de l'amour courtois - Quand sur la lande de Bernard de Ventadour, musique et interprétation : Henri Gougaud. 
  • Lecture par Tatiana Werner d'un texte d'Azalaïs de Porcairagues sur une musique de Milred Clary, Amour que vous ai meffait
  • Extrait de l'album Le roman de la rose - La blessure d'amour et le baiser se Vénus: No. 1, Quand ce vendra qu'il sera nuiz - Brigitte Lesne et Alla Francesca.
  • Musique - Can l'erba fresh' (Quand l'herbe fraîche) de Bernard de Ventadour interprété par l'ensemble Celadon. 

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