

La montagne n’est pas qu’un obstacle géologique. Elle est un enjeu politique, culturel et économique. La franchir ou la conquérir demeure un défi que le pouvoir cherche à relever.
- Stéphane Gal Maître de conférences en histoire moderne à l’Université Grenoble Alpes et responsable du projet MarchAlp (Marche armée dans les Alpes)
- Anne Montenach Professeure des universités en histoire moderne à Aix-Marseille Universités
Le poète Jean Ferrat nous l’avait dit : "Ils quittent un à un le pays, pour s'en aller gagner leur vie loin de la terre où ils sont nés". La montagne a-t-elle toujours été peuplée ? Avant d’être un espace récréatif, qui habitait la montagne et qui la traversait ? "Les vieux ça n'était pas original quand ils s'essuyaient machinal d’un revers de manche les lèvres. Mais ils savaient tous à propos, tuer la caille ou le perdreau, et manger la tomme de chèvre". Aujourd’hui, Le Cours de l’histoire tutoie les sommets : eh, Mont Blanc, comment vas-tu ?
En octobre 1492, Christophe Colomb met le pied sur ce que les Européens appellent le Nouveau Monde. Pourtant, l’exploration et la conquête d’espaces inconnus n’est pas qu’une entreprise horizontale. Quelques semaines auparavant, c’est une frontière verticale qui a été repoussée : Antoine de Ville, capitaine et maître des arbalétriers et arquebusiers de Charles VIII, escalade le Mont Aiguille, un sommet du Vercors réputé inaccessible, sur ordre du roi.
Conquérir la montagne, un enjeu politique
Les souverains de la Renaissance n’ont pas négligé la montagne, un enjeu très politique, mais c’est au au XVIIIe siècle que la passion pour les Alpes connaît un développement sans précédent. Le souverain qui domine l’espace montagnard maîtrise les périphéries et les frontières de son territoire. Il affirme ainsi sa supériorité militaire et technique.
L'historien Stéphane Gal explique que "prendre un sommet, c'est démontrer que rien n'est impossible. Charles VIII en 1492 et le roi d'Espagne en 1519 vont ainsi impressionner leurs ennemis et leur montrer qu'on est capable de repousser les limites et qu'on n'a peur de rien, même pas des dragons qu'on pourrait trouver en montagne."
Comment ce nouvel imaginaire politique de la montagne se forme-t-il, entre maîtrise étatique et espaces de refuges ou de résistance au pouvoir ?
Intervenant·e·s
Stéphane Gal est maître de conférences en histoire moderne à l’Université Grenoble Alpes et responsable du projet MarchAlp (Marche armée dans les Alpes). Il a notamment publié :
- Des chevaliers dans la montagne. Corps en armes et corps en marche. 1515-2019 (UGA Éditions, 2021)
- Histoires verticales, Les usages politiques et culturels de la montagne (XIVe-XVIIIe siècles) (Champ Vallon, 2018)
- Charles Emmanuel de Savoie. La politique du précipice (Payot, 2012)
- Lesdiguières. Prince des Alpes et connétable de France (Presses universitaires de Grenoble, 2007)
Anne Montenach est professeure des universités en histoire moderne à Aix-Marseille Universités. Elle est aussi membre de l'Association internationale pour l'histoire des Alpes. Elle est notamment autrice de :
- Femmes, pouvoirs et contrebande dans les Alpes au XVIIIe siècle (Presses universitaires de Grenoble, 2017)
- Espaces et pratiques du commerce alimentaire à Lyon au XVIIe siècle. L'économie du quotidien (Presses universitaires de Grenoble, 2013)
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