

La présentation du projet de réforme des retraites par Edouard Philippe hier provoque une quasi-unanimité syndicale contre elle. Loin de rassurer, ses annonces - notamment un "âge d'équilibre" à 64 ans - ont renforcé les doutes sur ses intentions : rapprocher les traitements ou combler un déficit ?
Malgré l'énoncé hier de plusieurs garanties sur le projet de réformes de retraites, notamment des pensions minimales à 1000 € et à 85 % du SMIC, l’ensemble des grandes organisations syndicales rejette le projet avec indignation. Si certains refusent la suppression des régimes spéciaux, l’introduction d’un âge pivot avec bonus-malus a fini par braquer le syndicat le plus proche des positions du gouvernement : la CFDT, jusqu’ici favorable à la retraite par points, évoque désormais une « ligne rouge » franchie.
Cet « âge d’équilibre » de 64 ans - avec bonus et malus – a été longuement débattu ces derniers mois. Le Président Macron n’y semblait pas favorable mais les annonces du Premier Ministre viennent jeter le doute sur ses intentions : s'agit-il de proposer un nouveau système plus juste, ou d'en profiter pour assainir les comptes de l’assurance retraite ? Le soupçon grandit depuis qu'Emmanuel Macron a aussi déclaré vouloir faire repartir le nouveau système sans déficit à son application après 2025. De ce point de vue, la réponse n’est toujours pas trouvée explique la chercheuse Audrey Rain , coauteure pour l’Institut des Politiques Publiques d'un rapport sur les retraites.
Jusqu’ici les retraites ont occupé 14 % du PIB, certains craignent que cette proportion ne baisse. Edouard Philippe a assuré hier qu’il n’y aurait « ni vainqueur ni vaincu » et vante toujours une réforme de justice.
Les grandes lignes restent d'instaurer un système à points pour tous, indexés sur les salaires et non plus sur l’inflation qui augmente moins vite. Les plus grands bénéficiaires seraient en fait les carrières sans progression de revenus (SMIC), ou les plus trouées, femmes, précaires… Ces carrières hachées seraient moins pénalisées que dans le système actuel.
Plus de justice, dans un monde du travail plus précaire, ou plus mobile : c'est ce à quoi semble se préparer le prochain système de retraites.
L'équipe
- Production