

Les institutions internationales se heurtent à s'accorder sur une définition du terrorisme sur le plan juridique. La difficulté à trouver un consensus ne date pas d'hier, cette recherche a une histoire.
Conflans-Sainte-Honorine, Nice, Vienne, cet été Berlin, Glasgow, Jolo, les attaques terroristes se sont installées dans l’actualité bien avant ces derniers mois. La plupart du temps les gouvernements des États, victimes de ces attaques déclarent une « guerre » à leurs auteurs et annoncent une série de mesures destinées à la fois à en finir avec les coupables et à retrouver la sécurité intérieure de leur pays, pris par l’émotion et la nécessité de retrouver la cohésion d’une société terrassée par la peur et l’anxiété. Mais pour établir les moyens adaptés à la lutte contre le terrorisme, il faut le définir et c’est là que le bât blesse. Si chaque État a sa propre définition, il n’existe pas de définition juridique universellement reconnue d’une pratique pourtant transnationale. Tous les moyens sont alors affichés, légaux ou non, dompter la peur et promettre sa disparition c’est bien souvent le premier temps du lendemain d’un attentat dont la violence est présente à l’esprit de toutes et tous.
Définir le terrorisme, une action complexe qui laisse non pas sans voix mais sans réponse. Depuis le 11 septembre 2001, des armées de juristes se sont penchés sur ce problème sans parvenir à un consensus recherché depuis le XIXe siècle. En 1898, une conférence internationale est organisée à Rome pour établir une défense commune contre le terrorisme anarchiste. A cette date un évènement légitime pleinement cette concertation : l’assassinat d’Élisabeth d’Autriche, commis par un Italien sur le sol suisse. L’émotion est immense des rumeurs circulent aux quatre coins du monde à propos d’un complot mondial sur le point d’éclater au grand jour, surtout les opinions publiques font pression pour en finir avec une vague d’attentats sans frontières. La conférence de Rome parvient à définir l’anarchisme mais pas le terrorisme car au cours des débats deux positions d’affrontent qui vont ériger le terrorisme en nœud gordien des relations internationales pour longtemps : les pays libéraux présents, la Grande-Bretagne, la Suisse, la France, affirment leur volonté de cibler la violence terroriste, tandis que les régimes autoritaires, les empires prussien et russe y voient l’occasion de lutter contre leurs opposants politiques. Les discussions vont tourner court, après avoir largement questionner le droit d’asile et la protection des réfugiés politiques. Cette conférence de 1898, avec son échec à trouver une définition partagée du terrorisme reste le moment fondateur d’une dissonance qui persiste jusqu’à notre époque contemporaine.
Énumération versus définition
La quête d’une définition du terrorisme se poursuit tout au long du XXe siècle et se pose après la Deuxième guerre mondiale à l’ONU, organisation qui a inscrit dans sa charte le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. A l’heure des décolonisations, l’illégalité́ du terrorisme s’oppose à̀ celle de sa possible légitimité́ dans une guerre de libération. Les débats se font tellement inextricables, notamment autour des questions liées à la situation israélo-palestinienne, que le « Comité contre le terrorisme » mis en place en 2001, renoncent à une définition du terrorisme et laisse place à une pratique inaugurée dans les années 1930 : l’établissement de listes de groupes ou d’États aux activités à caractère terroriste. Des listes que l’on retrouve dans la plupart des États de la planète sans qu’elles ne se recoupent.
Le terrorisme ne fait toujours pas consensus au plan juridique, mais il divise et c’est bien là son arme la plus décisive.
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