Grand témoin du XXe siècle, journaliste et fou de débat, Jean Daniel est mort

François Mitterrand et Jean Daniel, directeur du "Nouvel Observateur" à Pékin, Chine, le 12 février 1981
François Mitterrand et Jean Daniel, directeur du "Nouvel Observateur" à Pékin, Chine, le 12 février 1981 ©Getty - Photo Jean-Claude FRANCOLON / Gamma-Rapho
François Mitterrand et Jean Daniel, directeur du "Nouvel Observateur" à Pékin, Chine, le 12 février 1981 ©Getty - Photo Jean-Claude FRANCOLON / Gamma-Rapho
François Mitterrand et Jean Daniel, directeur du "Nouvel Observateur" à Pékin, Chine, le 12 février 1981 ©Getty - Photo Jean-Claude FRANCOLON / Gamma-Rapho
Publicité

Aujourd’hui dans le Journal de l’Histoire, Anaïs Kien rend hommage à Jean Daniel, mort avant hier à 99 ans

Grand animateur de la vie intellectuelle française Jean Daniel nous a quittés en laissant derrière lui son œuvre d’écrivain de journaliste et d’animateur du débat intellectuel. Né à Blida, à deux pas d’Alger en 1920, Jean Daniel a traversé son siècle en le regardant bien en face. Auteur du Temps qui reste en 1973, il ne savait pas qu’il lui en restait beaucoup, du temps, encore un demi-siècle à traverser, un demi-siècle dont il a continué à se faire l’inlassable témoin.

Acteur et commentateur de son temps 

Jean Daniel a vu la Deuxième Guerre mondiale depuis l’Algérie en tant que onzième enfant d’une famille pied noir, soudainement exclue de la citoyenneté française. Engagé dans la division Leclerc, il se bat en Normandie et une fois démobilisé poursuit ses études à Paris où il fonde son premier titre de presse : Caliban, un succès qui atteint 150 000 exemplaires avant de disparaître en 1951.
Mais il a attrapé le virus du journalisme pour toujours et signe désormais dans les colonnes de l_’Express_ pour encourager aux pourparlers avec le FLN et sortir de la guerre qui a éclaté en Algérie. Il s’entretient avec Fidel Castro et Kennedy en 63, plus rien de semble l’arrêter, il a trouvé sa plateforme de réflexion et son média, qu’il arrange à son idée dès 1964 en tant que rédacteur en chef du Nouvel Observateur. Il le raconte au micro de Jean-Claude Guillebaud en 2001

Publicité

Un hôte par excellence du débat intellectuel

Devenu un des grands commentateurs de l’actualité du Proche Orient, Jean Daniel construit un espace de débat pour les voix de gauche en les publiant largement dans les pages du Nouvel Obs parmi lesquels : Jean-Paul Sartre, Michel Foucault, Claude Levi-Strauss, l’historien Pierre Nora et bien d'autres. Une maison accueillante pour les intellectuels qui, comme lui, ne veulent pas choisir entre la connaissance, l’engagement et la littérature. 

Hôte par excellence du débat intellectuel Jean Daniel défend l’idée de nation contre sa ringardisation en entretenant une discussion avec ses grands auteurs, tout en affirmant qu’il ne saurait mourir ailleurs qu’à gauche. Un combat à part entière. 

par Anaïs Kien 

L'Invité(e) des Matins
17 min