

Aujourd’hui dans le Journal de l’Histoire il est question d’un documentaire "Salman Rushdie, la mort aux trousses".
Le réalisateur prolifique William Karel s’est entretenu avec Salman Rushdie pour retracer son parcours. Sous titré La mort aux trousses, ce documentaire au dispositif léger nous plonge dans l’histoire d’un livre qui a fait date puisque Les Versets sataniques ont valu à leur auteur de se cacher sous une fausse identité sous escorte de Scotland Yard pendant dix ans pour échapper à une condamnation, une fatwa prononcée par l’ayatollah Khomeini à sa parution en 1988. Les manifestations de rues se déchaînent aussi bien dans les pays arabes qu’en Angleterre. Salman Rushdie se voit condamné à mort pour avoir écrit un roman.
"Les Versets sataniques", un lieu de mémoire
Né en 1947 à Bombay, à peine quelques semaines avant l’indépendance de l’Inde, Salman Rushdie fait ses études dans l’ancienne métropole coloniale où il découvre une Angleterre traversée par les tensions raciales et devient difficilement écrivain. Après un premier succès en 1981, grâce aux Enfants de Minuit sur sa génération, celle de ceux qui sont nés avec la décolonisation, il s’attelle au manuscrit qui deviendra Les Versets sataniques en 1988, devenu depuis un lieu de mémoire. Fable contemporaine, le roman est une critique acerbe de l’islam social et politique et dépeint un tyran prêt à dévorer son peuple, qui cache à peine le masque de fiction de celui qui l’a inspiré, l’ayatollah Khomeini. Et à ce titre, il est immédiatement condamné, décrié, y compris en Occident par Jimmy Carter, John Le Carré ou Roald Dahl qui dénoncent l’agression que constitue cette fiction contre la religion musulmane. Un premier débat naît sur la question, bien avant les caricatures de Mahomet et les meurtres de Charlie Hebdo. Mais ces critiques sont largement noyées dans les déclarations de soutien d’une large communauté internationale d’artistes, d’intellectuels et de dirigeants politiques. Salman Rushdie devient une célébrité mondiale, populaire, que tous veulent rencontrer, saluer, honorer. Isabelle Adjani lui rend un hommage vibrant lorsqu’elle monte sur scène pour recevoir son César en 1989.
J'ai un tout petit peu peur de jurer avec le ton de la soirée. C'est à dire que j'ai envie de vous dire des choses tragiques, alors j'espère que vous m'excuserez. J'avais envie de dire qu'on croyait révolu l'exclusion de l'artiste et sa condamnation à mort, permettez moi de vous lire quelques lignes d'un texte de Salman Rushdie, Les Versets sataniques : "Les anges, quand il s'agit de volonté ils n'en ont pas beaucoup. La volonté c'est de ne pas être d'accord, de ne pas se soumettre, s'opposer." Isabelle Adjani
William Karel fait le récit de cette peopolisation par la censure religieuse. Un parcours qui a même inspiré une comédie musicale, jouée une seule fois à Broadway avant d’être diffusée sur la chaîne de télévision américaine HBO.
Salman Rushdie, la mort aux trousses, est le récit de l’avènement d’un homme sauvé par sa célébrité, qui en parle aujourd’hui avec humour mais on aurait aimé en savoir davantage sur les ressorts littéraires capables de s’attirer les foudres de si nombreux croyants. La tête de Salman Rushdie est toujours mise à prix aujourd’hui.
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Pour plus d'informations : Le documentaire Salman Rushdie, la mort aux trousses, de William Karel, est disponible sur Arte.TV jusqu'au 3 mars 2020
par Anaïs Kien
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