Ku Klux Klan : une série documentaire pour comprendre l’origine du suprémacisme blanc aux États-Unis

Parade du Ku Klux Klan dans les rues de Neptune, une ville du New Jersey en 1900.
Parade du Ku Klux Klan dans les rues de Neptune, une ville du New Jersey en 1900. ©Getty - George Rinhart/Corbis
Parade du Ku Klux Klan dans les rues de Neptune, une ville du New Jersey en 1900. ©Getty - George Rinhart/Corbis
Parade du Ku Klux Klan dans les rues de Neptune, une ville du New Jersey en 1900. ©Getty - George Rinhart/Corbis
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Certains suprémacistes blancs, à l'image du Ku Klux Klan, affichent sans complexe une haine raciale qui n'en finit pas de laminer la société américaine. Flux et reflux d'un mouvement de fond qui, encouragé par Trump, court aujourd'hui à bride abattue.

Par peur des réactions du public et, alors que les manifestations liées au mouvement Black Live Matter ont marqué ces derniers mois en Europe et aux États-Unis, quatre musées de prestige, à Boston, Washington, Houston et Londres ont annoncé fin septembre avoir reporté leur projet d’exposition du peintre Philip Guston. Le motif avoué indirectement par leurs directions : le contexte ne serait pas favorable à une juste réception de l’œuvre de l’artiste, notamment celle d’une série de 24 dessins et peintures représentants le Ku Klux Klan, pourtant clairement destinés à dénoncer cette organisation qui a marqué l’histoire américaine. À l’extrême inverse, les fictions américaines du moment n’hésitent pas à représenter ceux qui portent la haine raciale comme étendard en remontant le fil de l’histoire pour imaginer nombre de dystopies destinées à interroger l’actualité : du suprémacisme dans Watchmen au nazisme, dans The Boys ou encore dans la version californienne de Penny Dreadfull. La tendance est aux gros vilains motivés par cette haine raciale combattue par des héroïnes et des héros, victimes, plus ou moins directes, de leur fureur. L’usage des superhéros est un classique dans la défense d’une Amérique du Nord fière de son multiculturalisme. Déjà au lendemain de la Deuxième guerre mondiale, le journaliste Stetson Kennedy avait utilisé le dessin animé et la bande dessinée avec Superman et sa cape rouge pour combattre une des trop nombreuses résurgences du Ku Klux Klan, avant que celui-ci ne soit inscrit l’année suivante sur la liste des organisations subversives par le ministère de la justice au même titre que les communistes. Un obstacle inattendu pour ce mouvement, né dans les rangs des contestataires de l’abolition de l’esclavage, qui avait déjà connu plusieurs vies sur le sol américain et avait aussi plusieurs fois disparu, défait par le fisc ou les scandales sexuels.

Après la Deuxième guerre mondiale et les ravages du nazisme, le Ku Klux Klan dépéri mais ne tombe pas définitivement dans l’oubli. La bataille pour les droits civiques ranime sa mauvaise flamme pour la troisième fois dans un déferlement de violence. Ces résurgences endémiques rythment la série documentaire de David Korn-Brzoza, diffusée sur Arte dès ce soir : Ku Klux Klan, une histoire américaine.

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Pour comprendre les racines du suprémacisme blanc qui fait à nouveau l’actualité aux Etats-Unis, on convoque bien volontiers le très spectaculaire Ku Klux Klan qui a imprimé sa marque non seulement à l’imaginaire américain mais à un imaginaire mondial de la violence raciste avec son folklore grotesque, façonné de cagoules blanches et de dirigeants baptisés “sorcier impérial”, mais aussi avec ses pratiques massives du lynchage et sa détestation de tout ce qui ne serait pas blanc et protestant sur le sol américain. La série tonitruante de David Korn-Brzoza nous permet malgré tout de saisir cette histoire mal maîtrisée de notre côté de l’Atlantique, masquée par les nombreuses fictions qui l’ont utilisé. Un folklore à succès qui a relégué la démarche éminemment politique du Ku Klux Klan, présente dès son origine, à la fin du XIXe siècle, dans le sabotage de l’intégration politique des anciens esclaves. 

C’est bien d’une stratégie de la terreur qu’il est question ici à voir cette histoire du Ku Klux Klan. Une stratégie qui finit par défaire durablement l’organisation en 1965 lorsque le président Lyndon Johnson décide d’en faire les ennemis publics Numéro Un et s’adresse à ses membres en les appelant à désarmer avant qu’il ne soit trop tard. Une archive qui fait le grand écart historique avec l’actualité américaine lorsqu’au contraire Donald Trump s’adresse aux membres de l’organisation néo-fasciste les Proud Boys en leur demandant de se « tenir prêt ». Une nouvelle stratégie de la terreur et une mise en garde inacceptable dans l’hypothèse de sa défaite par les urnes le 3 novembre prochain. 

Ku Klux Klan, une histoire américaine, documentaire en 2 parties deDavid Korn-Brzoza, 2019.