L’agenda historique de l’année qui commence pourrait nous réserver quelques surprises

L'actrice Clara Bow, 1927.
L'actrice Clara Bow, 1927. ©Getty
L'actrice Clara Bow, 1927. ©Getty
L'actrice Clara Bow, 1927. ©Getty
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Chamboulé par l'épidémie de Covid, le calendrier des célébrations historiques n'a pas été celui que l'on attendait en 2020. Qu'en sera-t-il pour l'année à venir ?

Il y a plus grave, évidemment, mais parmi les victimes collatérales de l’année qui vient de s’achever, les commémorations historiques programmées ont largement souffert de l’irruption de l’épidémie qui nous tient encore. Au programme, je résume à gros traits, il y avait : notre entrée fracassante dans l’ère nucléaire avec les 75 ans d’Hiroshima, l’abolition de la prohibition en 1920, et surtout celle qui s’annonçait avec véhémence : l’année de Gaulle avec un double anniversaire, celui de sa mort en 1970 et celui de l’appel du 18 juin 1940, associé à la défaite française et à l’organisation progressive de la Résistance à l’Occupation allemande. Mais le présent et son imagination créative ont relégué ces festivités avec leurs expositions, leurs colloques, leurs avalanches éditoriales, à pas grand-chose. Ce risque de déroute de l’attention au passé est d’ailleurs prévu avec prudence par le Haut Comité des célébrations nationales qui se présente comme l’émetteur annuel d’une « liste des anniversaires susceptibles d’être inscrits au titre des célébrations nationales ». Susceptible, c’est bien ce qui a caractérisé notre sensibilité à l’histoire ces derniers mois avec l’impression que chaque jour produisait une archive sinistre pour demain qui laissait peu de place à l’attention au passé.  

Les surprises de 2020

Un coup d’œil dans le rétroviseur et on constate rapidement que la Deuxième guerre mondiale a été reléguée au second plan. L’histoire qui s’est rappelée à nous en 2020, sans s’annoncer, est passée par les déboulonnages de statues de figures liées à l’histoire de l’esclavage, par les appels à prêter attention aux traces de la traite négrière dans l’espace public, par les demandes de restitutions d’objets conservés dans les musées occidentaux depuis les conquêtes coloniales, sans oublier les grandes épidémies, le terrorisme, le droit à l’avortement, le fonctionnement de notre démocratie, notre confiance en la science et bien sûr des relations franco-britanniques sur fond de Brexit.  

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Quelques batailles de date se sont aussi invitées dans l’actualité à commencer par celle qui a hanté la campagne présidentielle américaine sur la naissance des États-Unis : 1776, date de la déclaration d’indépendance des treize colonies ou 1619, l’année où les premiers esclaves sont installés sur le sol américain.

Et pour 2021 ? 

Quel sera le sort de ce calendrier des célébrations du passé en 2021 ? Plusieurs anniversaires s’annoncent en fanfare dans l’espoir de créer l’évènement :  

L’Année Napoléon, mort en mai 1821 cohabitera avec le 150e anniversaire de la Commune de Paris. Autrement dit, cette année c’est l’histoire très accidentée de l’instauration de la République en France et de ses institutions qui sera au menu, une bonne occasion d’explorer les manières de s’imaginer le monde de demain au XIXe siècle, un imaginaire des possibles toujours actif en 2021.  

Bonne année à toutes et à tous, avec toute l’attention que mérite l’histoire n’oublions pas de vivre le présent, qui sera le producteur de notre passé et qu’il faudra un jour célébrer, bonne nouvelle, ou commémorer, triste perspective, en fonction de ce qu’il adviendra.