

Grand prix de l’Académie Française pour l’intégralité de son œuvre en 2018, Pascal Ory, l'historien des mentalités, des mouvements culturels et de l’identité nationale devient un immortel.
Pascal Ory a été élu à l’Académie française au fauteuil n°32, il succède à l’écrivain et réalisateur franco-belge François Weyergans décédé en 2019. Défenseur de l’histoire culturelle en France, Pascale Ory a commencé son parcours de chercheur en explorant le régime de Vichy quand la Collaboration restait un tabou, une culpabilité avouée très circonscrite et le mythe d’une France glorieusement résistante encore tenace. C’est ensuite en historien de sa propre génération qu’il œuvre en publiant L’Entre-deux-mai : Histoire culturelle de la France (mai 1968-mai 1981). Des bancs de l’université dans les tumultes de 68 à l’arrivée au pouvoir de la gauche avec François Mitterrand en 1981, une tentative d’attraper l’histoire du temps présent et des transformations d’un paysage culturel qui avait transformé les rapports de force au sein de la société d’après-de Gaulle. Pascal Ory établit petit à petit sa galaxie intellectuelle et c’est peut-être dans Le discours gastronomique français, publié en 1998 qu’il dévoile son entreprise : diffuser les atouts et les méthodes d’une histoire culturelle dans l’hexagone. Un petit-livre éclairant sur l’évolution du regard de l’histoire et de ses objets. Les ressorts de la conquête politique française logeaient aussi dans les yeux, les manières de faire et les ventres. Une approche qui apparaît classique aujourd’hui mais qui ne l’était pas à ce moment-là au sein de la discipline historique.
Elu à l’académie, Pascal Ory s’apprête à délaisser son incroyable collection de pulls pour l’habit vert, sur lequel il a probablement déjà acquis mille anecdotes, et l’épée d’académicien qui l’accompagne, un symbole qui lui sied peut-être moins, son goût du débat et des discussions passionnées étant d’avantage son arme de prédilection.
Commentant cette élection Le Point rappelle que le fauteuil n°32 que s’apprête à occuper le nouvel élu bénéficie d’une aura particulière depuis qu’en 1909 Gaston Leroux, dans son roman Le fauteuil hanté, racontait que ce siège avait été frappé d’une malédiction formulée par un mage vengeur déçu de ne pas y avoir accès. Sans trop s’avancer on peut croire que cette aura sulfureuse a tout pour plaire à l’historien qui a toujours encouragé auprès de ses étudiants et doctorants les sujets boudés par l’académie : les arts longtemps considérés comme mineurs comme la BD, le cinéma, les bas-fonds du mauvais genre de la culture savante et populaire et les phénomènes sociaux de grandes ampleurs sur lesquels l’histoire était encore myope comme les radios libres, les festivals et les musiques émergeantes. Tout était permis pourvu que la méthode historique soit respectée y compris lorsque les sujets étranges y faisaient leur entrée. Une audace qui devra désormais faire avec la respectable institution de l’Académie française dont il goûtera probablement de vivre pleinement les décors et les protocoles en explorateur enthousiaste des pratiques mais qui n’éteindra pas l’insatiable curiosité du temps qui l’habite.
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