La concurrence des guerres et leur portrait en photo !

Soldats français autour d'un canon le 23 juillet 1870 dans la guerre franco-prussienne de 1870-1871
Soldats français autour d'un canon le 23 juillet 1870 dans la guerre franco-prussienne de 1870-1871 - Auteur inconnu
Soldats français autour d'un canon le 23 juillet 1870 dans la guerre franco-prussienne de 1870-1871 - Auteur inconnu
Soldats français autour d'un canon le 23 juillet 1870 dans la guerre franco-prussienne de 1870-1871 - Auteur inconnu
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Sur les photographie de la guerre de 1870-1871 on ne voit pas de mort, de sang, de batailles. Ce n'est pas toujours le cas dans les autres clichés des conflits de l'époque.

La grande perdante s’il y avait une avenue des célébrités des guerres qui nous ont marqués, celle qui a hanté les deux guerres mondiales et qui cette année pouvait enfin espérer quelques échos pour son 150e anniversaire, mais la Covid a frappé, c’est la guerre de 1870. Une guerre franco-prussienne qui a lamentablement achevé l’empire, et du coup la monarchie en France, en jetant Napoléon III en prison avant qu’il n’aille se faire oublier en Angleterre. Avec ses charniers et ses fuites pathétiques, 1870, c’est un trauma français, une belle déculottée remportée par ce qui deviendra l’Allemagne. On le comprend ce conflit décoloré a pourtant été déterminant pour l’histoire de l’Europe. Si 1870 a fondu dans notre culture historique, elle a pourtant laissé de nombreuses traces, et une belle influence sur l’imaginaire et les représentations des conflits armés. Parce que la guerre de 1870 est aussi le premier conflit européen massivement photographié. C’est le sujet d’un documentaire de Grit Lederer diffusé sur Arte et intitulé sobrement Les photographies de la guerre de 1870.

Dans ces photos peut-on déceler les éléments d’une conscience historique si l’on s’y attarde un peu ? C’est la question que se pose l’historien de l'art allemand, Paul Mellenthin. Au cours de la guerre de 1870, on immortalise pour la première fois un tel déchaînement de violence humaine alors que cet art, encore mineur, sert jusque-là essentiellement de documentation aux peintres de bataille. Mais cet appui iconographique envahit la peinture et l’inspire jusqu’à la changer dans ses cadres et ses points de vue pour finir par la remplacer dans son monopole des images de guerre. Et vous l’aurez constaté, la photo de guerre est bien plus courue aujourd’hui que la peinture du même genre. 

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Si ces nombreuses photographies se multiplient, elles participent à un mouvement plus large de spectacularisation de la guerre qui se fait feuilleton dans les journaux et devient une attraction touristique. Une esthétisation qui résonne avec l’expression française « théâtre de guerre », inimaginable en allemand, qui garde toute sa vigueur dans le moment d’après. Après le siège de Paris et ses bombardements, après la Commune de Paris de 1871 qui s’était résolue à transformer la ville pour en faire un espace plus conforme à son projet politique, il ne reste qu’un champ de ruines. Les photographes s’y bousculent une fois revenu l’ordre et les Communards envoyés sous terre ou au bagne. Car si la guerre franco-prussienne stimule le goût pour les ruines, l’année suivante quand la Commune est écrasée ce sont d’autres photographies que l’on retrouve, de celles qu’on ne collectionne pas, celles des cadavres de Communards. Si l’on célèbre le génie destructeur, on ne supporte pas pour autant la représentation de la mort banale et sans postérité des combattants anonymes disparus

Documentaire à voir sur ARTE Les photographies de la guerre de 1870