La justice pénale internationale et son histoire dans un documentaire

Première audition de Momcilo Krajisnik devant le tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie à La Haye, Pays-Bas, le 7 avril 2000. Photo : Raphael Gaillarde/ Gamma-Rapho
Première audition de Momcilo Krajisnik devant le tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie à La Haye, Pays-Bas, le 7 avril 2000. Photo : Raphael Gaillarde/ Gamma-Rapho ©Getty
Première audition de Momcilo Krajisnik devant le tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie à La Haye, Pays-Bas, le 7 avril 2000. Photo : Raphael Gaillarde/ Gamma-Rapho ©Getty
Première audition de Momcilo Krajisnik devant le tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie à La Haye, Pays-Bas, le 7 avril 2000. Photo : Raphael Gaillarde/ Gamma-Rapho ©Getty
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Sur Arte, un documentaire sur le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie, institution qui précédait l'actuelle Cour pénale internationale, retrace pour nous un morceau d'histoire de la justice transnationale.

Alors que la Cour pénale internationale s’est saisie des crimes de guerre commis dans les territoires palestiniens occupés, un documentaire revient sur l’ancêtre de cette institution judiciaire : le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie.  Les témoignages de rescapés des crimes de masse commis dans les anciennes républiques fédérées dans les années 1990, croisent ceux de condamnés, de magistrats, d’enquêteurs, d’observateurs de ce tribunal créé par les Nations Unies pour sanctionner les infractions au droit international. 

À part de 1991, l’éclatement de la Yougoslavie entraine une série de conflits armés d’une extrême violence, les premiers sur le sol européen depuis la Deuxième guerre mondiale. Une extrême violence jusqu’au génocide qui se déroule directement sous les yeux des spectateurs de la planète, nourris en images par les nombreux reporters de guerre qui couvrent ces conflits. Aernout van Lynden correspondant de guerre et Jean-René Ruez enquêteur, disent à quel point ces images de camps « en couleurs » diffusés sur les chaînes par les JT rappelaient ceux découverts à la Libération, un retour insupportable immédiatement après la fin de la guerre froide, impossible à ignorer par la communauté internationale. 

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Le tribunal pénal international est institué en 1993, alors que les conflits qu’elle jugera pendant plus de vingt ans sont en cours. Geoffrey Nice, représentant du procureur, rappelle que jusqu’à la fin du XIXe siècle il n’y avait pas d’autre issue possible à un conflit armé entre États que le partage des prises de guerre, que le tribunal de Nuremberg n’avait jugé qu’un seul camp de la Deuxième guerre mondiale et surtout que depuis les comportements criminels des États pendant la guerre froide ou les guerres de décolonisations n’avaient jamais été jugés à un tel niveau. Depuis son siège de La Haye aux Pays Bas, le « TPIY » enquête et instruit sur le massacre de Srebrenica, sur le siège de Sarajevo ou encore sur les exécutions au Kosovo. C’est pourtant une justice contestée, et entravée. Les principaux responsables des  140 000 morts et des plus de 3 millions de réfugiés issues de ces conflits restent longtemps inaccessibles sans un levier politique qui fera date : l’appui de l’Union européenne qui conditionne l’examen des candidatures des anciennes nations yougoslaves à leur coopération avec ce tribunal. Ratko Mladic, Radovan Karadzic  et Slobodan Milosevic sont finalement arrêtés, les deux premiers sont condamnés alors que Milosevic meurt d’un infarctus dans sa cellule pendant les audiences de son procès. L’écrivaine Slavenka Drakulic assiste à certains procès et racontent l’absence totale de spectacularisation de cette justice, son caractère bureaucratique poussé à l’extrême, avec ses audiences sans fin, et ses accusés qui encourent de très lourdes peines mais s’endorment dans leur box.   

Entre 1996 et 2017 le tribunal pénal international condamne 90 de ses accusés, un bilan obtenu avec le soutien politique de la communauté internationale, probablement sans descendance. La Cour pénale internationale créée dans son sillage ne peut pas compter sur une telle reconnaissance, tant les grands États risqueraient de perdre en admettant la sanction d’une justice transnationale.  

Liens :

Ex-Yougoslavie - Les procès du Tribunal pénal international  documentaire de Lucio Mollica, est déjà disponible sur Arte.tv et sera diffusée à l’antenne le 4 mai à 23h20. 

https://www.arte.tv/fr/videos/087363-002-A/ex-yougoslavie-les-proces-du-tribunal-penal-international-2-2/ 

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