Ce matin dans le Journal de l’Histoire, l’ouverture d’un procès attendu...
La phase préliminaire d’un procès historique s’est ouverte le 29 novembre dernier devant la Haute Cour de Cassation et de Justice de Bucarest. Sa mission : juger pour crimes contre l’humanité Ion Iliescu, ancien président de Roumanie, qui a pris la tête du pays au lendemain de l’effondrement du régime communiste de Nicolae Ceaușescu. C’est la responsabilité d’Iliescu qui est mise en cause dans la mort de 862 personnes intervenue au moment de la révolution qui achève une dictature de plus de 30 ans. La nature même de ce mouvement de contestation pose question : était-il si spontané et si populaire qu’on le prétend ? Vincent de Cointet s’en est emparé dans un documentaire diffusé sur France 5, Le procès des Ceaușescu, une révolution volée, qui questionne la confusion de ce moment.
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L'effondrement de la dernière dictature communiste d’Europe
A la fin de cette année 1989, Ceaușescu est à la tête d’une autocratie en crise et refuse toute ouverture politique malgré la chute du mur de Berlin et l’annonce par Mikhaïl Gorbatchev de la fin de la guerre froide. Mais les Roumains investissent la rue, contestent le régime, bientôt rejoints par l’armée, au point de faire fuir le dirigeant le 22 décembre.
Les époux Ceaușescu sont exécutés le 25 décembre après un procès expéditif. Ce qui est en cause dans le procès Iliescu c’est justement cette période critique entre le ralliement de l’armée et la mort de Ceaușescu. Si 200 morts sont imputés à la répression d’Etat des premiers jours de la contestation, les 800 morts et quelque 2 000 blessés après le ralliement de l’armée restent inexpliqués. Des accusations de plus en plus étayées désignent certains dignitaires du régime et l’état-major, proche de Ceaușescu avant les émeutes, d’avoir entretenu une diversion en attendant de s’assurer l’appropriation du pouvoir laissé vacant.
De fausses nouvelles circulent à travers le monde entier
A commencer par les images qui ont fait date du charnier découvert à Timisoara. Un temps attribué aux exactions du régime - le fait paraissait crédible à l’époque - on sait depuis qu’il s’agissait d’une fosse commune de l’hôpital voisin. De nombreux journalistes étrangers gardent l’amer souvenir d’avoir mordu à l’hameçon de cette découverte mystifiée. On parle aussi de terroristes libyens à la solde de Ceaușescu débarquant du ciel pour empoisonner les civils et reprendre le pouvoir. Cette séquence de folles rumeurs prend fin avec les images très médiatisées du procès du couple Ceaușescu qui montre la procédure expéditive employée par ceux qui s’apprêtaient à récupérer le pouvoir à leur profit.
Et c’est à la justice qu’il appartient aujourd’hui d’amorcer le bilan du régime communiste roumain au cours des audiences du procès de Ion Iliescu qui a dirigé l’Etat lors de deux mandats, entre 1989 et 1996, puis entre 2000 et 2004. S’il est aujourd’hui accusé de crime contre l’humanité, il l’est aussi d’avoir confisqué la révolution à un peuple qui se soulevait contre la dictature.
par Anaïs Kien
Pour plus d’informations : Le procès des Ceausescu, une révolution volée, de Vincent de Cointet, diffusé sur France 5 dimanche soir à 22h35
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