Profs et étudiants, des grèves qui ont une histoire

Des étudiants parisiens protestent contre le projet de loi Devaquet qui réformait le département français de l'éducation à Paris le 27 novembre 1986.
Des étudiants parisiens protestent contre le projet de loi Devaquet qui réformait le département français de l'éducation à Paris le 27 novembre 1986. ©Getty - Photo de Bernard Bisson / Sygma
Des étudiants parisiens protestent contre le projet de loi Devaquet qui réformait le département français de l'éducation à Paris le 27 novembre 1986. ©Getty - Photo de Bernard Bisson / Sygma
Des étudiants parisiens protestent contre le projet de loi Devaquet qui réformait le département français de l'éducation à Paris le 27 novembre 1986. ©Getty - Photo de Bernard Bisson / Sygma
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La grève et la manifestation de demain contre la réforme des retraites verront descendre dans la rue de nombreux services publics, et corps de métiers, et parmi eux les enseignants et les étudiants. La plateforme Actuel Moyen Age, propose d’explorer ces deux statuts et leur apparente actualité.

Les mouvements d’indignation se sont faits nombreux après l’immolation d’un étudiant devant le CROUS de Lyon le 8 novembre et le thème de la précarité étudiante a pris place dans les débats publics. Le gouvernement a réagi en annonçant le gel des loyers dans les résidences universitaires en 2020.  

La galère étudiante, une longue histoire

Actuel Moyen Age publie un article pour rappeler que la dèche étudiante n’a rien de nouveau. C’est une constante dans les politiques publiques et dans la violence sociale qui leurs sont appliquées. Une fois payés les frais d’inscriptions, cela concerne un petit nombre d’élus, c’est toujours le logement qui pèse sur les budgets. Les étudiants venus de province à Paris sont en proie aux lois du marché locatif. A tel point qu’en 1310 le roi Philippe Le Bel interdit les tarifs prohibitifs appliqués à cette population en matière de logement mais aussi en ce qui concerne le tarif des denrées alimentaires. Manger des pâtes, peut-être pas au XIVe siècle mais la poésie médiévale s’empare volontiers des ventres vides de ces corps, venus s’instruire au risque de leur confort et de leur santé. Tous ne font pas la tournée des tavernes en compagnie de leurs camarades, les inégalités sociales s’expriment à l’université et s’accompagnent de mesures vexatoires pour les boursiers, qui existent déjà aussi, privés de leur droit de vote dans les assemblées étudiantes au motif qu’ils ne financent pas eux-mêmes leur scolarité. Comme aujourd’hui, être étudiant sans patrimoine c’est en baver, un rituel de passage considéré comme normal, rien de neuf de ce côté-là. L’imagination n’est toujours pas au pouvoir concernant le statut des étudiants !

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1229, la première grève des profs

Les enseignants eux aussi s’apprêtent à descendre dans la rue demain, pour protester contre la réforme du régime de retraite et dans la queue de comète des protestations virulentes du printemps dernier contre la politique de leur ministre Jean-Michel Blanquer. Actuel Moyen Age nous propose le récit de la première grève couronnée de succès en 1229. Il y a 790 ans, les maîtres de l’université de Paris inventent donc la grève pour protester contre la mort de plusieurs étudiants sous les coups des forces de l’ordre. Très éméchés, les étudiants concernés avaient saccagé une taverne, l’ordre avait été rétabli, au prix de leur vie. Tous les professeurs cessent de faire cours et menacent de quitter la ville, un coup dur porté au prestige de la ville, parce qu’au XIIIe siècle l’université est un fleuron prestigieux pour toutes les villes qui en accueillent, et oui. Cette grève dure deux ans ! C’est le pape Grégoire IX qui transpire en tant que médiateur avec le pouvoir royal mais reconnaît aussi le droit de grève qui devient une arme de dissuasion très efficace pendant plusieurs siècles pour faire valoir l’avis des professeurs dans leurs débats avec le pouvoir politique. 

par Anaïs Kien 

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