Quand Walter Sisulu, cerveau du mouvement anti-apartheid, était dans le box des accusés

"Accusé n°2 : le procès de Walter Sisulu"
"Accusé n°2 : le procès de Walter Sisulu"  - Arte
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"Accusé n°2 : le procès de Walter Sisulu" - Arte
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Aujourd’hui, il est question dans le Journal de l’Histoire du procès de Nelson Mandela et de ses camarades de l’ANC, procès qui a eu lieu en 1963-1964, à travers un film : "Accusé n°2 : le procès de Walter Sisulu" de Nicolas Champeaux et Gilles Porte.

Nicolas Champeaux et Gilles Porte avaient déjà réalisé en 2018 Le procès de Nelson Mandela et les autres. La singularité de leur projet résidant dans sa matière sonore avant d’être visuelle. Il n’y a pas d’images de ce procès qui a condamné à la prison pour plusieurs décennies les dirigeants de l'ANC (mouvement fondé en 1912 pour défendre les intérêts de la majorité noire contre la minorité blanche, déclaré hors-la-loi pendant l’apartheid en 1960) mais il existait un trésor, exhumé pour l’occasion : les 256 heures d’enregistrements sonores des audiences du procès ont été conservées. 

Un film d'animation réalisé à partir d'archives

C’est à partir de ces archives que le dessinateur Oerd a imaginé un univers animé qui alterne avec les témoignages des survivants de l’ANC. Nelson Mandela et ses co-accusés sont inculpés pour 196 actes de sabotage, ils risquent la peine capitale, mais refusent d’admettre toute culpabilité devant le Tribunal de Pretoria. Le coupable désigné : l’apartheid et l’Etat qui applique cette politique de ségrégation raciale. Le procès commence en 1963 et dure 9 mois. Accusé n°2, propose en réalité virtuelle une nouvelle déclinaison, une  miniature de leur premier film autour du témoignage à la barre de Walter Sisulu, un des cerveaux du mouvement anti-apartheid. 

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Walter Sisulu (1912-2003) a passé 25 années de sa vie en prison

Walter Sisulu décline son identité devant la Cour après l’acclamation de ses soutiens dans l’assistance du tribunal au cri de "Le pouvoir au peuple !" Interrogé pendant deux semaines par le procureur qui tente de démontrer la marginalité de l’ANC, en vain, Sisulu poursuit la stratégie convenue de faire de ce procès une tribune politique. Il refuse de d énonce l’arbitraire policier vis-à-vis des Africains et refuse de donner les noms de ses coreligionnaires qui ont échappé au coup de filet de Rivonia. Le ministère public ne s’interdit rien puisqu’il argue que les Bantous n’ont aucun désir de participer à la vie citoyenne sud-africaine et donc d’obtenir le droit d’y exprimer leur vote. Condamné à la prison à vie comme ses compagnons, Walter Sisulu passe 25 ans derrière les barreaux. Il est libéré en octobre 1989, quelques mois avant Nelson Mandela. 

Reconstituer les images manquantes du procès de Rivonia

Nelson Mandela est élu président de la République d’Afrique du Sud en 1994 et c’est Walter Sisulu qui dirige l’ANC entre leur libération et cette acmé de l’histoire de l’ANC. Les réalisateurs d’Accusé n°2, inventent les images manquantes sans pour autant imposer une vision de l’histoire exclusive. Les juges y apparaissent ridicules, juchés sur leur solennité outrée au service de ce simulacre de justice. Le soleil crache ses rayons à travers les vitres dans la salle du tribunal plongée dans la pénombre. A la fois sobre et outrancier, le trait offre un corps à ses voix sans les soustraire à l’histoire, sans leur offrir un caractère romantique déplacé. Walter Sisulu défend sa cause devant nous bien qu’il soit mort en 2003. 

par Anaïs Kien

Pour plus d'informations : Accusés n°2 Walter Sisulu et Le procès contre Mandela et les autres , deux films disponibles sur Arte.TV 

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