Une histoire lumineuse

Une rue de bars et de discothèques à Hong Kong, probablement la Cameron Road à Kowloon, vers 1965
Une rue de bars et de discothèques à Hong Kong, probablement la Cameron Road à Kowloon, vers 1965 ©Getty - Photo de Sydlow / Pictorial Parade / Archives Photos
Une rue de bars et de discothèques à Hong Kong, probablement la Cameron Road à Kowloon, vers 1965 ©Getty - Photo de Sydlow / Pictorial Parade / Archives Photos
Une rue de bars et de discothèques à Hong Kong, probablement la Cameron Road à Kowloon, vers 1965 ©Getty - Photo de Sydlow / Pictorial Parade / Archives Photos
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La nuit sera belle à Genève demain soir puisque 149 communes de l’agglomération de Genève ont décidé d’éteindre leur éclairage public pour sensibiliser la population aux méfaits de la pollution lumineuse.

En ville, la lumière s’est pourtant faite désirer : il a fallu attendre le XIXe siècle pour se déplacer en voyant l’endroit où l’on mettait les pieds. A Paris, l’histoire de l’éclairage urbain débute timidement par l’accrochage d’une lanterne à la tour de Nesle à l’entrée de la ville, renforcée par une bougie disposée à la sortie du Châtelet en 1318 après l’agression d’un juge. L’éclairage public reste donc minimaliste  jusqu’au XIXe siècle qui voit apparaître une bougie tous les vingt ou trente mètres, puis les becs Bunsen - qui font craindre les explosions - et enfin, les ampoules électriques qui font craindre l’aveuglement.

La lumière dans la ville, un spectacle brillant

Si la lumière artificielle nocturne est instaurée pour des questions de sécurité, elle se fait aussi spectacle dans les années 1860 sur les annonces de spectacles des colonnes Morris, en voie de disparition aujourd’hui, et sur les toits des immeubles à des fins publicitaires. C’est Kodak qui ouvre le bal en installant un gigantesque K ardent sur un immeuble de la place de l’Opéra. Les vitrines s’allument également et attirent avec succès les passants, puisque le Paris nocturne illuminé est devenu un lieu de promenade envisageable. Après le black-out de la Première Guerre mondiale, c’est une explosion lumineuse qui s’offre aux yeux des passant : les chevrons Citroën s’installent pendant neuf ans sur la Tour Eiffel, un âge d’or qui se poursuivra après la Deuxième Guerre mondiale et l’hypertrophie publicitaire des Trente Glorieuses. 

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De l'émerveillement au dérangement 

L’histoire des enseignes lumineuses perd de sa flamboyance avec les chocs pétroliers successifs des années 1970  et les balbutiements d’une pensée écologiste. Ces publicités conçues pour être vues, plus personne ne veut les voir dans son environnement quotidien. Les néons les plus imposants sont évacués du centre des métropoles et relégués à leurs portes ou sur les périphérique, et la lutte contre la pollution lumineuse devient une cause - voire une guérilla urbaine livrée à la lumière superflue qui persiste dans les rues.

par Anaïs Kien

La Méthode scientifique
58 min

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