Werner Herzog : un regard occidental sur Mikhaïl Gorbatchev

Mikhail Gorbachev, préseident soviètique, lors d'une cérémonie sur la Place Rouge à Moscou en mai 1989, Russie
Mikhail Gorbachev, préseident soviètique, lors d'une cérémonie sur la Place Rouge à Moscou en mai 1989, Russie ©Getty - Gianni GIANSANTI/Gamma-Rapho
Mikhail Gorbachev, préseident soviètique, lors d'une cérémonie sur la Place Rouge à Moscou en mai 1989, Russie ©Getty - Gianni GIANSANTI/Gamma-Rapho
Mikhail Gorbachev, préseident soviètique, lors d'une cérémonie sur la Place Rouge à Moscou en mai 1989, Russie ©Getty - Gianni GIANSANTI/Gamma-Rapho
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Aujourd’hui Anaïs Kien nous parle de la fin de la Guerre froide grâce à un documentaire diffusé ce soir : "Rendez-vous avec Mikhaïl Gorbatchev" de Werner Herzog et André Singer.

Werner Herzog, le célèbre réalisateur de Aguirre la colère de dieu, aime les tournages compliqués, les lieux inaccessibles et les personnages flamboyants. Cette fois-ci c’est Mikhaïl Gorbatchev qu’il a filmé sur une période de six mois. Tout d’abord parce qu’il nourrit une immense gratitude envers le dernier président d’Union soviétique.

Gorbatchev, une figure populaire

Herzog témoigne de la grande popularité de Gorbatchev à l’Ouest et ne cherche à aucun moment à en faire un portrait critique. C’est d’ailleurs un regard occidental sur ses actions qui nous est proposé, rien ne sera dit sur la mémoire sombre de son mandat en Russie où il est fréquemment accusé de traîtrise. A son arrivée au pouvoir en 1985, Mikhaïl Gorbatchev donne un souffle nouveau à la diplomatie internationale et rétablit le dialogue avec le bloc occidental à un moment critique de la Guerre froide. Juste avant son arrivée au pouvoir la guerre, l’Armée rouge envahit l’Afghanistan et se lance dans un conflit meurtrier qui durera près de dix ans et sera condamné par les Nations Unies. 

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Une période funeste pour l'URSS

Herzog s’amuse à raconter la succession des cortèges funèbres d’une année à l’autre, ceux des dirigeants du bloc de l’Est qui ne tiennent pas plus d’une année en poste après le règne d’un Leonid Brejnev devenu sénile : d’abord Iouri Andropov, le mentor de Gorbatchev puis Konstantin Tchernenko déjà très malade lorsqu’il arrive au pouvoir. Gorbatchev impose des réformes, avec la Perestroïka et tente d’amener le communisme à une mutation de sa culture politique en appliquant la transparence politique, la Glasnost ; Perestroïka et Glasnost, ces mots fétiches de la fin de la Guerre froide.  Il séduit Margaret Thatcher et Ronald Reagan avec lequel il parvient à une avancée inédite dans le désarmement mondial après le sommet de Reykjavik en 1986. Celui que l’on surnomme "Gorbi" outre-atlantique prône un rapprochement de la Russie avec l’Union européenne. 

Gorbatchev, personnage tragique ?

Mais c’est la dimension tragique du personnage de Gorbatchev qui intéresse Werner Herzog. Si Gorbatchev tente d’inventer une voie vers la démocratisation du communisme soviétique, il ne parvient pas au bout de la mission qu’il s’est donnée. En 1991 c’est Boris Eltsine qui fait figure de héros et de sauveur après la tentative de putsch ratée  d’août 1991. Gorbatchev est désormais chef d’une structure politique gigantesque qui a cessé d’exister. Contraint à la démission, il devient un spectateur amer du démantèlement de l’URSS, une amertume qui ne l’a pas quitté. Lorsque Werner Herzog l’interroge sur la résurgence d’un climat de Guerre froide aujourd’hui, il ne fait que déplorer le choix de mauvais politiques à la tête des grandes puissances. 

par Anaïs Kien

Pour plus d'informations : Rendez-vous avec Mikhaïl Gorbatchev diffusé ce soir sur Arte puis disponible sur Arte.tv

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