Alors qu'Olivier Py vient d'annoncer le programme très engagé du 71ème festival d'Avignon, un nouvel appel à voter contre le FN a été mis en ligne il y a 4 jours, lancé par des psychanalystes, et signé par des poids lourds de la culture.
Au programme de la 71 ème édition du Festival d’Avignon, Olivier Py revendique trois axes directeurs : une forte présence de l’Afrique avec notamment Unwanted, une pièce de Dorothée Munyaneza sur le génocide rwandais, et la présence de grandes figures de la musique avec le spectacle Basokin, par les Basongye de Kinshasa, mais aussi de Rokia Traoré, Manu Dibango et Angélique Kidjo. Les femmes sont aussi à l’honneur, avec beaucoup de créatrices programmées (un tiers précisément) mais aussi parce que cette édition fait une large place aux figures de femmes dans la fiction, à l’image de l’Antigone de Satoshi Miyagi qui ouvrira le festival. Beaucoup de jeunes créateurs notamment le portugais Tiago Rodrigues, qui présente deux spectacles, Souffle, inspiré par la figure du souffleur au théâtre, les jeunes metteuses en scènes du Birgit Ensemble.
Et enfin, surprise de l’année le feuilleton théâtral mis en place il y a deux ans par Olivier Py, et qui connait un grand succès a été confiée à Christiane Taubira, qui prodiguera chaque jour pendant 14 jours une « leçon de démocratie » à partir de grands textes de la démocratie. Olivier Py revendique ses choix pour cette édition qui aura lieu juste après la présidentielle.
Le festival d’Avignon ce n’est pas qu’une grande liste de spectacles, un supermarché de la culture. C’est un lieu de la conscience politique et de la conscience du monde, et je veux croire que les spectateurs sont bien plus que des consommateurs de spectacle. Le festival est une sorte de communauté d’esprit qui se réunit pour essayer de penser le comment vivre, et le comment vivre ensemble, et donc , le politique.
De nombreux appels du monde des idées et de la culture à contrer le vote FN
Olivier Py, directeur du festival d’Avignon, qui se dit également inquiet et vigilant évidemment sur le tour que prendra cette élection présidentielle, fait partie de ces personnalités qui ont signé voire initié, notamment au moment des régionales toute une série d’appels à voter contre le Front National. A mesure que l’on se rapproche de l’échéance, les appels venus monde de la culture se multiplient, de manière plus ou moins organisée.
On se rappelle de l’appel de Fréjus, lancé au début du mois de février, qui dénonçait la politique culturelle du FN à Fréjus, et notamment « des méthodes d’entrismes et d’intimidations », pointées comme « avant-goût de ce qui pourrait nous attendre nationalement » en cas de victoire à l’élection présidentielle. Il avait été signé par Macha Makaieff directrice du Théâtre de la Criée, et par toute une série de figures de la culture implantées dans le sud de la France mais aussi par Jérôme Clément, ancien président d'Arte et les comédiens Elsa Zylberstein, Jacques Weber et Philippe Torreton.
Un autre appel a émergé il y a trois jours, lancé et porté par des psychanalystes, appelant lui aussi à se mobiliser contre le FN dans les urnes. Il est évidemment soutenu par des psychanalystes et des psychologues français et étranger, mais a aussi été signé par des poids lourds du cinéma, et de la vie intellectuelle française : Léa Seydoux, Xavier Beauvois, Gilles Lellouche, Claire Denis, Bernard Henri Levy ou encore André Wilms, qui préparait lui aussi de son côté un autre appel
Ces appels sont-ils efficaces pour mobiliser l’électorat ?
On peut en effet se demander si ces appels sont pertinents, voire même s’ils ne sont pas contre-productifs, puisque le parti de Marine Le Pen ne semble avoir aucune difficulté à intégrer ces initiatives dans sa communication. Par ailleurs les différentes prises de position des artistes américains contre Donald Trump aux Etats-Unis ne semblent pas avoir fonctionné, loin de là. Pour l’historien Nicolas Lebourg chercheur au Cepel, membre de l’Observatoire des radicalités politiques (ORAP, Fondation Jean Jaurès) et spécialiste du Front National, si ces appels n’ont sans doute aucun effet sur les électeurs FN ils peuvent néanmoins toucher un électorat démobilisé.
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