Comment réviser agréablement ? Quand Tolstoï ressemble à Hegel ou Jane Austen à Pascal, 4 romans où les écrivains ont tout de philosophes…
Les annales du bac sont une catégorie bien précise de l’édition : c’est le genre de livres que l’on fréquente une ou deux années dans sa vie, et qui, il faut le dire, ne laissent pas de souvenirs, sinon parce qu’on a sué dessus…
Difficile d’ailleurs d’innover dans le genre : textes canoniques, auteurs incontournables, notions décortiqués et définitions à apprendre par cœur, la philo est là-dessus une matière bien comme les autres, avec tout un ensemble de choses à « bachoter »…
Comment réviser agréablement ? Grâce à des romans et à prendre les écrivains pour des philosophes ! Soit le plaisir de la littérature alliée à de grandes questions…
Guerre et paix de Tolstoï, c’est un petit peu l’équivalent, en littérature, d’Hegel et ses Leçons sur l’histoire, ou Sartre et sa Critique de la raison dialectique… mais en plus plaisant.
C’est un incontournable, un chef d’œuvre, qui fête d’ailleurs ses 150 ans et qui compte 2000 pages en poche… C’est vrai, c’est énorme, mais on le lit comme on suit une saga, et on y trouve plein de questions passionnantes concernant les notions de culture…
L’histoire : qui la fait ? Une guerre peut-elle être juste ? La religion aussi : Dieu existe-t-il ? Ou l’art : le langage sert-il à exprimer la réalité ? Tolstoï a tout à cet égard du philosophe romancier, qui a su déceler, raconter et revenir au sens de la vie le plus simple face aux événements les plus tragiques…
Sur le cas du romancier philosophe, on a ici l’inverse : Albert Camus, c’est le philosophe-romancier, que l’on a entendu lire, dans une archive de 1954, le tout début de L’étranger. On pourrait le comparer à Schopenhauer ou à Nietzsche car avec lui, il y a aussi un tragique de l’existence qui ne trouve pas une réponse, comme chez Tolstoï dans la croyance et la foi d’un sens de la vie…
Mais finalement, pas besoin de le comparer, Camus est bien ce philosophe de l’absurde entre appel à la vie et nécessité de notre condition… Vous l’aurez compris : Camus et L’étranger, c’est ce qui traverse les notions de morale. Qu’est-ce qu’un devoir moral ? Est-il conciliable avec mon bonheur ? Peut-on vouloir être immortel ?
Autre exemple, autre genre : Orgueil et Préjugés, de Jane Austen… Là, on est dans les notions de sujet. La volonté est-elle complice ou maîtresse du désir ? Est-il raisonnable d’aimer ? Peut-on vivre seul ? Pourquoi aime-t-on une personne ? Je suis ravie de pouvoir évoquer Jane Austen et son roman pour toutes ces questions de raison et de passion, elle n’est pas sans rappeler Descartes ou Pascal, mais en plus réjouissant... Sur le désir, soi, l’autre et l’amour, on pourrait d’ailleurs lire tous ses romans…
Enfin, un écrivain contemporain : Michel Houellebecq. Pour ma part, je le lirai moins comme un philosophe du sujet, de la culture ou de la morale, que comme un penseur politique. A travers ses poèmes, ses chansons et ses romans, il trace un tableau de ces notions au programme : la société, l’Etat ou la justice.
L’homme est-il naturellement sociable ?, sujet où il pourrait être cité aux côtés d’Aristote… La démocratie est-elle le meilleur des régimes politiques ?, à côté de Houellebecq, Hobbes, Rousseau ou Locke, les philosophes du contrat, ou Tocqueville, philosophe de la démocratie, n’ont qu’à bien se tenir…
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