Comment penser l’identité européenne ?

C’est un projet monumental, une somme, une « odyssée humaine et intellectuelle », comme l’annonce la maison d’édition Les arènes : Europa, notre histoire… presque 1400 pages de contributions proposées par 109 historiens et intellectuels du monde entier, pour retracer l’histoire de l’Europe, qui nous marque encore aujourd’hui, la preuve jeudi dernier dans le discours de notre chef d’Etat à Athènes…

Qu’avons-nous fait, nous, européens ?, demandait Emmanuel Macron. Qu’avons-nous fait de l’Etat, de la démocratie, de la souveraineté, de la loi, de tous ces concepts inventés, formés dès la Grèce Antique ? C’est bien la question qui se pose à travers ces multiples articles, qui dessinent une histoire européenne encore vive à travers ses événements historiques, ses récits imaginaires et sa mémoire…

Mais il y a peut-être une autre question qui apparaît, plus fondamentale : non pas qu’avons-nous fait, mais de quoi sommes-nous faits, nous, européens ? Qui sommes-nous, nous, européens ? Car, c’est aussi bien cette question de l’identité qui mobilisent les penseurs de l’Europe et tous ceux qui l’ont chanté…

Husserl, Kant, Habermas, ou encore Paul Valéry, Romain Gary, et ici : Luther, Léonard de Vinci, Erasme, et même Carmen… autant de figures qui ont pensé ou chanté l’Europe depuis Homère et l’Odyssée d’Ulysse, à travers les territoires, et avec des mots plutôt qu’avec des essences rigides…

Mais ces discours, théories ou récits, que l’on prône contre l’essentialisation, suffisent-ils à façonner l’identité européenne ? Peut-on retracer l’identité de lieux, de peuples, de pays, de politiques à travers des mots ? Et quel type d’identité dans ce cas ?

Dans cet ouvrage, la question de l’identité se pose d’abord en termes historiques et justement en termes de récits : est-elle plurielle ou singulière ? Comment se raconte-t-elle ? Comment continuer à l’écrire ? C’est ce que tentent ces 149 articles multiples, variés, vivants…