Faut-il enseigner la philo aux enfants ?

"Le Cercle des petits philosophes", un film de Cécile Denjean
"Le Cercle des petits philosophes", un film de Cécile Denjean - L'Atelier Distribution
"Le Cercle des petits philosophes", un film de Cécile Denjean - L'Atelier Distribution
"Le Cercle des petits philosophes", un film de Cécile Denjean - L'Atelier Distribution
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C’est un marronnier dans le monde de la philosophie : parler de la philosophie pour les enfants. Faut-il et comment encore défendre la "philo pour enfants" ?

Ce Journal s’y est consacré plusieurs fois, de l’atelier philo pour tout petits à la question de son enseignement avant la terminale.
Encore une fois, l’actualité éditoriale impose ce sujet avec deux livres : Philosopher à tout âge : approche interprétative du philosopher, par François Galichet (Vrin), La philo pour enfants expliquée aux adultes, de Johanna Hawken (Temps Présent), et enfin, visible sur vos écrans demain : Le Cercle des petits philosophes, un film de Cécile Denjean, qui suit des ateliers philo et méditation par Frédéric Lenoir. 

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On prend toujours plaisir à écouter et à regarder des enfants en atelier philo.
Plus étonnés, plus naïfs, plus imaginatifs que nous, on est toujours surpris par l’insolite et la profondeur de leur vision du monde. Qu’il s’agisse de grandes questions comme l’amour, la mort ou le temps, ou qu’il s’agisse de leurs manières de manier les images et les exemples, on ne peut qu’être d’accord avec l’idée de la « philo pour enfants ». 

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Pourtant, comme le rappelle Johanna Hawken, dans son livre La philo pour enfants expliquée aux parents, les philosophes classiques n’ont jamais vraiment défendu cette initiative : d’une part, parce qu’ils présupposaient que leur discipline nécessitait connaissances, expérience et maturité ; et d’autre part, parce que l’enfance n’est que peu traitée et valorisée en tant que telle.
Descartes avait ainsi pointé les erreurs enfantines de perception et de jugement et Platon voyait dans le pouvoir accordé à la jeunesse le risque d’un renversement des valeurs et d’une tyrannie. 

Entre le désir, soyons honnêtes, devenu un peu bien-pensant, d’éveiller les enfants à l’esprit critique et la position de philosophes classiques sur l’enfance, faut-il, et comment, encore défendre la « philo pour enfants » ? 

Le Journal de la philo
5 min

Défendre la « philo pour enfants », tout dépend en fait de ce que l’on entend par « philosophie », plus que par « enfant ».
Si comme le dit Montaigne, la philosophie est moins une question de contenu que de contenant, est moins une question de fond que de forme et d’usage, la philosophie semble s’imposer aux plus jeunes. 

Et si la philosophie, comme l’a dit Derrida,  doit contribuer à former les citoyens éclairés, elle s’impose aussi à eux. Et si comme l’a dit Aristote, la philosophie est cet art de l’étonnement, ce n’est même pas elle qui s’impose aux enfants, c’est carrément les enfants qui s’imposent à elle. 

Mais reste alors la question de « comment » défendre la philo pour enfants, moins du point de vue des arguments que de la manière :
Comment réaliser que l’on peut se tromper ? Comment laisser parler quelqu’un en désaccord ? D’où viennent nos croyances et nos idées ? Comment se forger une opinion solide et le défendre ? 

Le film de Cécile Denjean ou le livre de Johanna Hawken montrent à quel point est enjeu la question du « comment » avec les enfants, de la pratique et de l’espace de l’atelier (développé par le philosophe américain Matthew Lipman à la fin des années 60). 

Le livre de François Galichet, Philosopher à tout âge, insiste ainsi sur le fait non pas de conceptualiser mais d’interpréter, c’est-à-dire de s’ancrer toujours dans un contexte et dans un rapport à l’autre. Soit l’idée de ne pas acquérir des connaissances extérieures, mais « d’extraire de chaque figure en soi sa propre grandeur », ce qui s’applique autant aux enfants qu’aux adultes. 

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