George Steiner, philosophe sous le signe de la lecture

 George Steiner à Paris en novembre 1986
 George Steiner à Paris en novembre 1986 ©Getty - Louis MONIER/Gamma-Rapho
George Steiner à Paris en novembre 1986 ©Getty - Louis MONIER/Gamma-Rapho
George Steiner à Paris en novembre 1986 ©Getty - Louis MONIER/Gamma-Rapho
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Disparu le lundi 3 février à l’âge de 90 ans, à Cambridge, le philosophe et critique littéraire George Steiner nous lègue une œuvre de lecteur guidée par les mots, l’écriture et les signes... Quelles sont les conditions pour bien lire ?

Quelles sont les possibilités du langage d’une langue à l’autre ? Quelle richesse d’interprétation permet un texte ? Y a-t-il des livres illisibles ? Ou encore : quelle place faire au silence dans nos voix ?... ce sont les quelques questions qui ont ponctué sa pensée. 

Auteur trilingue (allemand, français, anglais), théoricien de la traduction, journaliste et critique, enseignant à Cambridge et Princeton, professeur émérite de littérature comparée à Genève, George Steiner a appris la philosophie aux côtés de Leo Strauss.
Imprégné par l’œuvre de Heidegger, fasciné par les écrivains d’extrême-droite tels Céline ou le poète Ezra Pound, il n’écartait aucun texte, préférant l’abus à la censure. 

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En relisant certains passages de ses livres hier soir, et en réécoutant ce matin plusieurs archives de lui, je crois que ce qui m’a le plus frappé est ce qu’on appellerait une ouverture d’esprit, une décontraction même (il a présenté une première thèse sans notes de bas de pages ni bibliographies), de l’humour, allié pourtant à un esprit aristocratique, une défense élitiste de la lecture, un amour des classiques, inquiet de la perte culturelle de notre époque.
De là, Steiner me semble poser ces questions essentielles, auxquelles sont confrontés tous ceux qui se frottent aux livres ou que devrait affronter tout étudiant ou professeur : comment être attaché et transmettre une tradition sans être ringard, en étant lisible ? Comment voir dans un texte écrit il y a plusieurs siècles l’essence même de la vie, une puissance sans cesse actualisable ?
La réponse se trouve, je crois en partie, chez George Steiner. 

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