

L’été est l’occasion de lire ou de relire les grands classiques de la philosophie. Aujourd'hui, plongée dans le système apparemment infaillible du contrat social rousseauiste...
Pour l’été, je vous ai en effet sélectionné 5 livres de philo qui, SELON MOI, changent la vie. J’en suis déjà au 4ème, et vous allez être déçus, auditeurs-auditrices, car il n’y aura pas, comme vous le suggérez dans vos messages : l’Ethique de Spinoza, pas de Nietzsche, ni de Platon, ni de Camus non plus. Je note, malgré cela, la suggestion de « Greg » que j’ai eu ce matin, un tweetos qui m’indique que le « philosophie terminale ES-S chez Hatier » a changé sa vie en déchirant le fond de son sac à dos… c’est vrai que ça marque ! Je reviens pour ma part à un philosophe classique de chez classique mais pourtant très peu mentionné : Rousseau !
Indépassable Rousseau
Hasard des études ou passage obligé de n’importe quel parcours universitaire en philo, je dois dire que Rousseau a été mon compagnon presque quotidien depuis la terminale. Et même avant, car j’ai eu droit à l’oral de français aux Rêveries du promeneur solitaire. Après pour le bac philo, j’ai potassé le Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes pour le bac, puis plus tard, j’ai côtoyé la Lettre à d’Alembert, l’Emile, quelques-uns de ses textes sur la musique et même ses Lettres écrites de la montagne.
Mais comme vous l’avez entendu, celui que j’ai dû lire et relire, c’est le Contrat social ! Je me souviens de ce professeur de philo qui nous avait demandé de le lire en 2 jours, j’avais laissé tomber dès les 1ères lignes, que vous avez entendues, tant elles me semblaient évidentes et impossibles à interroger et à déconstruire, tant elles me semblaient brillantes, nécessaires, vraies. Et je dois dire que presque chacune des phrases de Rousseau, en tout cas du Contrat social, m’a fait le même effet, je les ai toujours trouvées justes, puissantes, indépassables…
Quelques phrases du Contrat à retenir
Parmi ces phrases, il y a par exemple celle-ci : « Trouver une forme d’association qui défende et protège de toute la force commune la personne et les biens de chaque associé, et par laquelle chacun s’unissant à tous n’obéisse pourtant qu’à lui-même et reste aussi libre qu’auparavant » Tel est le problème fondamental dont le contrat social donne la solution. » Qui pourrait dire mieux ?
Ou sur la volonté générale : « Il y a souvent bien de la différence entre la volonté de tous et la volonté générale ; celle-ci ne regarde qu’à l’intérêt commun, l’autre regarde à l’intérêt privé ; mais ôtez de ces mêmes volontés les plus et les moins qui s’entredétruisent, reste pour somme des différences la volonté générale. »
Ou encore, très actuel : « quand le nœud social commence à se relâcher et l’Etat à s’affaiblir ; quand les intérêts particuliers commencent à se faire sentir, l’intérêt commun s’altère et trouve des opposants, l’unanimité ne règne plus dans les voix, la volonté générale n’est plus la volonté de tous, il s’élève des contradictions des débats, & le meilleur avis ne passe point sans disputes. »
Parfait, trop parfait ?
Mais comme cet extrait de Rousseau, juge de Jean-Jacques le suggère, comme la réputation qui lui colle à la peau, si j’ai toujours trouvé Rousseau indépassable, je l’ai toujours trouvé suspect aussi. Comment critiquer un système qui semble absolu, inquestionnable, indépassable justement ? Comment faire face philosophiquement à un tel monument d’intuition et de démonstration ? Rousseau, au fil des années m’a en fait permis d’affuter mes arguments et contre-arguments, j’ai adoré lire ses adversaires et tenter de trouver toutes les failles de son système parfait, trop parfait. Mais il reste une grille de lecture, de base, comme Descartes ou Kant le sont pour d’autres.
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