La philosophie d’Emile Zola

Emile Zola
Emile Zola ©AFP - COLLECTION CHRISTOPHEL
Emile Zola ©AFP - COLLECTION CHRISTOPHEL
Emile Zola ©AFP - COLLECTION CHRISTOPHEL
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Pourquoi « le travail est la vie elle-même » selon Zola ? Réponse avec l’essai d’Arnaud François, La philosophie d’Emile Zola (éditions Hermann).

La philosophie d’Emile Zola, voici mon actualité du jour et qui tient en un seul livre, écrit par Arnaud François. Ce livre, vous pourrez le découvrir demain, en librairie, aux éditions Hermann. 

Mais déjà, je voulais poser la question : à quoi peut bien ressembler la philosophie de Zola ? De quelle pensée s’imprègne-t-on quand on lit du Zola ?

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A cette question, ce qui peut tout de suite venir en tête, c’est bien sûr toute son idéologie et son style, qui sous-tendent les 20 romans de la saga des Rougon-Macquart : celles d’un naturalisme littéraire dont il s’est fait le maître. 

Mais c’est aussi toute sa pensée du travail, car, oui, le 1er livre qui nous vient tout de suite en tête quand on parle de Zola, c’est bien Germinal ! 

Germinal, c’est le roman par excellence de la condition ouvrière en plein bouleversement industriel. Mais c’est pourtant dans un autre texte, moins connu, que l’on trouve peut-être toute la clé de la pensée de Zola sur le travail. 

Ce texte, c’est Travail, tout simplement, paru en 1901 dans la série des Quatre évangiles. Et c’est un texte dans lequel Zola, aussi connu pour son engagement socialiste et dreyfusard, livre cette phrase incontournable : « le travail est la vie elle-même, la vie est un continuel travail des forces chimiques et mécaniques ». 

Du travail identifié à la vie et inversement, telle serait donc sa philosophie… mais en quoi le travail serait-il identique à la vie, et en quoi la vie, c’est chimique et mécanique ? C’est bien la question… Car, oui, pourquoi, parce qu’on vit, devrait-on forcément travailler ? 

Mieux qu’une simple philosophie du travail, Zola nous livre donc, en fait, une philosophie de la vie. Et c’est bien la thèse proposée dans cet essai, grâce à Zola, à partir de son œuvre : le travail et la vie ne font qu’un. Mais alors comment ? Comment des poireaux travaillent-ils ? Comment travail et vie s’articulent-ils ? Et de quelle vie s’agit-il alors ? D’une vie de labeur, d’une existence consciente et politisée, comme on la lit dans Germinal ? Ou d’une vie plus organique, biologique, végétale, comme celle des légumes, si bien décrits dans cet extrait du Ventre de Paris ? Ou alors, justement, s’agit-il de cette vie en gestation, qui se fait, se fabrique, travaille et se travaille, et se transmet de génération en génération ? Ces questions soulevées, à partir de Zola, sont passionnantes, parce qu’elles mettent précisément le doigt sur une de nos obsessions : à quoi bon travailler ? 

C’est avec son roman, Le docteur Pascal, l’un des derniers romans des Rougon-Macquart et l’un des personnages que l’on peut même identifier à Zola lui-même, que le lien entre travail et vie apparaît aussi : non pas seulement le travail sur la vie, telle que l’effectue un médecin, ou le travail qu’accomplit la vie, mais plutôt la vie que l’on accomplit, que l’on fait, que l’on se fabrique, à travers les âges. 

« Faire de la vie » est ainsi une des expressions les plus fameuses de Zola, et c’est même le sous-titre de cet essai. Et faire la vie, c’est bien la travailler, la fabriquer, mais aussi la rendre, la créer. C’est ce qu’a fait Zola, à sa façon, à travers une manière de penser, mais aussi d’écrire, au plus près de la réalité… A quoi bon alors travailler ? Peut-être à cela : à rendre la vie, mais pas à n’importe quel prix, au plus près de la réalité, au plus près de sa chimie et de sa mécanique, pour mieux la transformer. 

-Germinal, film de Claude Berri (1993)

-Le ventre de Paris, lu par Jean Davy (Heure de culture française, 1958)

-Le docteur Pascal, lu par François Maistre (Relecture, 1976)