La philosophie doit-elle nous rendre heureux ?

La mélodie du bonheur, film de Robert Wise avec Julie Andrews
La mélodie du bonheur, film de Robert Wise avec Julie Andrews ©AFP - COLLECTION CHRISTOPHEL © Robert Wise Productions / Argyle Enterprises
La mélodie du bonheur, film de Robert Wise avec Julie Andrews ©AFP - COLLECTION CHRISTOPHEL © Robert Wise Productions / Argyle Enterprises
La mélodie du bonheur, film de Robert Wise avec Julie Andrews ©AFP - COLLECTION CHRISTOPHEL © Robert Wise Productions / Argyle Enterprises
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Deux essais qui lient philosophie et bonheur sont l’occasion de se poser à nouveau cette question.

Parlons aujourd’hui de l’utilité de la philosophie, rien que cela. Car à voir les nombreux articles, essais, ou encore, interventions qui relèvent de cette discipline : c’est bien cette question qui s’impose : à quoi sert-elle ? Pourquoi y faire appel ? De quel secours est-elle ?

Certains diront à débrouiller le réel en soulevant les bonnes questions, sans savoir pourtant ce qu’est le réel ou une bonne question, d’autres répondront à rien, et ils auront sûrement raison, enfin, d’autres diront, à mieux vivre. Et c’est cette dernière possibilité qui nous intéresse aujourd’hui !

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Mieux vivre, voire vivre bien, et même, pourquoi pas, atteindre le bonheur grâce à la philosophie, avec ces deux essais qui viennent tout juste de paraître : la réédition de Métaphysique du bonheur réel d’Alain Badiou aux éditions PUF, et la parution d’Un bonheur sans mesure de Laurence Devillairs, chez Albin Michel, où tout commence selon elle avec cette paradoxale injonction à être heureux…

A la fin des années 80, un célèbre club de vacances nous exhortait au « bonheur, si on veut ». « SI ON VEUT », ce n’était pas une nécessité, ce n’était pas obligé. Et telle est bien le paradoxe que Laurence Devillairs dégage, dès le début de son livre, avec ce slogan : pourquoi, depuis quand le bonheur, est-il devenu une obligation ?

A quoi bon un bonheur auquel on serait obligé, ou du moins, dont le désir serait bien réel, mais néanmoins provoqué et orienté ? A croire que ce désir de bonheur serait aujourd’hui plus fort que le bonheur lui-même…

Il y a donc une ironie de la philosophie à lire ces pages : quand on attend d’elle qu’elle nous conduise au bonheur, elle nous pousse donc à interroger ce désir même : pourquoi le vouloir ? Pourquoi le vouloir, vraiment, consciemment, et comment l’exercer, et sous quelle forme ?

Le désir de bonheur reste aussi chez le philosophe Alain Badiou inchangé… qui parlait à ce micro-même, en janvier 2015, de son vieux reste de platonisme… Mais plus que le désir de bonheur, c’est justement son exercice qui l’intéresse dans sa Métaphysique du bonheur réel : comment la métaphysique, d’ailleurs, l’exercice d’une pensée logique et la découverte, est le signe de cette béatitude, et même la béatitude, c’est bien ce que nous dit ici Badiou. Mieux que de mener au bonheur ou d’interroger le bonheur, et si la philosophie était donc elle-même le bonheur ?