Les 100 ans du Bauhaus, construire la construction

L'école Bauhaus à Dessau, conçue par l'architecte Walter Gropius en 1926
L'école Bauhaus à Dessau, conçue par l'architecte Walter Gropius en 1926 ©Getty - General Photographic Agency
L'école Bauhaus à Dessau, conçue par l'architecte Walter Gropius en 1926 ©Getty - General Photographic Agency
L'école Bauhaus à Dessau, conçue par l'architecte Walter Gropius en 1926 ©Getty - General Photographic Agency
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Toute cette année marque les 100 ans du Bauhaus. Ecole d’art allemande mais plus largement courant artistique, quelle philosophie de la construction a-t-il déployé ?

Le Bauhaus, littéralement la « maison du bâtiment », a marqué la première moitié du XXème siècle. Design et architecture, d’une nouvelle manière de les enseigner jusqu’à une nouvelle manière de les produire, d’un manifeste théorique à une concrète esthétique, l’idée était de produire un tout, une unité entre le savoir et le savoir-faire, entre l’art et l’artisanat, entre élèves et maîtres, entre la création unique et la production en série.
Mais quel était l’esprit de cette unité ? La philosophie ? Et qu’en reste-t-il aujourd’hui ? 

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Un manifeste de la construction

Le but final de toute activité créatrice est la construction ! La décoration des bâtiments était jadis la fonction la plus noble des beaux-arts et était indispensable à la grande architecture. Aujourd’hui elle n’existe que dans la complaisance dont seule peut la sortir  l’activité collaborative, consciente et concertée des représentants de tous les corps de métiers. Architectes, peintres et sculpteurs doivent réapprendre à connaître et à comprendre la complexe mise en forme de la construction dans son ensemble et dans ses parties; alors leurs œuvres seront d’elles-mêmes à nouveau remplies de l’esprit architectonique qu’elles ont perdu dans l’art de salon.

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En 1919, Walter Gropius écrit Le manifeste du Bauhaus. Comme on peut le lire, l’accent est mis sur la construction. Assez attendu, peut-on se dire, pour une école et un courant artistique d’architecture.
Mais que faut-il entendre par « construction » ? Est-ce si simple de dire ce qu’est une construction ? Est-ce si simple de définir l’acte de « construire », car construire engage toujours autre chose que la construction pure et simple, on construit toujours quelque chose, et pas rien, et on construit toujours d’une certaine manière, et pas n’importe comment, au petit bonheur la chance. Qu’est-ce que construire alors ? 

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C’est là tout l’apport de l’entreprise de Gropius : avoir construit la construction. Et dans un double sens, car, dans son ambition systématique, le Bauhaus a cherché à construire, à bâtir concrètement des maisons, des objets, des lignes, une esthétique, mais elle a aussi cherché à construire une pensée, et en l’occurrence, à construire une pensée de la construction.
Tout cela peut sembler un peu rhétorique, mais elle révèle en fait une idée cruciale : exposer ce qui habituellement ne se montre pas de la construction, révéler les rouages, les dessous, les mécanismes de ce qui est construit et que l’on utilise, pense ou habite sans jamais les interroger. Et c’est en cela, un acte philosophique. 

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Construire la transparence 

Parmi les grands noms du Bauhaus, il y a celui de Marcel Breuer, architecte et designer à qui l’on doit par exemple la chaise Wassily, en hommage à Kandinsky, chaise faite à partir d’un guidon de vélo et en tubes d’acier. Elève puis professeur du Bauhaus, dans cette archive de 1973, il revient sur l’idée de transparence, de souplesse, de facilité qu’il a mise au cœur de ses œuvres. 

On retrouve ainsi le geste du Bauhaus, tel que décrit par Gropius, je cite : « Nous voulons donner corps à une architecture claire et organique (…), qui se dégage de tout ce qui n’est pas indispensable et de tout ce qui masque la structure de l’édifice ». 

Plus que construire la construction et en montrer le processus, l’enjeu est aussi de construire sans superflu, en toute transparence, en toute légèreté, sans artifices, sans décor.
Mais comment construire la transparence, le minimalisme, la pureté, la simplicité ? Peut-on tout montrer, même le moche, le laid d’une construction ? Et faut-il d’ailleurs tout montrer ? Question passionnante qui dépasse largement le cadre de l’architecture, mais que seul le Bauhaus a su mettre littéralement sur la table. 

Sons diffusés :

  • Bauhaus - Bela Lugosi's Dead
  • Interview de Marcel Breuer, 1973

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