Patrick Sébastien, des études philo à "Pourvu que ça dure"

François Miterrand et Patrick Sébastien en 1994
François Miterrand et Patrick Sébastien en 1994 ©AFP - François GAILLARD
François Miterrand et Patrick Sébastien en 1994 ©AFP - François GAILLARD
François Miterrand et Patrick Sébastien en 1994 ©AFP - François GAILLARD
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L'humoriste et animateur télé Patrick Sébastien publie ses mémoires et revient sur la notion de bienveillance, son cheval de bataille...

Patrick Sébastien, humoriste et animateur d'émissions de divertissement de télévision, publie Et si on était bienveillant aux éditions XO.

De Patrick Boutot à Patrick Sébastien

« Au lieu de gueuler contre ce que t’as pas, chante le refrain que chantait ton papa »
Vous avez sans doute reconnu la mythique chanson de Patrick Sébastien « Pourvu que ça dure », sortie en 2002. Patrick Sébastien est né en 1953 à Brive-la-Gaillarde. Son véritable nom est Patrick Boutot, fils d’Andrée Boutot et de père inconnu. Elle, la fille-mère, lui, le bâtard. Les premières années sont difficiles, mais Patrick Boutot gagne en caractère. Il termine l’école, va à la fac de lettres, étudie la philosophie. Il veut rentrer dans la fonction publique, mais échoue au concours de commissaire de police. Qu’à cela ne tienne ! Patrick Boutot a plus d’un tour dans son sac, il imite à merveille Salvatore Adamo et le général de Gaulle. Et si c’était un métier ? Pourquoi pas. Il débarque à Paris avec 600 francs en poche. Il écume les cabarets de la capitale, agrandit son répertoire d’imitations à Bourvil et Joe Dassin. Il n’est plus Patrick Boutot, il est Patrick Sébastien, reprenant le prénom de son fils qui périra plus tard dans un accident. Petit à petit, Patrick Sébastien, donc, gagne en notoriété jusqu’à se faire inviter à la télévision et prendre les rennes d’une émission sur TF1. Carnaval d’abord, Sébastien c’est fou ensuite. Le succès de ses émissions est tel que tous les politiques s’y pressent. Patrick Sébastien, lui, continue ses canulars, se déguise, se glisse déguise en candidat anonyme dans toutes les émissions possibles. Condamné en 1995 par la 17ème Chambre, il veut tout arrêter. Mais là encore, le spectacle le rattrape et il revient en 1998, sur France 2, cette fois, présenter le Plus grand cabaret du monde qui donne accès à la scène à une myriade d’artistes français et internationaux : danseurs, comiques, équilibristes, dresseurs d’animaux, danseurs et j’en passe. Des talents émergent et reçoivent le soutien du baron du petit écran. Patrick Sébastien se balade parmi ses invités, fait la promotion de spectacles, de films, de livres et à la fin, toujours, monte lui-même sur scène pour pousser la chansonnette. « Les sardines », « la Fiesta », « Tournez les serviettes », mais aussi « On va finir à poil », « On voudrait des sous », les tubes se succèdent et ne se ressemblent pas. Au succès télévisuel s’ajoute une intense production cinématographique et livresque. 

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Le RenDez-Vous
50 min

La voix de ceux qui sont sans voix

Patrick Sébastien est un touche à tout qui porte haut la culture populaire, il est la voix qui divertit ceux qui sont sans voix. Et puis le mois dernier, le couperet tombe, après l’éviction de David Pujadas, puis de Julien Lepers, c’est à Patrick Sébastien de quitter France 2. Le showman n’en prend pas ombrage. Il est déçu, certes, mais ne veut pas jeter de l’huile sur le feu. C’est ce qu’il répète en faisant la promotion de son dernier livre Et si on était bienveillant aux éditions XO. La bienveillance, voilà un cheval de bataille qui lui ressemble. Il se dit rousseauiste. Il croit, lui, à la nature profondément bonne de l’homme. Il croit, lui, qu’il faut inlassablement travailler à être vertueux pour espérer l’être véritablement un jour. Il croit, surtout, que la bienveillance est aussi une politique. 

Drôle de résonance avec les événements récents. Lorsqu’il est interrogé, sur I24News, par Anna Cabana à propos des gilets jaunes, il dit qu’il a peur que ça dégénère. Il le souligne aussi, il n’est pas toujours d’accord avec la méthode. Mais tout de même, il le répète, « c’est ma France », cette France périphérique et oubliée dont les géographes et les sociologues ont mille fois déjà dressé les contours, cette France avec qui, depuis quelques décennies déjà, il tourne les serviettes. À l’écouter on se dit que l’interlocuteur introuvable des gilets jaunes est tout trouvé. La bienveillance, c’était aussi, souvenons-en, le grand thème d’Emmanuel Macron alors qu’il était candidat à l’Élysée.