

La rentrée n’est pas que littéraire, elle est aussi philosophique et musicale, aujourd’hui avec la philosophe Agnès Gayraud qui creuse le sillon de la pop dans son ouvrage ‘La dialectique de la pop’. Toute la semaine, petite sélection non exhaustive d’ouvrages qui marquent la rentrée.
This is pop, chante XTC. D’accord, mais qu’est-ce que la pop ?... C’est au fond la question d’Agnès Gayraud, dans sa Dialectique de la pop paru aux éditions La rue musicale et la Découverte.
Question simple, car on sait tous ce que c’est, la pop. Certes, elle couvre un ensemble d’objets, de figures, d’époques et de préjugés, mais la pop, c’est tout simplement la « musique populaire enregistrée », celle qu’on écoute, du charleston à Johnny Halliday, du rock à Beyoncé.
Mais c’est aussi, et c’est tout l’enjeu de ce livre, vous vous en doutez : une question compliquée. Car on sait ce qu’est la pop, on danse dessus, mais saurait-on le dire ? C’est paradoxal, mais le fait est là : on sait ce qu’est la pop sans le savoir.
Se demander « qu’est-ce que la pop ? », c’est ainsi interroger ce qui nous est familier mais que l’on ne pense jamais. Trop légère, pas assez profonde, penser la forme pop, c’est faire l’expérience du négatif : la penser alors qu’on la connaît déjà mais sans le savoir ET sans avoir jamais pensé à la penser. D’où ce défi passionnant : que faut-il alors en penser ?
La fête est finie
C’est tout le paradoxe de la pop : elle est là, elle existe, nous entête, nous oppresse ou nous enchante, mais quoiqu’il en soit elle est là et on ne la pense pas. Pourtant, et c’est cet aspect qu’Agnès Gayraud explore dans son ouvrage : la pop, elle, se pense. Elle a déjà une profondeur, une réflexivité, une idée d’elle-même, et elle est même sa meilleure critique.
Encore faut-il savoir l’entendre. Encore faut-il savoir écouter sa dialectique. Par exemple, dans cette chanson de Nat King Cole, on entend que la fête est finie mais qu’elle a bien eu lieu, on entend aussi cette injonction, cet ordre, à se laisser aller. En fait, on entend que la pop nous dit une chose mais aussi son contraire. Qu’elle est pop et anti-pop. Qu’elle est à la fois une culture et une industrie, une émancipation de soi et un plébiscite planétaire.
Peut-être est-ce une ébauche de réponse : ce qu’est la pop, c’est ce mouvement incessant entre ce qu’elle est, tout en ironisant de l’être.
Pop et anti-pop
Pour prouver cette dialectique de la pop, Agnès Gayraud parcourt toutes ses figures : c’est un ouvrage foisonnant qui regorge de références multiples et de références qui, comme Beyoncé, sont capables de métamorphoses, de collages, de retournements et de paradoxes à elles seules.
Un ringard qui devient une star, des refrains trop parfaits, des robots qui imitent des hommes qui imitent des rossignols, des hits, des hooks et des hillbilly… Voilà qui donne à penser, sans nous ôter complètement la magie d’un tube qui, avant d’hanter notre tête, nous entête.
Extraits musicaux :
- XTC, This is pop
- Nat King Cole, The party’s over
- Beyoncé, Countdown
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