Sensibiliser à la cause animale

Les loups du Gévaudan (11/07/2012)
Les loups du Gévaudan (11/07/2012) ©AFP - PHILIPPE HUGUEN
Les loups du Gévaudan (11/07/2012) ©AFP - PHILIPPE HUGUEN
Les loups du Gévaudan (11/07/2012) ©AFP - PHILIPPE HUGUEN
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Comment les essais sur la cause animale cherchent-ils à nous sensibiliser sur ce problème ?

La cause animale, c’est un sujet d’actualité qui continue à alimenter les réflexions des chercheurs de tout bord et donc des philosophes. Ces essais ne prennent pas la même forme mais ils ont tous le même but : nous sensibiliser à la cause animale intelligemment. La formule est importante, car pour comprendre et agir sur une cause, encore faut-il y être sensible. Mais comment sensibiliser à un problème dont l’énoncé pourrait suffire à faire réagir ? Comment l’esprit peut-il être touché et activé sur un sujet ?

Parmi les moyens utilisés pour sensibiliser à une cause, il y a bien sûr le choc, qui passe plutôt, comme ce genre de reportages, par l’image. 

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L’image, c’est aussi le parti-pris du livre d’Audrey Jougla et Laurent Baheux, A_nimalité, 12 clés pour comprendre la cause animale_, qui associe des notions (liberté, empathie, valeur) à des photos d’animaux. A ceci près que les photos ici tranchent par leur douceur et leur beauté…  La sensibilisation passe ainsi non par la reproduction des violences faites aux animaux, mais par un contrepied à ces violences. 

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Faut-il alors abandonner l’intention de choquer ? Un autre essai, de Valéry Giroux, Contre l’exploitation animale (L’âge d’homme), mise, lui, sur la puissance de l’argument philosophique. Face à la logique implacable de la démonstration rationnelle, l’esprit ne pourrait que s’incliner, il ne peut que se rendre à l’évidence. 

Mais notre esprit est-il vraiment sensibilisé à coup d’arguments ? Et inversement, notre chair est-elle en mesure d’agir rationnellement après un choc ? La question est vraiment passionnante : qu’est-ce qui fait qu’un problème, pourtant compris, pourtant ressenti, ne devient pas pour autant un problème pour moi ? Pourquoi un problème ne me pose-t-il pas forcément problème ?

Le problème de la sensibilisation de l’esprit à un problème, tel la cause animale, c’est de trouver, à travers la parole et l’argumentation, un registre intermédiaire entre le pur pathos et le pur rationalisme. Et c’est peut-être ce qu’on trouve d’une certaine manière dans les documentaires animaliers… C’est aussi ce qu’on trouve dans le livre de Fleur Daugey, Animaux homos (Albin Michel), dans lequel elle se penche sur l’homosexualité animale, battant en brèche l’idée qu’elle serait « contre-nature »… 

Enquête étonnante, elle ne fait pas entrer les animaux dans notre monde (de la politique, de l’éthique et de l’esprit), mais c’est elle qui entre dans leur esprit et leur monde… C’est d’ailleurs une tendance qu’on peut remarquer : cette tendance à tenter de véritables expériences de pensée… 

On peut rire d’un tel récit : un loup-garou, ou un homme se prenant pour un loup… mais il restitue d’une certaine manière les expériences de pensée tentées aujourd’hui : celles non pas de penser l’animal ou de penser avec l’animal, mais celles de penser comme l’animal (c’est presque du transanimalisme). 

C’est ce que révèle le livre de Baptiste Morizot, Sur la piste animale paru chez Actes Sud. Dans la lignée de l’américain vétérinaire, Charles Foster, qui se met « Dans la peau d’une bête », il nous raconte ici comment pister, c’est-à-dire comment apprendre non pas à être sensibilisés aux animaux, mais sensibles comme des animaux, dans leur manière de vivre et d’habiter le monde. 

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