

Un débat est organisé à l’Assemblée nationale ce lundi à 17h à propos de l’opération militaire menée par Paris, Londres et Washington contre des sites chimiques syriens.
Comme le rappelle Le Monde, la Constitution stipule, dans son article 35, que le gouvernement « informe le Parlement de sa décision de faire intervenir les forces armées à l’étranger, au plus tard trois jours après le début de l’intervention ». « Il précise les objectifs poursuivis. Cette information peut donner lieu à un débat qui n’est suivi d’aucun vote », ajoute l’article. Lorsque la durée de l’intervention excède quatre mois, le gouvernement soumet sa prolongation à l’autorisation du Parlement. On sait que l’intervention française n’a pas suscité d’union sacrée, de nombreuses voix critiquant cette action menée sans mandat de l’ONU. Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen, ou encore Laurent Wauquiez l’ont dénoncée. Le Parti socialiste, des personnalités comme Alain Juppé et Xavier Bertrand, ou encore l’UDI soutiennent, en revanche, cette opération. Pour le président de l’Assemblée nationale François de Rugy, ce débat permettra aux Français de voir « qui, parmi les parlementaires en France, fait preuve d’une grande mansuétude – pour ne pas dire une grande faiblesse – à l’égard de la Syrie de Bachar Al-Assad, mais aussi de la Russie », et « ce qu’ils feraient s’ils étaient aux responsabilités en pareilles circonstances ».
2018 n'est pas 2013
Dans le Figarovox, Antoine Vitkine revient sur le précédent de 2013 et analyse la situation actuelle au regard de celle qui avait amené le président Obama à renoncer à intervenir alors que le régime syrien avait franchi la « ligne rouge » sur l’utilisation de l’arme chimique. « Le régime était alors extrêmement affaibli et l'opposition armée, contrôlant plus de la moitié du pays, se trouvait aux portes de Damas. Dès lors, dans l'esprit d'Obama et des dirigeants occidentaux, existait une crainte : que des frappes, même limitées, constituent l'élément déclencheur de la chute du régime. » Le journaliste, auteur du documentaire Bachar. Moi ou le chaos rappelle qu’à l’époque, « Depuis l'Irak et la Libye, chacun était conscient qu'il fallait éviter de susciter l'effondrement d'un État sans être capable de garantir une alternative. De surcroît, la dimension confessionnelle faisait craindre une aggravation de la guerre civile et la forte présence des islamistes au sein de l'opposition conduisait à la prudence. Enfin, il fallait éviter de mettre en péril le délicat accord nucléaire avec l'Iran, accord visant à éviter le scénario cauchemardesque d'un Moyen Orient nucléarisé. » Aujourd’hui, la situation est bien différente, et les frappes devraient permettre aux Etats-Unis, à la France et à la Grande-Bretagne « en faisant respecter une ligne rouge plusieurs fois rappelée, de démontrer qu'ils tiennent leur parole et qu'ils sont capables de s'en donner les moyens. Dans un monde dangereux où les rapports de force sont la norme, ce serait un signal important. » D’autant qu’il semble bien que la longue série d’attaques chimiques – pas forcément plus meurtrières que des bombardements aveugles mais constitutives de crime de guerre – soient « des défis adressés aux Occidentaux », par le régime syrien « mais aussi par Poutine qui n'a pas tenu sa promesse d'éliminer l'arsenal chimique du régime en 2013, sans qui pas un avion ne décolle en Syrie et qui observe avec attention la réponse d'Occidentaux dont il n'a de cesse de tester la résolution ».
L’avenir politique de la Syrie en perspective
Dans la perspective des négociations internationales sur l’avenir politique de la Syrie, reprendre un tant soit peu la main dans le conflit, et sur des motivations dictées par le droit international, ménagerait un faible mais réel avantage. Pour le quotidien libanais L’Orient le jour, cité par Courrier international, « Les Occidentaux ont privilégié l’option la plus modérée. » Trois cibles liées au programme d’armement chimique syrien : « Ni frappes symboliques, ni opération de changement de régime : trouver le bon compromis entre ces deux types d’actions, sans provoquer d’escalade avec la Russie, était la principale difficulté de la riposte occidentale. » Un compromis qui laisse donc la porte ouverte aux pourparlers sur l’avenir du pays, phase essentielle de la fin du conflit. Contrairement aux déclarations triomphantes qui célèbrent chaque victoire militaire du régime (Homs, Alep-est) la partie est loin d’être gagnée, estime Ziad Majed sur le site de L’Obs : des régions entières, autour d’Idlib et Deraa, moins isolées et moins faciles à assiéger, restent acquises à l’opposition.
La Russie et l’Iran n’ont toujours pas réussi à capitaliser politiquement sur leurs succès militaires – ajoute le politologue libanais. La réunion de Sotchi, fin janvier, sur la situation en Syrie s'est soldée par un échec prévisible, mettant en lumière la difficulté pour la Russie à proposer une solution au conflit syrien.
D’autant qu’après la victoire militaire se pose la question des déplacements forcés des populations. « Le régime cherche à modifier la démographie confessionnelle du pays, notamment à l’ouest. C’est une forme de nettoyage ethnique. » Et l’on apprend aujourd’hui qu’un décret de loi vise à exproprier et spolier les déplacés et réfugiés. « Trop tard et trop peu » estime Dominique Moïsi dans Les Echos. « En avoir fait si peu, après des utilisations répétées d'armes chimiques, par un régime cruel et cynique, n'est pas glorieux. Mais n'avoir rien fait aurait été bien pire. Le coût de l'inaction et de l'indifférence - se cachant derrière de petits calculs politiques ou des visions stratégiques dangereuses et fausses - était tout simplement inacceptable. »
Par Jacques Munier
Lettre ouverte au secrétaire général de l’ONU à propos de la Syrie et de la nécessité d'une transition politique sous l'égide de l'ONU, rédigée par des démocrates syriens. On sait que l'actuel ciblage militaire des réserves chimiques n'arrêtera pas les bombardements massifs des civils ni le système de terreur et de torture en prison, que vient couronner l'actuelle spoliation et expropriation méthodique de millions d'exilés, inscrite depuis quelques jours dans la loi du régime.
Vous pouvez soutenir cette initiative en ajoutant votre signature : Nom, prénom, fonction adressés à : mohamad.alroumi@gmail.com
Gazé, violé, saigné, bombardé, exécuté, affamé, découpé, expulsé, réfugié, spolié, éloigné, séparé, abandonné… Voilà maintenant sept ans que notre peuple subit en Syrie cette tragédie humaine dont on connaît les conséquences : des tués par centaines de milliers, 13 millions de déplacés, 5 millions de réfugiés dans des camps sans toits, sans écoles, sans hôpitaux…
Cette révolte populaire pacifique contre la dictature s’est transformée en un bourbier géopolitique dans lequel chacun avance ses pions et défend ses intérêts tandis que le régime persiste à écraser son peuple et à détruire son pays.
Nous, intellectuels et artistes syriens, appelons tous les humanistes et démocrates à signer cette lettre ouverte au secrétaire général de l’Organisation des Nations unies. Nous demandons à l’ONU d’agir pour arrêter cette sauvagerie en mettant en place un gouvernement de transition sous son égide comme elle en a le pouvoir. Persister dans l’immobilisme dans ce conflit qui enfle sans fin la condamnerait à disparaître pour incurie comme la Société des nations à l’issue de la Seconde Guerre mondiale.
Paris, le 8 avril 2018
A l’attention de M. António Guterres, secrétaire général de l’Organisation des nations unies
Monsieur le secrétaire général des Nations unies
Cela fait plus que sept ans que le peuple syrien endure une guerre sauvage qui a coûté tant de morts qu’on ne les compte plus et que plus de la moitié des Syriens ont dû quitter leur maison, leur ville, leur pays détruits. Aujourd’hui encore une fois, nous vous demandons au nom de la haute mission confiée par la communauté internationale à l’Organisation des Nations unies et du rôle qui vous est donné par l’article 99 de la Charte, d’imposer un cessez-le-feu et l’application de la feuille de route de Genève 1 pour arrêter cette guerre.
Nous sommes convaincus que cela est possible immédiatement. L’ONU a été capable d’arrêter la guerre au Kosovo, elle a été capable de libérer le Koweït de Saddam Hussein et nous sommes convaincus qu’elle peut mettre en place en Syrie un gouvernement de transition sous son égide.
Il en va de l’avenir de l’organisation que vous conduisez et dont l’immobilisme actuel l’amènera sans nul doute à disparaître pour incurie comme la Société des Nations à l’issue de la Seconde Guerre mondiale sans qu’aucun organisme international n’ait les moyens de contrer les crimes internationaux qui se banaliseront dans le monde.
Premiers signataires
Abazied Racha, éditrice
Abdelrazak Adnan, journaliste, écrivain
Abdelwahab Alaa, médecin
Abo Hamdan Akram, homme d’affaires
Abu Shkair Eslam, écrivain
Achour Yazid, journaliste, écrivaine
Adei Huzam Zouhour, écrivaine,
Adi Mazen, ingénieur
Adi Mohamed Ghazwan, médecin
Ailabouni Nadia, journaliste
Al Abdallah Hala, cinéaste
Al Adawi Mechal, journaliste, écrivain
Al Aidy Abdel-Aziz, directeur de l’ONG Najda Now
Al Bahra Azza, journaliste, artiste
Al Barqawi Ahmad, philosophe
Al Basha Assem, sculpteur
Al Bounni Anwar, avocat, président du Syrian Center for Legal Studies and Research
Al Bukai Bassam, cardiologue
Al Bukai Diaa, archéologue
Al Bukai Najah, artiste-peintre
Al Choufi Jabr, écrivain
Al Haj Saleh Yassin, écrivain
Al Hassoun Maabad, écrivain
Al Jaramani Khaled, musicien
Al Jaramani Muhanad, musicien
Al Jarrah Nouri, poète
Al Jondi Touhama, journaliste, écrivaine
Al Joundi Darina, actrice, écrivaine
Al Junaidy Maher, écrivain, chercheur
Al Kilani Almoutassim, juriste
Al Koussi Hala, assistante de réalisation (cinéma)
Al Masri Maram, poète
Al Mufleh Ghassan, écrivain
Al Rashi Mohamad, comédien
Al Roumi Meyar, cinéaste
Al Roumi Mohamad, photographe, réalisateur
Al Safadi Akram, architecte
Al Sakal Mohamad Zakariya, écrivain
Al Saleh Hassan, écrivain
Al Shamaa Khaldun, critique littéraire
Al Zazou Thaer, journaliste, écrivaine
Al Zghayare Khouloud, poète, sociologue
Alali Taleb, ingénieur
Ali Ayd, , journaliste, écrivaine
Ali Dino Ahmad, artiste plasticien
Aljabin Ibrahim,Writer
Aljporf Mustafa, Homme d'affaires
Alkatlaby Husam - CEO - Violations Documentation Center VDC
Altawil Jalal, acteur, metteur en scène,
Arnaout Aïcha, poète
Asaad Muna, avocate
Asalieh Nour, sculpteure
Azmeh Jaber, artiste plasticien
Azzam Tammam, artiste plasticien
Bader Yara, journaliste
Badle Khateeb, journaliste, écrivaine
Barazi Ali, traducteur
Bayrakdar Faraj, poète
Berro Mohamed, directeur du Centre syrien d’investigation des opinions (Sada)
Bonni Mamoun, réalisateur
Bulbul Nawar, metteur en scène
Buni Walid, avocat, président du « Centre syrien d’études et de recherches juridiques »
Choukair Ramzi, comédien
Daghestani Malek, journaliste
Darwish Houssam Eddin, enseignant-chercheur
Darwish Mazen, directeur du Centre syrien des médias et de la liberté d'expression (SCM)
Dawa Khaled, sculpteur
Dimachky Mohammad Issam, mouvement Mwataneh
El Masri Walid, artiste-peintre
Fakhreddin Youssef, directeur du Centre syrien République démocratique
Farah Rami, danseur
Garman Shéhérazade, architecte
Garman Wadah, cardiologue
Ghazi Safadi Noura, Avocate
Gozlan Florznce, enseignante
Haj Bakri Khaled, écrivain
Hajbakri Noman, comédien
Haji Golan, poète
Hallak Tawfik, , journaliste, écrivaine
Hamame Alaa, artiste plasticien
Hamsho Assem, photographe
Hawaley Khaldoon, juriste
Hélou Fares, comédien
Hijazi Sulafa, artiste plasticienne
Hilaneh Mnaem, avocat
Homaira Fouad, journaliste, écrivain
Ibrahim Issa, avocat
Intabli Mustafa, ingénieur
Jabbour Doured, médecin
Jalal Ibrahim, artiste-peintre
Jalal Naïssam , musicienne
Jassoume Abir, enseignante
Kaaf Ali, artiste-peintre
Kaddour Omar, écrivain, journaliste
Karame Nada, galeriste
Katt Deeb, metteur en scène
Katt Mwafaq, graphiste d’animation, caricaturiste
Kawakibi Salam, politologue
Kelani Fadwa, poète
Khalifé Moustafa, écrivain
Kowatli Walid, réalisateur
Kussaibi Nazih, professeur agrégé
Kutifan Abdlhakeem, comédien
Maddah Randa, artiste plasticienne
Mahmoud Rustum, écrivain, chercheur
Maksour Abdallah, écrivain
Mardam-Bey Farouk, éditeur
Masoud Maher, écrivain
Matar Farhan, journaliste, écrivain
Mohammad Hala, poète
Mohammad Hussam Eddin, journaliste, écrivain
Mohammad Ossama, réalisateur
Moubaied Samira, écrivaine, chercheure
Moufeed Najem, Critic
Mufarah Mustafa Emad, journaliste
Murad Maria, musicienne
Mussa Saer, metteur en scène
Nassif Burhan, mouvement Mwataneh
Omran Amal, comédienne
Omran Mohammad, sculpteur
Omran Noma, chanteuse lyrique
Osi Hosheng, écrivain
Rahabi Maya, directrice de la société Moussawa
Rahmani Bachar, journaliste
Rahmoun Ali, mouvement Maan
Rifai Rafif, artiste-peintre
Saad Mikhael, écrivain
Saeed Jamal, écrivain
SafadI shada, artiste-peintre
Safi Yasser, artiste plasticien
Sahloul Najwa, maîtresse de conférences Université Jean Moulin-Lyon3
Salameh Youssef, écrivain, chercheur
Sawah Sahban, journaliste, écrivain, rédacteur en chef de Alef
Sawah Wael, écrivain
Shabo Rateb, écrivain
Shalab Alsham Razan, Syrian Emergency Task Force (Ardi)
Sibai Fadel, écrivaine
Sidki Bakr, écrivain
Skaf May, actrice, metteure en scène
Sleiman Samir, ingénieur
Tayyara Najati, écrivain
Yassin Hassan Rosa, écrivaine
Yazbek Samar, écrivaine
Yousef Bassam, journaliste
Zreik Khaldoun, professeur des universités
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