Très belle avant-dernière journée de compétition, dans une édition qui s'avère jusqu'au bout d'une excellente tenue, avec le retour sur la Croisette, après une longue absence, de Catherine Breillat et Wim Wenders.
On était très curieux du retour de la toujours subversive Catherine Breillat, qui n'avait plus tourné depuis 10 ans et cet "Abus de faiblesse" dans lequel elle avait raconté comment, devenue hémiplégique suite à un AVC, elle était tombée dans les griffes de l'escroc Christophe Raucancourt. Curieux aussi de ce qu'elle allait faire de son scandaleux sujet, les amours interdites et transgressives entre une mère de famille, avocate spécialisée dans la protection de l'enfance de son état, et son beau-fils de 17 ans, sujet proche d'un autre film de la compétition, le "May December" de Todd Haynes.
La cinéaste de bientôt 75 ans, qui n'a rien perdu de son mordant, livre avec "L'été dernier" ce qui est peut-être son plus beau film, le plus acéré, le plus frontal, dans sa façon de filmer, dans de très longs plans, la montée d'un désir débordant, d'un plaisir chavirant propre à atomiser l'ordre moral et social, avant que ce dernier ne tente froidement de reprendre le dessus. Un film des plus indécidables et troublants, qui installe aussi Léa Drucker comme une des plus grandes actrices de sa génération, et postulante sérieuse au palmarès demain soir.
De la beauté des toilettes publiques tokyoïtes
On parierait aussi, côté masculin, sur l'interprétation minimaliste et au final bouleversante de l'acteur japonais Koji Yakusho, qui interprète avec grande classe un agent d'entretien des toilettes publiques de Tokyo dans le nouveau film de l'Allemand Wim Wenders, Perfect Days. On n'attendait à vrai dire plus grand-chose de celui qui avait remporté la Palme d'or il y a presque 40 ans avec Paris, Texas, et force est de constater qu'on a été cueilli par ce poème contemplatif et répétitif, portrait sensible d'un personnage mystérieux et opaque, comme il y en a eu beaucoup, cette année à Cannes.
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