

Depuis un mois, les Roumains descendent dans la rue pour dénoncer la corruption qui gangrène leur pays et demander la démission de leur gouvernement. Jamais de telles manifestations n'avaient eu lieu depuis la chute du communisme en 1989. Reportage de Valérie Crova.
Vivien Pertusot (chercheur associé à l’Ifri.), Catherine Durandin (Historienne spécialiste de la Roumanie, professeur émérite à l'Institut National des Langues et Civilisations Orientales (INALCO)).
On dit Laura Codruta Kovesi inflexible. Cette femme de 43 ans est à la tête du Parquet national anti corruption roumain. Depuis sa nomination en 2013, 1270 personnes ont été renvoyées pour corruption dont 3 ministres, 6 sénateurs, 11 députés, 47 maires, 16 magistrats et 21 chefs d'entreprises publiques. Vous l'entendrez dans ce Magazine qui revient sur cette révolte populaire qui a gagné la Roumanie. Depuis début février, des centaines de milliers de personnes se mobilisent contre la corruption. Un mouvement sans précédent depuis la chute de Ceausescu.

La Roumanie a rejoint l'Union européenne en 2007 contre la promesse de tout faire pour s'aligner sur les normes européennes en matière de lutte contre la corruption. Pour ce faire, la Roumanie s'est dotée d'un instrument : la Direction Nationale Anticorruption, qui travaille actuellement sur plus de 2000 enquêtes d'abus de pouvoir.

Liviu Dragnea, le chef de file du Parti Social Démocrate, est la principale cible des manifestants. Il incarne celui qui a voulu affaiblir la lutte anticorruption en voulant faire passer des ordonnances qui ont finalement été abrogées. Si elles avaient été appliquées, ces ordonnances auraient mis fin aux poursuites engagées contre lui et d'autres hommes politiques roumains. Liviu Dragnea est lui même accusé d'emplois fictifs.

Le 31 octobre 2015, un incendie se déclare dans une boite de nuit de Bucarest : Collectiv. Des feux d’artifice ont été tirés sans autorisation pendant un concert de rock. Le feu se propage en quelques secondes. Des dizaines de personnes se retrouvent prises au piège. Il n’y avait qu’une seule porte de sortie, un seul extincteur aussi. 64 personnes perdront la vie dans cette tragédie. Un an plus tard, une page Facebook est créée. Son nom : « la corruption tue ». La page existe toujours.

Cette franco roumaine de 43 ans, mère de 4 enfants, a fondé un parti anti système : l'Union Sauvez la Roumanie qui a obtenu 9% des voix lors des dernières élections législatives de décembre dernier. L'USR a axé sa campagne sur la lutte anti corruption. Clotilde Armand croit en une Roumanie propre.

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