

Les polémiques s’enchaînent en Tunisie, avec notamment une "affaire du bisou" qui a déclenché une controverse sur la surveillance des mœurs et le retour des exactions policières. Reportage de Nadine Epstain autour du droit à l'héritage, là aussi un sujet de société en débat dans le pays.
- Houda Zekri Présidente du collectif "culture, création et citoyenneté"
- Kader Abderrahim Chercheur spécialiste du Maghreb et de l'islamisme
L'affaire fait polémique en Tunisie : un couple mixte, lui français, elle tunisienne, arrêté et condamné pour « atteinte à la pudeur ».
Ils ont été arrêtés après une altercation avec des policiers alors qu’ils étaient enlacés dans une voiture, dans une banlieue huppée de Tunis. Ils sont emprisonnés depuis maintenant un mois, et leurs soutiens demandent l'intervention du chef de l'Etat et sa grâce présidentielle.
Cette "affaire du bisou" concentre un peu tous les problèmes de la justice et de la police, les abus de pouvoir, le non-respect du citoyen et de ses droits, et les atteintes à la liberté individuelle dans le pays.

En parallèle, un autre sujet fait débat actuellement dans la société tunisienne : le droit à l'héritage.
L'égalité homme-femme et en particulier la question de cet héritage fait en effet de nouveau l'objet de discussions politiques, de consultations citoyennes et de plaidoyers.
Le président de la République Béji Caïd Essebsi a proposé une révision du droit de succession, qui donne actuellement à la femme la moitié des parts de l'homme. Lever cette inégalité des 2/3 1/3. Une commission a été chargée de cette question. Cette injustice aux yeux des féministes, et au regard des lois, est donc en débat et devrait déboucher sur un texte qui sera soumis au Parlement. Conscientes d'être les femmes plus émancipées du monde arabe, les Tunisiennes aspirent à obtenir l'égalité totale. Elles ont aussi acquis un poids électoral que tous les partis veulent exploiter. Il s'agit de séduire l'électorat féminin. Le parti Ennahdha s'appuie par exemple désormais sur ses élu-ES pour notamment changer son image de formation politique masculine islamiste conservateur en un parti musulman démocrate libéral.
"Tunisie : et Dieu créa la femme", un reportage de Nadine Epstain, réalisé par Brice Garcia.
A écouter aussi
L’inégalité dans l’héritage a comme conséquence que des femmes peuvent être jetées de la maison familiale si les frères ou le père les contraignent. Pour aider ces femmes en rupture familiale due aussi souvent à des violences domestiques, sexuelles, une loi contre les violences faites aux femmes vient d'être adoptée. Et elle aide aussi les structures qui se sont ouvertes pour accueillir ces femmes qui souvent ont des enfants. Dans une ruelle discrète de la casbah de Tunis, un grand porche, et derrière cette banale porte, un foyer de l’ association Beity, ouvert pour ces femmes en difficultés.

Visite avec la responsable de la structure et Nadine Epstain
"Ces femmes se sentent chez elles, protégées, dans un cadre très contenant et convivial, grâce à l'équipe qui travaille ici."
2 min

- Entretien avec Mehrezia Labidi, membre du Parlement, ancienne Vice-Présidente de l’Assemblée nationale Constituante et Présidente de la commission pour les Femmes au sein de l’assemblée des Représentants du Peuple. Elle est aussi membre du comité exécutif d’Ennahdha en charge des relations avec la Société Civile. Voici ce qu’elle pense de ce droit à l’héritage, en tant que femme et en tant que responsable politique :
"Nous sommes un parti conservateur et réformiste. Et sur le droit à l'héritage, on trouve tous les avis chez nous."
2 min

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