Le G7 s'ouvre aujourd'hui dans un climat tendu à Biarritz. Les 7 dirigeants des pays les plus puissants de la planète se retrouvent pour s'entretenir autour du thème "lutter contre les inégalités."
- Maxime Combes économiste et membre d'Attac France, engagé dans les mobilisations citoyennes autour des grands enjeux environnementaux et énergétiques nationaux et mondiaux
- François Dubet Sociologue, directeur de recherche à l'EHESS
- Christophe Bouillaud professeur de science politique à Sciences Po Grenoble, spécialiste de l'Italie et des questions européennes
- Ludmila Acone Docteure en histoire italienne à l’université Paris 1
- Clément Sénéchal membre de Greenpeace France
Le sommet du G7, qui s’ouvre aujourd’hui, n’aura pas déplacé que des chefs d’Etats. Plus de 13 000 policiers français ont été réquisitionnés pour l’occasion, et des ONG de tous les combats ont affecté leurs équipes à l’animation d’un contre-G7 militant : Oxfam, Coordination SUD, Amnesty International… Toutes ces organisations soulignent l’hypocrisie qu’il y a à organiser un sommet mondial sur les inégalités, patronnés par les « meilleurs élèves » de l’économie mondiale… qui sont en réalité les moins bons élèves des politiques de réduction des inégalités. Depuis les années 1980 et le virage néolibéral de l’économie mondiale, les inégalités ne font en effet que croître au sein des pays développés.
L'universitaire François Dubet tient tout d'abord à préciser :
Quand on parle d’inégalités, de quoi parle-t-on ? L'ordre du jour est très loin de l'expérience que les invités ont des inégalités. Ces inégalités se mesurent à des niveaux hétérogènes. Les inégalités mondiales se sont réduites, alors que celles à l'intérieur des pays se sont creusées, mais pas de la même manière suivant les pays. Le thème général des "inégalités" doit êre décomposé en une série de thèmes, qui ne sont pas de même nature.
Il ajoute :
Le vécu des inégalités est aussi très différent : l'inégal accès au soin est incomparable avec les inégalités internationales. Est-ce que cela signifie que c'est dérisoire de se réunir pour en parler ? Pas forcément. Cela signifie que le capitalisme comprend que les inégalités le menacent.
Clément Sénéchal, porte-parole de Greenpeace France, estime que ce G7 tient du coup médiatique.
Les conditions de participation de la société civile ont été inacceptables. Les rendez-vous de travail ont été annulés... Tout témoigne d'une volonté de tenir à l'écart les ONG. Notre voix est pourtant très connue du Président de la République.
Maxime Combes, économiste et membre d'Attac France, souligne le schisme entre les discours et les pratiques :
Il y a une dichotomie extrêmement forte entre ce qui est annoncé et la réalité des politiques mises en oeuvre. On ne peut pas discuter des inégalités sans avoir tous les pays autour de la table.
Avec Clément Sénéchal, porte-parole de Greenpeace France, François Dubet, le sociologue, professeur émérite à l’université de Bordeaux et à l’EHESS, auteur de plusieurs ouvrages sur les inégalités, et Maxime Combes, économiste et membre d'Attac France.
Extrait sonore : Emmanuel Macron, Assemblée Générale de l'ONU, 25 septembre 2018.
Musique : Mister Milano, "Il buffone".
Italie : tout sauf Salvini ?
Après la démission du président du Conseil Giuseppe Conte ce mardi 20 août, l’Italie est toujours sans gouvernement. Orchestrées par le président de la République, Sergio Mattarella, les consultations se poursuivent pour chercher une solution, attendue pour mardi prochain. Quels scénarios sont-ils alors possibles pour sortir l’Italie de cette crise politique ? Plusieurs options se dessinent, d’une alliance contre-nature entre le Mouvement 5 étoiles de Luigi di Maio avec le Parti Démocrate (centre-gauche) de Matteo Renzi, afin de faire face à la « résistible » ascension de Matteo Salvini, à l’appel aux urnes lors d’élections anticipées pour ce dernier, ou encore la mise en place d’un gouvernement de technocrates.
Le succès électoral de la Ligue aux élections européennes signe l'échec du gouvernement qui vient d'imploser. Matteo Salvini se porte comme le garant de la force nationale italienne vis-à-vis de l'immigration, à cause de l'impression qu'ont les Italiens d'avoir été abandonnés par l'Europe.
Christophe Bouillaud, politologue, remarque que
Salvini est en campagne permanente, enchaînant tous les soirs des meetings dans des salles remplies, ou du moins qui donnent cette impression, parcourant la péninsule inlassablement. Il "fait nouvelle" de façon permanente, et les médias tombent dans le panneau.
Pour Ludmila Acone, historienne, la chute de Salvini néanmoins pourrait être aussi rapide que son ascension.
Certes Salvini est en campagne permanente, mais il se résume à une image. Il a fait de la politique migratoire son cheval de bataille, avec la loi de sécurité par exemple, mais il na pas répondu aux demandes économiques et sociales des Italiens. Il craint les décisions concrètes, car cette image ne va plus suffire.
Christophe Bouillaud précise que
Salvini a fait une politique factice sur l'immigration, alors que les immigrés sont une force de travail nécessaire pour les usines du nord du pays, et que l'Italie perd plus d'habitants qu'il n'y a d'immigration et qu'elle subit un ralentissement démographique inquiétant.
Avec Ludmila Acone, historienne spécialiste de l'Italie ; Christophe Bouillaud, professeur de science politique à Sciences Po Grenoble, spécialiste de la vie politique italienne ; et Alberto Toscano, journaliste, écrivain, correspondant de la radio italienne Radicale.
Extrait sonore : Guiseppe Conte, Sénat Italien, 20 août 2019
L'équipe
- Production
- Production déléguée
- Collaboration
- Collaboration
- Réalisation
- Collaboration