Inaction climatique : la faute à notre cerveau ? / Italie : l'extrême droite en embuscade

Manifestants du groupe Extinction Rebellion, New York 2022
Manifestants du groupe Extinction Rebellion, New York 2022 ©Getty - SPENCER PLATT
Manifestants du groupe Extinction Rebellion, New York 2022 ©Getty - SPENCER PLATT
Manifestants du groupe Extinction Rebellion, New York 2022 ©Getty - SPENCER PLATT
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Comment expliquer la propension du genre humain à détruire les écosystèmes ? L'hypothèse d'une structure cérébrale fait débat. L'Italie renoue avec la crise politique. Ce qui se passe dans la péninsule préfigure-t-il des tendances appelées à se répéter ailleurs en Europe ?

Avec
  • Hortense Chauvin Journaliste spécialisée écologie à "Reporterre"
  • Anna Bonalume Journaliste au magazine italien L’Espresso
  • Sébastien Bohler Docteur en neurosciences et rédacteur en chef de la revue "Cerveau et Psycho".
  • Marc Lazar Pofesseur d’histoire et de sociologie politique, directeur du Centre d’histoire de Sciences Po à Paris

Câblage cérébral et attentisme climatique

Notre maison brûle, et si une minorité d’activistes se montre prête à en découdre avec l’économie carbonée ou à changer de mode de vie, le genre humain donne l’impression de plonger la tête dans le sable, façon Don’t Look Up. Pourquoi ne réagissons-nous pas plus face au réchauffement climatique ?

Les raisons sont sans multiples. Mais deux scientifiques français, proposent une hypothèse : notre cerveau ne serait pas fait pour nous pousser à sauver la planète. Selon eux, des cellules nerveuses logées dans notre striatum nous programment et nous serions victimes de déterminismes biologiques nous poussant à une accumulation et une soif de croissance in fine mortifères.

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"Il s'agit de la plaque tournante d'un réseau qu'on appelle le système de récompense, qui s'active quand nous faisons les actions de bases qui ont permis la survie de l'espèce, seulement ce système ne connait pas de limite" nous explique Sébastien Bohler . Cette proposition scientifique ne fait pas l’unanimité. Pour ses critiques, elle tend à dépolitiser le sujet de l’inaction climatique et risque de nous pousser à un certain fatalisme.

Si la théorie d’un cerveau-destructeur doit être discutée, elle a quoiqu’il en soit un mérite : celui d’étayer le débat essentiel sur notre attitude qui pourrait sembler quasi-irrationnelle tant l’urgence nous appelle. Et de poser des questions stimulantes : peut-on imaginer “recâbler” notre cerveau, refonder nos modes de consommation éminemment anti-écologiques, de manière à désirer en adéquation avec le reste des espèces vivantes ?

A l’heure des solutions technicistes et de la “croissance verte”, la question de notre passion et de notre foi dans les mécanismes qui ont prédominé jusque-là se pose avec sérieux. Mais "c'est tellement plus facile de promettre qu'on trouvera une technologie révolutionnaire" que de remettre en question la croissance, insiste Hortense Chauvin.

Italie : après la démission de Mario Draghi, l'extrême droite en embuscade

L'Italie renoue avec la crise politique. Le Premier ministre italien, Mario Draghi, a démissionné, jeudi 21 juillet, au lendemain d'une folle journée au Parlement qui a vu sa coalition d'unité nationale imploser. Dans la foulée, le président, Sergio Mattarella, a dissout le Parlement, provoquant des élections anticipées. D'après Marc Lazare, "Le président s'est peut-être un peu trop investi pour sauver le gouvernement Draghi et il a un risque de retour de flamme lors des prochaines éléctions".

Alors que la classe politique italienne semble à bout de souffle, un parti progresse dans les sondages et ne cache plus ses ambitions de s’emparer du poste de président du Conseil des ministres ; la formation d’inspiration néo-fasciste Fratelli d'Italia.

On dit souvent que l’Italie est un laboratoire politique à observer de près pour capter des tendances lourdes. Ce qui se passe dans la péninsule peut-il nous renseigner sur des dynamiques appelées à se répéter ailleurs en Europe ? Mario Draghi, ancien président de la Banque centrale européenne, notamment mis à mal par une formation populiste d’un style nouveau, a parfois été comparé à Emmanuel Macron. Néanmoins, "Les élus italiens n'ont pas la probité de leurs confrères français, et si les élections anticipées n'ont lieu que le 25 septembre, c'est que c'est le jour à partir duquel la mandature qui vient de faire tomber Draghi accède à la retraite parlementaire" nous rappelle Anna Bonalume.

"Il y a une recherche en Italie d’une figure autoritaire, d’un sauveur et je pense que Giorgia Meloni essaiera de surfer sur cela", explique Anna Bonalume. Comment définir son parti, Fratelli d'Italia ? Marc Lazar précise : c’est une formation qui vient du néo-fascisme. Il est issu du Mouvement social italien. Est-ce que Fratelli d'Italia est toujours lié à ce mouvement néo-fasciste ? "Il y a un héritage incontestablement lié au fascisme. Il y a un certain nombre de militants nostalgiques de Mussolini, qui se recueillent devant sa tombe, qui aiment bien encore 'lever le bras'... Quand on lit le journal du parti on voit les allusions… Elle veut transformer ce parti en une formation conservatrice, réactionnaire, traditionnaliste et nationaliste." Anna Bonalume rappelle que Meloni sait glisser des clins d’œil à ses militants fascistes, via des allusions discrètes mais limpides pour les avertis, sur ses affiches de campagne.