L’Iran a annoncé son intention de s’affranchir de certaines dispositions du traité nucléaire, suite au retrait américain. Puis nous parlerons du Tour de France qui débute samedi 6 juillet. Comment a évolué cette course emblématique, qui fut la plus appréciée des Français ?
- Béatrice Houchard journaliste
- Olivier Haralambon journaliste et écrivain,ancien coureur cycliste
- Alexandra de Hoop Scheffer Senior vice-présidente pour les questions géopolitiques au German Marshall Fund of the United States
- Fereydoun Khavand Spécialiste des relations économiques internationales et de l'Iran, ancien maître de conférences à l'Université de Paris-V
Iran, Etats-Unis : la guerre des nerfs
Que va devenir l'accord sur le nucléaire iranien ? Signé en juillet 2015 à la suite d'âpres négociations entre les Etats-Unis (de Barack Obama), la Chine, la France, l'Union Européenne, l'Iran, l'Allemagne, la Grande-Bretagne et la Russie, ce dispositif était censé lever les sanctions économiques américaines contre un certain nombre de conditions pour l'Iran : arrêter la production d'uranium enrichi (la matière première de l'arme atomique), abandon des deux tiers des centrifugeuses, et visites régulières de l'Agence internationale de l'énergie atomique.
Mais depuis le 5 mai 2019, la situation s'est largement détériorée. Avec le déploiement dans les eaux du golfe Arabo-Persique du porte-avions américain Abraham Lincoln et de plusieurs bombardiers, l'administration Trump bombe le torse contre ce qu'elle considère être "des signes et des avertissements inquiétants" du côté iranien. S'en suit une série d'attaques, le 13 juin, contre des pétroliers, et le 20 juin, contre un drone américain. Pour Alexandra de Hoop Scheffer, politologue spécialiste des USA et directrice du bureau parisien du German Marshall Fund :
Depuis 1 an et demi, on constate cette escalade extrêmement violente entre l'Iran et les Etats-Unis. Mais il y a un intérêt partagé entre Iraniens et Américains de ne pas avoir une guerre
Avec sa diplomatie de l'instinct, et bien accompagné de ses "faucons", le Secrétaire d’Etat, Mike Pompeo et John R. Bolton, conseiller à la Sécurité nationale, Donald Trump explique (sur Twitter), avoir annulé in extremis des frappes de représailles : Selon plusieurs médias américains, le président des Etats-Unis aurait cependant lancé plusieurs cyberattaques contre des systèmes de lancement de missiles et un réseau d'espionnage iraniens. Dans ces conditions : comment analyser cette guerre des nerfs ? Les Européens semblent pris en étau entre la ligne dure venant de Washington, et la pression iranienne sur les partenariats commerciaux. Fereydoun Khavand, économiste et spécialiste de l'Iran analyse le départ récent des entreprises françaises, installées depuis l'accord sur le nucléaire dans le pays, malgré la possibilité donnée par l'Europe de rester sur place via le mécanisme INSTEX.
Le problème, c’est que les entreprises n’acceptent pas les ordres donnés par les autorités européennes. Total, par exemple, a quitté l’Iran parce qu’elle a des activités très implantées aux USA. L’Europe n’a pas les moyens pour faire pression sur ces firmes.
Avec Fereydoun Khavand, économiste, spécialiste des relations internationales et de l’Iran, et Alexandra de Hoop Scheffer, politologue spécialiste des USA et de relation transatlantique, directrice du bureau parisien du German Marshall Fund, auteur de Hamlet en Irak (CNRS, 2007).
Le Tour de France est-il toujours populaire ?
C'est le grand départ ! La 106e édition du Tour de France a démarré ce week-end , avec les deux premières étapes en Belgique, samedi 06 et dimanche 07 juillet. La course emblématique a une saveur particulière cette année, puisque l'on fête les 100 ans du célèbre maillot jaune, vêtement qui honore le cycliste premier au classement général.
Avec son siècle d'histoire, le Tour fait partie des compétitions les plus regardées au monde avec, aujourd'hui, une diffusion sur plus de 80 chaînes dans 190 pays. Qu'en est-il en France ? L'année dernière, l'édition a été suivie par 33,4 millions de téléspectateurs, selon les chiffres de Médiamétrie, contre 35,8 millions en 2017, marquant la plus faible audience depuis 2008. Pour Béatrice Houchard, journaliste et auteure de "Le Tour de France et la France du Tour" (Calmann Lévy), le Tour fait partie du patrimoine.
C’est beaucoup plus qu’une compétition cycliste. Il y a la nostalgie de l’enfance, l’ambiance des vacances. Pour moi, on ne peut pas parler de baisse de la popularité, mais plutôt d'une légère perte d’intérêt pour la course elle-même.
La "Grande boucle" fait-elle encore rêver ? Et surtout, pour quelles raisons ? Un sondage Odoxa réalisé en 2016 indiquait en effet que pour 43% des Français qui regardaient la course à la télévision, il s'agissait surtout pour eux d'admirer "le patrimoine et les paysages". Le rapport à la performance a aussi beaucoup évolué depuis les "forçats de la route" d'Albert Londres, en 1924. C'est ce que constate Olivier Haralambon, philosophe et ancien coureur cycliste, auteur de "Mes coureurs imaginaires" (Premier Parallèle) :
Là où les coureurs visaient, dans un col, un au-delà ou l’inconnu, aujourd’hui, les professionnels gèrent leur corps comme un capital. Aujourd’hui ils gèrent, hier ils sacrifiaient.
Avec l'arrivée de sponsors conséquents, et d'une compétition qui s'est professionnalisée - ayant aussi comme conséquences, les cas de dopage répétés - le Tour de France est-il encore populaire ?
Avec Olivier Haralambon, écrivain, philosophe et ancien coureur cycliste, auteur de Le coureur et son ombre (Premier Parallèle, 2017) et de Mes coureurs imaginaires (Premier Parallèle, 2019), et Béatrice Houchard, journaliste, auteure de Le tour de France et la France du tour (Calmann Lévy, 2019).
Musique : Joao Gilberto, "Disse Alguem" (All of Me) (1981)
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